Sion: une Maison de la Diaconie «qui ne stigmatise pas»
La Maison de la Diaconie et de la Solidarité en ville de Sion, recevait la presse dans ses locaux le 21 octobre 2020. Les plus fragiles peuvent s’y faire servir, cinq jours par semaine, un repas pour 5 francs et, c’est nouveau, une aide médicale et juridique «dans un lieu ouvert et qui ne stigmatise pas», précise Joëlle Carron la responsable du lieu.
«Le café ›Verso l’Alto’ est avant tout un lieu de vie où les gens passent pour un café ou un repas, quelle que soit leur situation. Cet endroit ›déstigmatise’ beaucoup car il est ouvert à tous et il permet un renouvellement», résume Joëlle Carron, responsable de la récente Maison de la Diaconie et de la Solidarité. Tablier aux couleurs du «Verso l’Alto» bien ajusté, elle explique à cath.ch la vocation du lieu tout en préparant des raclettes et en faisant tourner les assiettes pour un complément de pommes de terre ou de cornichons.
Quelques minutes plus tôt, elle répondait aux questions des journalistes en compagnie de Mgr Jean-Marie Lovey, évêque du diocèse de Sion, de l’abbé Pierre-Yves Maillard, vicaire général, et du diacre protestant Mario Giacomino. Une conférence de presse était organisée dans le restaurant de la Maison de la diaconie pour l’inauguration du lieu, initialement prévue fin mars mais renvoyée en raison de la crise sanitaire du printemps.
Un accompagnement et une écoute
«Ce n’est pas seulement un endroit où les personnes en situation de précarité ou fragilisées par la vie viennent boire le café ou partager un repas avec les clients de passage», précise Joëlle Carron, que l’évêque de Sion a nommée déléguée épiscopale à la diaconie. Ainsi, poursuit-elle, ces personnes ne viennent pas en rasant les murs. Ils paient 5 francs leur repas sur place et se retrouvent dans la société avec les clients de passage. Héritière en droite ligne de l’Hôtel-Dieu, la Maison de la Diaconie collabore en effet avec l’Etat et les associations caritatives. Ceux qui passent la porte de l’établissement de la rue de Lausanne trouveront aussi, cinq jours sur sept, un accompagnement à travers une écoute et une aide dans les domaines médical et juridique.
Dans le cadre de l’association «Un soin juste», une infirmière propose, à travers une évaluation médicale, une orientation dans le système hospitalier et un soutien administratif. Originalité du projet: l’infirmière consulte dans une ancienne ambulance réaménagée à cet effet. Les personnes en situation de précarité reçoivent des soins de base. L’idée est de proposer, à moyen terme, une présence dans différentes régions du canton.
Une aide juridique
Par ailleurs, plus d’une vingtaine d’avocats, juristes et étudiants en droit ont, entre juin et septembre, rejoint le nouveau Réseau valaisan d’aide juridique solidaire. Les uns et les autres accompagnent les personnes en difficulté ou les migrants dans des démarches administratives parfois compliquées. «Ce n’est pas une permanence pour une aide ponctuelle. On parle ici de suivi des cas», insiste Joëlle Carron.
L’endroit est également propice à la formation pour ceux qui donnent de leur temps: la Maison de la diaconie tourne avec des bénévoles qui s’occupent notamment du service à l’Alto Verso. «Ce bénévolat permet l’insertion sociale de plus de 60 jeunes retraités, de migrants ainsi que de personnes en rétablissement psychique», souligne la responsable du lieu. Les jeunes ont été impliqués dans le projet. Des étudiants en droit, en soins infirmiers, ou des futurs professionnels du social auront la possibilité de compléter leur formation en venant se mettre au service des plus démunis. «Une occasion pour eux de se sensibiliser à la réalité de la précarité, souvent méconnue du grand public».
Un projet œcuménique
Mario Giacomino, diacre protestant rappelle que la création de la Maison de la Diaconie s’inscrit dans la lignée de nombreuses œuvres diaconales œcuméniques qui ont vu le jour en Valais. Il cite, entre autres, les Tables du Rhône, l’accueil œcuméniques d’accueil des réfugiés (GOAR) et l’association Accueil Hôtel Dieu, d’où est issue la Maison de la Diaconie et de la Solidarité.
Financièrement, la Maison a pu voir le jour grâce à la Fondation Casa Juan Diego – elle perpétue l’œuvre du Père Gabriel Carron à Santa Fe, en Argentine – qui a pu acheter le café et l’appartement de fonction qui y est rattaché. «Les recettes de la location du Verso l’Alto permettent de soutenir l’œuvre du Père Carron en Argentine, tandis que celle-ci offre les moyens d’une nouvelle forme de mission ici en Valais», relève l’abbé de son côté Pierre-Yves Maillard.
«Une tâche prioritaire dans l’Eglise«
Le lieu fait partie du Service diocésain de la Diaconie réactivé par l’évêque de Sion en juin 2017, dans le sillage de l’Année sainte de la miséricorde, promulguée par le pape François en 2015. «Plusieurs activités se sont déployées, souvent de manière œcuménique, notamment la Fondation valaisanne pape François», rappelle le vicaire général du diocèse.
«L’attention aux petits, aux pauvres, aux exclus de la société restera une tâche prioritaire dans l’Eglise, ajoute Mgr Jean-Marie Lovey. La diaconie c’est le service du frère pauvre, service de la Charité. On oublie parfois que c’est le cœur de l’Evangile». L’évêque de Sion a béni la Maison dans l’après-midi en présence des participants.
«Ici, se retrouve un monde qui se situe ›sous le tapis’, où le travail est absent, et qui est passé à travers les mailles du filet social. Mais chacun peut y trouver une conversion. Professionnelle pour les uns, humaine pour les autres», explique Joëlle Carron, alors que les bénévoles s’activent à servir les convives dans la salle à manger qui a remplacé la salle de presse improvisée. (cath.ch/bh)
A l’heure où nous publions l’article, le Conseil d’Etat valaisan a renforcé les mesures sanitaires en lien à la propagation du coronavirus. Les rassemblements publics et privés sont limités à 10 personnes et les restaurants doivent fermer à 22h. «Dès le 22 octobre, l’Hôtel Dieu fera des repas à l’emporter jeudi et vendredi. Nous serons en mesure de fournir des repas dès le 2 novembre, après notre semaine de vacances», rassure Joëlle Carron.