Douze ans de prison pour viol requis contre Gabriele Martinelli
Le procureur du Vatican, Roberto Zannotti, a requis 8 ans de prison, contre Gabriele Martinelli, pour délit de viol aggravé et 4 ans pour actes de luxure aggravés. Etant donné que l’accusé était mineur au moment des faits, la quotité de la peine pourra être réduite de moitié. Quatre ans ont été requis pour complicité contre l’ancien recteur du petit-séminaire, Mgr Enrico Radice.
Une nouvelle audience du procès du petit séminaire Saint Pie X a eu lieu, le 15 juillet 2021, au Vatican. Elle a été consacré aux réquisitions du procureur, en présence des deux accusés, le Père Gabriele Martinelli, et Mgr Radice, rapporte l’agence romaine zenit.
Délit de viol aggravé
Le promoteur de justice, Roberto Zannotti, a requis 8 ans d’emprisonnement, pour Gabrielle Martinelli pour le délit de viol aggravé conformément à l’article 47 du Code pénal. Il a réclamé en sus 4 ans d’emprisonnement, pour actes de luxure aggravés selon les termes du deuxième chef d’accusation. Ces peines seraient cependant réduites de moitié, étant donné que l’accusé, né en 1992, était mineur à l’époque des faits (2007 – 2012). Au total, le prêtre risque ainsi 6 ans de prison.
Pour le procureur Zannotti, Martinelli s’est rendu coupable de véritables «actes de violence», envers son camarade. Sa victime, LG, a décrit différents types de harcèlement caractérisés par un crescendo. Dans ce contexte, Martinelli a manifesté une emprise qui l’a conduit à abuser de son camarade. Il usait pour cela à la fois de chantages, de menaces et de fausses promesses. Martinelli aurait ainsi promis à LG de lui octroyer des rôles importants dans le service liturgique des messes papales en échange de faveurs sexuelles. «C’est plus que honteux, cela me semble un blasphème», a tonné le procureur, réfutant clairement l’idée qu’il s’agissait seulement d’une «affaire entre jeunes».
Pas de consentement
Le procureur Zannotti a également rappelé les témoignages sur l’autorité de Martinelli au petit séminaire et sur sa relation privilégiée avec le recteur Radice. Il a rappelé aussi l’histoire personnelle et familiale de LG.
La notion de consentement, n’était absolument pas là quand LG était mineur , ni après ses 18 ans. «Le consentement ne doit pas être confondu avec la participation à l’acte.» De même, la crédibilité de LG. ne peut pas être invalidée par le fait qu’il n’a parlé que tardivement: «C’est le ressort classique: il a peur, il a honte, il essaie en 2009, mais le résultat est contre-productif», c’est-à-dire que Mgr Radice l’a attaqué alors verbalement.
Le recteur s’est obstiné à dissimuler les faits
La réquisition contre Mgr Radice, accusé de complicité, est de 4 ans d’emprisonnement. Selon le procureur, son comportement est encore plus grave que les violences sexuelles, par son obstination à dissimuler des faits évidents pour tous. «Toute l’activité de Radice à partir de 2009 visait à couvrir Martinelli», comme en témoigne la fausse lettre avec laquelle il a tenté de faire accélérer l’ordination diaconale de Martinelli. Même si le droit canon prévoit ne pas le crime de complicité de violence sexuelle, cette peine lui semble justifiée.
Un processus d’abus de pouvoir
Pour l’avocat de la victime, sa personnalité valide sa crédibilité. Si le garçon n’a jamais été explicite dans ses accusations, c’est parce qu’il était «poli, fragile, honteux». Il craignait d’être stigmatisé comme homosexuel par la communauté du petit-séminaire et, surtout, d’être expulsé et renvoyé chez lui.
Selon l’avocat, ce n’est pas tant l’homosexualité de Martinelli qui est le centre de la question, mais sa volonté de puissance. Il s’agit de «l’exercice violent d’un sujet puissant et arrogant, qui avant de satisfaire sa libido, voulait assouvir sa soif de pouvoir». Un pouvoir lui venant d’une «relation malsaine» avec le recteur. «Cette histoire raconte l’échec de petites communautés fermées, imperméables à l’extérieur », qui favorisent « les abus de pouvoir », a souligné l’avocat.
Vengeance contre le recteur?
L’avocate de Mgr Radice a estimé de son côté que rien n’a été mis en évidence contre son client. Elle a rappelé sa carrière « sans tache » et « toujours en contact avec les garçons». Elle a insisté sur son rôle de «contrôle pendant la nuit» pour les garçons du petit-séminaire. Selon elle, la disposition des locaux: portes vitrées, murs en placo-plâtre, salles de bains communes, chambres multiples, ne permet pas d’imaginer que des actes si fréquents avec refus verbal et physique, n’aient jamais été détectés en six ans.
Toutes les accusations, lettres et rumeurs de LG et d’autres témoins sont parties après son expulsion. L’avocate parle de «vengeance». Elle a demandé acquittement de Mgr Radice. Pour elle, il est difficile d’imaginer une condamnation avec un tel manque de preuves sans violer le principe du doute raisonnable. Le procès doit se poursuivre le 16 juillet avec la suite des plaidoiries. (cath.ch/zenit/mp)