Accord de cessez-le-feu au Soudan du Sud signé le 12 janvier 2020 sous l’égide de la communauté Sant’Egidio, à Rome | © www.santegidio.org
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Soudan du Sud: accord de paix sous l’égide de Sant’Egidio

Un cessez-le-feu doit entrer en vigueur le 15 janvier 2020 à minuit au Soudan du Sud, pays dévasté par une sanglante guerre civile entre partisans du président Salva Kiir et ceux du vice-président Riek Machar luttant pour le pouvoir et le partage des richesses du pays.

Cet arrêt des combats a été acté dimanche 12 janvier sous l’égide de la communauté Sant’Egidio, à Rome.

Plusieurs centaines de milliers de morts

Le gouvernement sud-soudanais a signé, le 12 janvier 2020, un accord de cessez-le-feu avec l’Alliance de l’opposition du Soudan du Sud (Ssoma), ainsi qu’une feuille de route pour consolider l’unité du pays et la réconciliation, après un conflit qui a causé plusieurs centaines de milliers de morts.

La sanglante lutte pour le pouvoir et le contrôle des ressources, notamment le pétrole, se déroule sur fond de rivalité ethnique et  culturelle: d’un côté les Dinkas (ethnie de Salva Kiir, élevé dans la religion catholique) et de l’autre les Nuers (ethnie de Riek Machar, élevé dans la religion presbytérienne).

La Déclaration de Rome signée  au siège de la Communauté de Sant’Egidio «réunit pour la première fois tous les partis politiques du pays», souligne l’organisation catholique souvent présentée comme un acteur diplomatique agissant en parallèle avec le Vatican.

Reconstruire la confiance

Paolo Impagliazzo, secrétaire général de Sant’Egidio, a remercié l’ensemble des participants pour les efforts déployés. Le document, a déclaré l’Italien, est le résultat de nombreuses journées de travail mais aussi de l’engagement de Sant’Egidio au cours de ces dernières années pour faciliter le dialogue politique au Soudan du Sud, un pays né officiellement le 9 juillet 2011, après une longue guerre contre Khartoum.

Les trois piliers de l’accord sont les suivants: un engagement «solennel» à la cessation des hostilités à compter du 15 janvier minuit; l’engagement à discuter et à évaluer ensemble – avec Sant’Egidio – les mécanismes permettant de résoudre les divergences; la garantie pour les organisations humanitaires de pouvoir travailler dans le pays au soutien de la population civile.

L’intervention décisive du pape François

«Le cessez-le-feu est nécessaire pour reconstruire la confiance et l’espérance dans notre peuple», a affirmé Barnaba Marial Benjamin, envoyé du président Salva Kir. «Nous avons suivi l’invitation du pape François à mettre de côté les différences et à chercher ce qui unit, la méthode qui a également inspiré la Communauté de Sant’Egidio». Il a poursuivi en indiquant que «pendant ces derniers jours de rencontre entre Soudanais-du-Sud il a été possible de reconnaître l’histoire commune qui nous unit».

Il s’agit d’une signature «sans aucune condition préalable» et avec l’engagement de travailler à la construction d’une paix durable avec le gouvernement et les autres signataires. C’est ce qu’affirme Pa’gan Amum Okiech, porte-parole du Ssoma, pour lequel le mérite de l’accord revient au pape François.

Le moment «d’apprendre de nos erreurs»

Pa’gan Amum Okiech et Barnaba Marial Benjamin ont tous deux adressé leurs plus vifs remerciements au pape François pour l’attention qu’il porte au Soudan du Sud. Ils ont rappelé la retraite spirituelle organisée au Vatican au mois d’avril 2019 ainsi que le geste très fort du pontife, qui s’était agenouillé devant Salva Kiir et Riek Machar, les suppliant de se réconcilier.   

«Ce geste de baiser les pieds à l’occasion de notre visite au Vatican, en avril 2019, nous a inspirés et son appel à la prospérité et à la fraternité pour la nouvelle année est un rêve qui se réalise», a poursuivi le porte-parole. «Le moment est arrivé de mettre fin aux hostilités et d’apprendre de nos erreurs. Ce processus devra inclure tout le monde».

Le chef politique de l’opposition a déclaré avoir signé la Déclaration de Rome sur le processus de paix au Soudan du Sud car elle prévoit que les protagonistes affronteront ensemble «les racines des problèmes qui ont mené le pays à la guerre», tel que la corruption. Okiech s’est dit heureux que tous – du Mouvement de libération du peuple soudanais du Sud à l’opposition (Splm-Io) ainsi que le Mouvement national démocratique (Ndm) – aient participé à la rencontre. (cath.ch/be)

Près de 2 millions de personnes au bord de la famine

Quelque 7,6 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire au Sud-Soudan, selon le Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires de l’ONU (OCHA). Le conflit brutal a laissé d’énormes séquelles et continue d’avoir un terrible coût humain. Un nombre record de six millions de personnes sont confrontées à une famine aiguë au Sud-Soudan, dont 1,7 million sont au bord de la famine. Plus de deux millions de Sud-Soudanais ont fui les violences vers les pays voisins depuis 2013, tandis que près de deux autres millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays. Des civils continuent d’être tués, la violence sexuelle reste une menace répandue et les enfants risquent d’être recrutés de force. JB

Accord de cessez-le-feu au Soudan du Sud signé le 12 janvier 2020 sous l’égide de la communauté Sant’Egidio, à Rome | © www.santegidio.org
15 janvier 2020 | 14:42
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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