Colère des survivants des camps de la mort
Slovaquie: Les propos de Mgr Sokol sur l’Etat fasciste de Mgr Tiso fâchent juifs et tziganes
Bratislava, 5 janvier 2007 (Apic) Mgr Jan Sokol, archevêque de Trnava, en Slovaquie, a suscité une vague de protestations en présentant sous un jour favorable la période de l’Etat fasciste slovaque dirigé pendant la guerre par Mgr Jozef Tiso (1887-1947).
Ce dernier, président de l’Etat autonome de Slovaquie (1939-1945) allié aux nazis, a été condamné à mort et exécuté en 1947 pour crimes de guerre. Sous son régime, près de 70’000 juifs slovaques ont été déportés, principalement vers les camps de la mort.
Dans une interview à la télévision publique TA3, Mgr Sokol a estimé que sous le régime totalitaire présidé par Mgr Tiso «la prospérité régnait ici, rien ne nous manquait même si la guerre était là à cette époque». Il a également dit son appréciation pour Mgr Tiso, car sous son mandat, la situation de la pauvreté en Slovaquie s’est «grandement améliorée».
La Fédération centrale des juifs en Slovaquie s’est dite «outrée» par les propos conciliants de Mgr Sokol à l’égard du président slovaque de l’époque, qu’une partie de l’Eglise catholique et les milieux nationalistes souhaitent réhabiliter. La communauté juive relève que Mgr Sokol a omis de mentionner que le régime fasciste slovaque a livré la majorité des juifs du pays vers les camps de la mort nazis en Pologne, principalement à Auschwitz, Majdanek et Sobibor.
Le président de l’association des communautés Roma de Slovaquie, Ladislav Richter, a qualifié dans une lettre ouverte les propos de Mgr Sokol de «cyniques». Les tziganes, roms et sintis ont eux aussi été déportés vers les camps de la mort. Des prisonniers politiques, notamment des communistes, avaient également été livrés aux nazis.
«Propos faussement interprétés»
Un porte-parole du diocèse de Bratislava-Trnava a rejeté ces reproches, les qualifiant de sans fondements. Il a déclaré que les propos de Mgr Sokol avaient été «faussement interprétés». Et de souligner que l’archevêque rejette «toute forme de violations des droits de l’homme» qui ont eu lieu durant le totalitarisme slovaque.
Déjà par le passé, Mgr Sokol a été critiqué pour son attitude à l’égard de Tiso. Il avait ainsi pris part en octobre dernier à la présentation d’une biographie qui présentait le prélat comme un «chrétien droit». (apic/kna/bbc/be)