Le pape François à la cathédrale de Lund, entouré de l'évêque Munib Younan, président de la Fédération luthérienne mondiale (FLM)et du révérend Martin Junge, secrétaire général de la FLM | © Church of Sweden/Magnus Aronson
Vatican

Suède : La renaissance des catholiques suédois

Les catholiques suédois, visités par le pape François le 1er novembre 2016 au cours de son voyage pontifical en Suède, représentant 190’000 personnes soit environ 2% de la population. Ils constituent une communauté très dynamique dans  ce pays fortement sécularisé: le nombre de catholiques est en augmentation constante depuis plusieurs années, provoquant une renaissance de l’Eglise après une histoire multiséculaire.

La mission catholique en Suède remonte au VIIIe siècle, avec l’arrivée du moine saint Ansgar. Il est probable qu’à cette époque vivaient déjà un petit nombre de chrétiens dans le pays, esclaves ou commerçants d’autres pays.

Mais ce n’est pas avant le XIe siècle que l’on peut qualifier la Suède de pays chrétien. En 1164, l’Eglise catholique y est organisée en province ecclésiastique. Une cathédrale y est bâtie à Uppsala sur les reliques du roi martyr Erik (1125-1160). L’Eglise est alors florissante et de nombreuses congrégations s’établissent en Suède : les cisterciens au XIIe siècle, puis les dominicains et les franciscains au XIIIe siècle, et surtout les brigittines.

Mère de huit enfants, sainte Brigitte (1303-1373) vécut dans la pauvreté après la mort de son mari. Elle fonde un couvent à Vadstena, qui devient le pôle spirituel du pays. Connue pour ses prophéties et ses révélations mystiques, elle est consultée par les chefs d’État et les papes réfugiés à Avignon.

Eglise nationale

La Suède demeure un pays catholique jusqu’au début du XVIe siècle. Endetté par la guerre, le roi Gustave Vasa décide en 1527 de transférer à la couronne les propriétés de l’Eglise. L’évêque Hans Brask de Linköping est exilé et les relations avec Rome sont rompues. Le roi devient le chef de l’Eglise nationale luthérienne de Suède. Les institutions catholiques sont fermées, ainsi que les monastères : les brigittines sont expulsées de Vadstena en 1595.

A partir de 1617, il est interdit aux citoyens suédois d’appartenir à l’Eglise catholique, sous peine de mort. Une loi de 1686 stipule que tous les citoyens suédois doivent professer la foi luthérienne. Ceux qui refusent sont bannis, même si les catholiques étrangers sont tolérés. La fille du roi Gustave II, Christina, abdique de son trône en 1654 afin de se convertir à la foi catholique, causant un grand scandale dans le pays.

En 1781, un édit du roi Gustave III autorise les catholiques étrangers à pratiquer leur religion, mais il est toujours interdit de se convertir. En 1783, le pape Pie VI envoie un Français, Nicolas Oster, pour installer un vicariat apostolique en Suède.

Une centaine de conversions par an

Un siècle plus tard, en 1873, la loi d’exil est assouplie : les catholiques sont au nombre de 1’000 en Suède, mais leurs droits civiques sont réduits. Les discriminations durent jusqu’en 1951 : avant cette date, les catholiques n’ont pas le droit d’exercer certains professions comme enseignant, infirmière ou médecin.

Sous le pontificat de Pie XII, le premier évêché du diocèse de Stockholm est érigé. La Suède accueille dans les années 1970 de nombreux catholiques étrangers, du fait d’une forte immigration de Polonais, Tchécoslovaques, Latino-américains, pour atteindre plus de 110’000 fidèles en 2015. La persécution des chrétiens en Irak et en Syrie a également fait affluer de nombreux catholiques du Moyen-Orient. Le premier évêque d’origine suédoise est nommé par Jean Paul II en 1989.

Depuis quelques années, les statistiques enregistrent une centaine de conversions au catholicisme par an, venues du protestantisme. En juin 2016, le pape François a aussi canonisé sainte Elisabeth Hesselbad (1870-1957), une brigittine issue du luthéranisme, et fondatrice de la congrégation de religieuses du Très Saint Sauveur.

Dans ces dernières années, l’Eglise catholique s’est trouvée engagée notamment sur deux fronts: celui de la famille, surtout depuis que la Suède a voté en 2009 une loi sur le mariage ›sexuellement neutre’. En 2010 s’est tenu en Suède le Congrès des familles organisé par la Conférence des évêques scandinaves. Les évêques ont également souligné à plusieurs reprises l’importance du dimanche, pour le culte, le repos et la prière. Une lettre pastorale a été proposée aux Suédois.

Le pape François est le deuxième pontife à se rendre en Suède, après Jean Paul II qui fit étape à Stockholm, Uppsala, Vadstena et Linköping en juin 1989. Vingt-cinq ans plus tard, en souvenir de ce voyage, la Suède a été consacré au Coeur immaculé de Marie.  (cath.ch-apic/imedia/ap/mp)

Le pape François à la cathédrale de Lund, entouré de l'évêque Munib Younan, président de la Fédération luthérienne mondiale (FLM)et du révérend Martin Junge, secrétaire général de la FLM | © Church of Sweden/Magnus Aronson
1 novembre 2016 | 08:52
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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