Saint-Maurice le 22 septembre 2017. Fête de la Saint-Maurice. | © B. Hallet
Suisse

St-Maurice: Rallumer la flamme de la foi

Pour la première fois un cardinal africain a présidé la fête de saint Maurice dans la cité d’Agaune le 22 septembre 2017. L’archevêque de Ouagadougou, Mgr Philippe Ouedraogo, a invité à renouveler la flamme du légionnaire Maurice et de ses compagnons, nos ancêtres dans la foi.

L’abbaye et la cité de St-Maurice avaient revêtu leurs décors de fête pour la célébration de leur patron. Comme chaque année la messe et la procession des reliques ont attiré une foule nombreuse et recueillie. Face à une basilique comble, le cardinal Ouedraogo a commencé par un proverbe africain en langue moré «ce qui appartient au marigot, appartient au caïman». Une manière originale de dire que le martyre de Maurice et de ses compagnons de la légion thébaine appartient à toute l’Eglise, y compris l’Eglise famille du Burkina Faso.

Saint-Maurice le 22 septembre 2017. Fête de la Saint-Maurice. Le Cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou. | © B. Hallet

«On ne naît pas saint, on le devient, malgré nos fragilités , nos doutes nos peurs», a poursuivi le cardinal. La fête de saint Maurice nous invite à rallumer la flamme de nos ancêtres dans la foi. Au IIIe siècle, les martyrs de la légion thébaine eurent le courage de contester les injonctions de l’empereur et refusèrent de massacrer des chrétiens. Dans un monde où trop de sociétés vivent sans Dieu, le cardinal burkinabé a invité à aller à contre-courant de la pensée unique «qui défend des non-valeurs, poisons mortels pour notre foi, notre Eglise et notre monde». «Ne laissons pas les reliques traverser la ville sans nous laisser transformer intérieurement. Soyons sans cesse en route vers le ciel, notre mère-patrie», a conclu le cardinal.

La solennité de la célébration a impressionné le cardinal

Derrière les trois châsses portées pour la première fois non plus par les chanoines eux-mêmes, mais par les membres de la confrérie saint Candide, la procession s’est ensuite ébranlée dans les rues de la cité. Fanfare en tête, les chanoines étaient suivis de nombreux représentants des autorités civiles et militaires et délégués des localités placées sous le patronage de Maurice, en Suisse, en France et en Italie voisines. Avec leurs fusils emmanchés d’une baïonnette et leurs bicornes, les grenadiers, accompagnés d’une escouade de gardes suisses aux longues hallebardes, formaient la garde d’honneur.

A l’arrivée sur la place du Parvis, avant la bénédiction finale, les participants ont encore prié pour le monde et pour ses dirigeants. Une dernière occasion aussi pour le cardinal Ouedraogo de remercier l’Abbaye d’avoir associé l’Eglise d’Afrique à cette célébration dont la solennité l’a impressionné.

Dans une petite leçon de calcul, le Père Abbé Jean Scarcella, a relevé, lors du repas de fête, que 2017 marquait l’année de la plénitude. 2+0+1+7=10 soit le chiffre qui symbolise la totalité en Dieu. Rappelant opportunément, entre le fromage et le dessert, que nous ne sommes que des pèlerins sur cette terre.


La confrérie Saint-Candide

Pour la première fois cette année, les précieuses châsses du Moyen-Age contenant les reliques des martyrs de la légion thébaine ont été portées non pas par les chanoines, mais par huit laïcs, membres de la nouvelle Confrérie Saint-Candide, du nom d’un des compagnons de saint Maurice.

Saint-Maurice le 22 septembre 2017. A l’issue de la messe, les châsses sont emmenées en procession par la Confrérie Saint-Candide. | © B. Hallet

«Pour le jubilé du 1500e, des laïcs avaient été sollicités pour porter la châsse de l’église St-Sigismond», explique un des confrères, Pascal Dorsaz. Les chanoines vieillissants avaient besoin d’être épaulés. L’idée a germé alors de former un groupe d’hommes chargés de cette tâche. C’est ainsi qu’est née la confrérie qui a pour unique but d’apporter ce service de manière efficace et digne lors de la procession.

Les châsses elles-mêmes, construites sur une âme de bois, ne sont pas très lourdes. Mais avec le brancard, consolidé par des étais métalliques, le poids de l’ensemble est de 25 à 30 kilos. Elles sont portées à deux ou à quatre.

«Nous avons aussi discuté de la tenue. Comme nous sommes des laïcs, nous ne voulions pas porter d’aube ou de vêtement liturgique. En outre nous voulions que l’attention du public se porte sur les châsses et non pas sur nous et nos costumes.» Les confrères portent donc une redingote mordorée dont le tissage rappelle le gaufrage des chasses ouvragées. C’est à la fois élégant et sobre.

«Avec la bénédiction que nous avons reçue hier, nous nous réjouissons de pouvoir rendre ce service de nombreuses années», conclut l’habitant de St-Maurice.


Le marché monastique

Depuis quelques années, un marché monastique est lié aux célébrations de la saint Maurice. Une trentaine de monastères et de congrégation de Suisse, mais aussi d’autres pays d’Europe, y proposent leurs produits, des livres aux icônes, en passant par le savon, les biscuits ou la bière. Le marché est encore ouvert samedi de 10h à 18h et dimanche de 10h à 16h. (cath.ch/mp)

Saint-Maurice le 22 septembre 2017. Fête de la Saint-Maurice. | © B. Hallet
22 septembre 2017 | 18:01
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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