Suède: Une sage-femme opposée à l'avortement victime de discrimination
Une sage-femme suédoise se voit dans l’impossibilité d’exercer son métier après qu’elle eut refusé de pratiquer des avortements pour raisons de conscience.
La clinique de Hoglandssjukhuset, au sud de la Suède, a engagé Ellinor Grimmark en novembre 2013 en tant que sage-femme. La direction de l’établissement l’a cependant licenciée quelque temps plus tard, à cause de ses opinions anti-avortement, rapporte le 4 janvier 2016 l’agence d’information américaine Catholic News Agency (CNA). La fervente chrétienne a vécu la même expérience quelques mois plus tard dans une autre clinique. La direction lui a signifié que le fait d’assister des procédures d’avortements faisait partie de son cahier des charges.
Ayant lancé une procédure pénale pour licenciement abusif contre son premier employeur, la clinique Hoglandssjukhuset, la professionnelle de santé a été désavoué par le tribunal du district de Jonkoping . La cour a statué fin 2015 que les sages-femmes devaient être psychologiquement en mesure de pratiquer des avortements, parce que les pouvoirs publics ont «l’obligation de s’assurer que les femmes peuvent accéder efficacement aux IVG» et parce que les employeurs le demandent.
Une décision contraire au droit international?
S’appuyant sur la décision de justice, une autre clinique suédoise a refusé, en janvier 2016, d’engager Ellinor Grimmark. La professionnelle de santé se considère victime de discrimination. «Les droits relatifs à l’objection de conscience sont explicitement reconnus dans la législation internationale», à laquelle est soumis le droit suédois, souligne à CNA Ruth Nordstrom, l’avocate de la sage-femme. Elle note que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) défend explicitement le droit d’objection de conscience dans les cas de croyances religieuses ou morales sincères.
Ellinor Grimmark remarque que jusqu’à présent, les établissements hospitaliers suédois trouvaient des arrangements avec le personnel réticent à participer à des avortements. Mais la politique des décideurs semblent avoir changé depuis quelque temps. La controverse survient à un moment où la Suède connaît une pénurie importante de sages-femmes.
Ellinor Grimmark travaille actuellement en Norvège. L’hôpital pour lequel elle offre ses services a écrit une lettre en sa faveur aux autorités suédoises, expliquant notamment que son refus de pratiquer des avortements n’avait jamais posé de problèmes, ni pour ses collaborateurs, ni pour les patientes.
La sage-femme a fait appel de la dernière décision de justice et a annoncé qu’elle ira, si nécessaire, jusque devant la CEDH. (cath.ch-apic/cna/rz)