Soleure: le synode des saints Nicolas
Incarner le grand Saint Nicolas à l’occasion de sa fête le 6 décembre n’est pas donné à tout le monde. Dimanche 24 novembre, une vingtaine de ‘Samichlaüse’ de Suisse alémanique sont venus à Soleure demander une bénédiction à leur ‘confrère’ l’évêque auxiliaire de Bâle, Mgr Josef Stübi.
Avec kath.ch
Ce n’est pas si souvent qu’une vingtaine d’évêques, tous portant mitre et crosse et surtout une longue barbe blanche, se retrouvent à la cathédrale de Soleure. C’était le cas le 24 novembre 2024 pour les ‘Samichlaüse’. Ils étaient venus, accompagnés de leurs pères fouettards, se placer sous la protection et la bénédiction de leur patron saint Nicolas de Myre. L’histoire ne dit pas où ils avaient garé leurs ânes.
Saint Nicolas depuis 44 ans déjà
«Seize saints Nicolas ont participé à la cérémonie de bénédiction en grande tenue épiscopale, les quatre autres avaient adopté le manteau rouge à capuche du Père Noël», a raconté à kath.ch Markus von Arx. Agé de 65 ans, il est saint Nicolas depuis 44 ans à à Wangen bei Olten! Et il a du galon comme vice-président de la communauté d’intérêts Saint-Nicolas Suisse, organisatrice de la manifestation.
Son rôle est bien plus que folklorique: «J’aime faire plaisir aux gens en tant que saint Nicolas, notamment lors de visites dans les maisons de retraite». «Malheureusement, seuls vingt ‘Samichlaüse’ ont pris le chemin de Soleure, alors qu’ils sont probablement 2 à 3’000 en Suisse», se désole-t-il un peu. Ils avaient sans doute trop à faire.
Une procession solennelle
C’est au cours d’une procession solennelle, accompagnée de sons archaïques des sonnailles d’alpage ainsi que ‘d’Iffelen’ colorées (lanternes en forme de grandes mitres épiscopales) et de deux ânes, que l’impressionnant cortège des saints Nicolas, ‘Schmutzlis’ (pères fouettards), pages et servantes ainsi que l’évêque auxiliaire Josef Stübi sont entrés dans la cathédrale Sts Ours et Victor. Dans la vieille ville, passants et enfants ont été étonnés par ce remue-ménage. Pendant que dans l’église, enfants et parents attendaient sagement l’arrivée de leur patron.
L’évêque auxiliaire Stübi a motivé les ›Samichläuse’
«Enfant, je me suis toujours réjoui de voir Saint-Nicolas, mais en même temps j’avais peur du Schmutzli», a rappelé Josef Stübi. Plus tard j’ai moi-même joué saint Nicolas pendant trois ans dans mon village natal de Dietwil, dans le Freiamt (AG). En tant que saint Nicolas, je n’étais pas sévère avec les enfants, mais je me concentrais toujours sur leurs qualités. J’étais souvent très touché émotionnellement après une telle visite dans une famille». Evoquant l’amour du prochain, l’évêque a encouragé les saints Nicolas et leurs accompagnants à apporter par leur visite lumière, joie et espoir à tous. A la fin de la célébration, Mgr Stübi a aspergé toutes les personnes présentes à grands coups d’eau bénite. »La Saint-Nicolas est tout simplement une belle coutume qui doit être entretenue», a déclaré l’évêque auxiliaire à kath.ch.
Après la sortie solennelle de la cathédrale et la photo de groupe obligatoire, les ‘Sammichläuse’ ont encore dû poser pour de nombreuses photos souvenir. Avant enfin de prendre un peu de repos autour d’un café et de ‘Grittibänz’ (bonhommes en pâte) puis de reprendre la route pour leur lointain voyage. (cath.ch/kath.ch/mp)
Une légende ancienne
La fête de la Saint-Nicolas se rattache à la célébration religieuse du 6 décembre, telle que fixée par le calendrier liturgique catholique. Prenant de l’ampleur et quittant le cadre strictement religieux au fil des temps, elle met en scène saint Nicolas de Myre dont la légende s’est répandue au Moyen-Age dans toute l’Europe orientale.
Lors des célébrations, saint Nicolas récompense les bons comportements des enfants en les gratifiant de cadeaux ou de friandises, souvent assisté d’un père fouettard compagnon à l’allure menaçante, qui est chargé de punir ceux qui n’ont pas été sages.
Nicolas de Myre, appelé aussi Nicolas de Bari, est un évêque grec actif en Asie mineure (aujourd’hui en Turquie) au IVe siècle. Là où l’histoire reste assez lacunaire, la légende lui apporte de nombreux faits merveilleux dont celles de la résurrection de trois enfants, tués et mis au saloir par un boucher cruel. Pour certains, le père Fouettard ne serait personne d’autre que ce fameux boucher. Dans une autre légende, le saint évêque sauve de la prostitution trois jeunes filles en les dotant généreusement.
La Saint-Nicolas est toujours fêtée dans un grand nombre de pays d’Europe, parmi lesquels: l’est de la France, l’Allemagne, la Suisse, le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, la Russie, la Pologne, la Croatie, l’Autriche, sans parler des pays slaves… MP