La basilique Ste Sabine à Rome estLa basilique Ste Sabine à Rome est une des 'stations' du carême (photo wikimedia commons Fczarnowski CC BY-SA 4.0)
Vatican

Les stations du carême, une tradition multiséculaire à Rome

Le pape François ouvre les quarante jours de carême, le 1er mars 2017, en se rendant sur la colline de l’Aventin, à Rome pour célébrer la messe des cendres à l’église Sainte-Sabine. Il s’agit là de ce que l’on appelle une ›station’, ou pèlerinage dans les différentes églises de la Ville éternelle lors des grands temps liturgiques. Retour sur cette tradition multiséculaire.

C’est sous le pontificat de Grégoire Ier (590-604), que furent créées les stations du carême. Choisi par les Romains pour mettre un terme à la décadence ecclésiale, le pontife désigna certaines églises de Rome comme des églises-stations, dans lesquelles un cérémonial plus solennel était effectué chaque jour du carême.

A l’origine, ces stations ne s’appliquaient pas à tous les fidèles de l’Eglise catholique romaine. Mais à ceux qui avaient commis des crimes, et se voyaient infliger cette pénitence publique par l’Eglise. Le mercredi des cendres, par exemple, les criminels devaient se présenter devant l’église, pieds nus, couverts par un sac. On entendait d’abord leur confession, puis on leur donnait un cilice, tunique ou ceinture rugueuse, voire métallique. De la cendre était mise sur leur tête, et ils étaient aspergés d’eau bénite. Chacun avait une pénitence en fonction de la gravité de son crime. S’ensuivaient des chants, des prosternations pour expier le crime.

Le pèlerinage aux sept églises 

Disparues au 14e siècle avec la papauté d’Avignon, les stations réapparurent au 16e siècle, grâce à saint Philippe Néri (1515-1595). Fondateur des Oratoriens, il est l’un des saints les plus populaires de Rome. Il mit alors en place un pèlerinage passant par sept basiliques de Rome, en s’inspirant de cette tradition séculaire. De simple parcours personnel pour prier sur les reliques des martyrs et des saints, il en fit un véritable cheminement spirituel et historique pour inciter à la conversion et replonger les chrétiens dans les premiers siècles du christianisme. Pour les jeunes en premier lieu, auxquels se joignirent ensuite des milliers de personnes, et jusqu’au pape lui-même.

Après une nouvelle éclipse, les stations ne réapparurent que très tardivement, aux 19e et 20e siècle sous l’impulsion des papes Léon XIII (1878-1903) et Jean XXIII (1958-1963), qui permirent à cette tradition de perdurer jusqu’à nos jours.

Habituellement, chaque église-station indiquée au missel romain est reconnaissable au laurier et au buis disposés à son seuil, en écho à l’entrée du Christ à Jérusalem le jour des Rameaux. Dans certaines églises de Rome comme Sainte-Marie-du-Trastevere ou Saint-Jean-des-Florentins, les fidèles peuvent également obtenir des indulgences dites stationnales, en faisant la démarche appropriée. (cath.ch/imedia/gc/mp)

La basilique Ste Sabine à Rome estLa basilique Ste Sabine à Rome est une des 'stations' du carême (photo wikimedia commons Fczarnowski CC BY-SA 4.0)
1 mars 2017 | 16:30
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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