Sœur Isabel: la religieuse artiste
Sœur Isabel Bachmann est une religieuse atypique. Membre de la congrégation des sœurs de l’Œuvre de St-Augustin, elle est une artiste polyvalente. Rencontre dans son atelier à St-Maurice.
Texte: Claude Jenny/Grandir – Photos: Valentine Brodard
«Déjà enfant, j’ai toujours aimé peindre», se souvient Sœur Isabel Bachmann. Cette Schwytzoise d’origine a commencé par un apprentissage de fleuriste. Un art dans lequel elle excelle, elle qui confectionne depuis des lustres les superbes arrangements floraux qui ornent la basilique de St-Maurice. Une activité qu’elle cultive toujours et affectionne mais, parallèlement, elle s’est découverte une forte envie de pratiquer la peinture. Elle aurait logiquement dû se diriger vers une école de beaux-arts, mais voilà qu’une autre vocation l’a appelée à porter le voile.
Dessinatrice plutôt que typographe
A l’époque, l’Œuvre de St-Augustin, est une grosse imprimerie et les sœurs apprennent le métier de typographe. «Je ne me voyais pas être «typo». J’ai suivi des cours de dessin académique à Lausanne et Paris et je me mettais au service de l’imprimerie en réalisant des dessins pour animer les publications» explique-t-elle. Depuis un bout de temps, il n’y a plus d’imprimerie à St-Augustin. Mais les responsables de l’œuvre ont d’emblée compris qu’il fallait laisser un espace de création à disposition de leur consœur.
L’atelier de Sœur Isabel se situe depuis quelques années dans deux petites pièces du sous-sol du bâtiment commercial. C’est son royaume. Elle s’y rend presque quotidiennement pour peindre. «Je participe évidemment en priorité à la vie de ma communauté, mais je consacre un maximum de temps à la peinture».
Appelée ailleurs
Aucune œuvre de Sœur Isabel n’est visible publiquement à St-Maurice. Une absence bien regrettable mais qui ne l’affecte pas. Nul n’est prophète… Par contre, nombre de ses œuvres sont visibles ailleurs! Par exemple, dans son village natal de Freienbach. Ou encore à Monaco où elle a décoré la chapelle de l’école catholique avec une œuvre géante de 38 mètres de long! La religieuse a participé à de multiples expositions en Suisse et à l’étranger.
Le Covid a hélas freiné les contacts et les rencontres entre artistes, ce qu’elle regrette, même si elle en accueille dans son petit atelier pour vivre de magnifiques échanges. Aujourd’hui, les expositions sont virtuelles: ce sont des reproductions d’œuvres de l’artiste qui sont projetées sur des écrans géants dans des grands pôles artistiques du monde entier. Ainsi Sœur Isabelle peut-elle montrer ses toiles exposées à Zurich via le canal du Swiss Artboxproject à New York ou ailleurs. Bien sûr, elle aimerait vivre les rencontres avec le public et les autres artistes qu’impliquent des expositions en présentiel. Son sens du contact la pousse à la rencontre. Pour elle, son voile est tout sauf un obstacle!
Un apostolat par le pinceau
Les œuvres de Sœur Isabel sont éclectiques. Souvent elle s’inspire de textes bibliques, comme celui de la femme adultère de St-Jean qu’elle affectionne. Mais elle cultive son art dans toutes les directions: elle peint des personnages célèbres, des animaux, etc… Elle laisse libre court à son imagination féconde et à cet enthousiasme qui l’habite. Elle exprime sa foi et la création au travers de ses œuvres, comme inspirée par l’Esprit Saint. C’est sa manière de vivre son apostolat et de mettre son talent au service de l’art, religieux notamment.
Et lorsqu’elle ne peint pas, qu’elle ne prépare pas un arrangement floral, que peut encore faire cette artiste? De la musique! Son instrument préféré est la cithare. Point étonnant qu’elle peigne notamment des portraits de grands musiciens! Quand talent et vie intérieure se conjuguent, il ne peut en résulter que du beau!
«Une œuvre ne ressemble jamais à l’idée que j’avais dans la tête au départ. Elle évolue. Et à la fin c’est souvent la surprise!», explique la sœur avec sa bonne humeur communicative. (cath.ch/cj/bh)
Cet article a été publié dans le numéro d’octobre-novembre de la revue Grandir