Sion: un petit trésor de grande valeur
Le diocèse de Sion a prêté, à long terme, au Musée d’Histoire du Valais une trentaine d’objets formant le trésor de la cathédrale. Ils sont exposé du 25 mars au 10 septembre 2017, au centre d’expositions Le Pénitencier, à Sion. Ces objets forment un petit trésor mais d’une grande valeur par les pièces uniques qu’il recèle.
«Le petit reliquaire est une pièce exceptionnelle. C’est très émouvant de pouvoir admirer un objet qui vient de si loin», relève Pierre-Yves Maillard, vicaire général du diocèse de Sion. La pièce a également la faveur de Patrick Elsig, directeur du Musée d’histoire du Valais. Le reliquaire, de taille modeste mais très bien conservé, date du 8e siècle et fut commandé par l’évêque d’Althée, alors que Charlemagne n’était pas encore empereur. Il trouve sa place parmi la trentaine d’objets liturgiques, calices, ostensoirs, mitres mais aussi des tableaux qui seront exposés au Pénitencier à Sion.
Des pièces exceptionnelles
Patrick Elsig est plutôt fier d’annoncer «une petite exposition mais de très grande valeur, comportant des pièces uniques tant par leur rareté que leur état de conservation». Il fait mention de la pièce maîtresse de l’exposition: la grande châsse-reliquaire de la cathédrale, la plus ancienne en Suisse, datant du 11e siècle. «Certains musées du Moyen-Age à travers le monde ne rechigneraient pas à accueillir de telles pièces, dont certaines de niveau international», précise-t-il. Ces objets liturgiques couvrent une période allant du Moyen-Age au 20e siècle, où certains d’entre eux étaient encore utilisés, telle une urne en bois du Chapitre cathédral.
Interpellé sur la valeur d’un tel trésor, le directeur des musées cantonaux n’a pas souhaité répondre, «par principe et par mesure de sécurité». Et d’insister sur la valeur patrimoniale et historique du trésor prêté par le diocèse.
Contextualisation du trésor
Avec les reliquaires est expliquée la problématique du culte des reliques au Moyen-Age, puis sa contestation par la réforme protestante. Parallèlement aux tableaux et aux reliquaires, les objets de culte sont regroupés dans la reconstitution d’une armoire de sacristie. Leur utilisation est illustrée et expliquée au moyen d’une borne interactive. «Il s’agissait de monter cette exposition avant leur départ à la réserve», explique Patrick Elsig, qui ne dispose pas suffisamment de place pour une exposition permanente. Ces objets confiés à long terme au Musée d’histoire du Valais restent la propriété du Chapitre cathédral et du diocèse de Sion.
Préserver le patrimoine religieux du diocèse
L’évêque a contacté les Musées cantonaux l’année dernière pour faire part de la volonté de leur confier ce trésor. Comme le diocèse ne dispose ni des compétences ni des structures adéquates pour conserver ce trésor dans les meilleures conditions, l’évêque a souhaité le confier au Musée d’histoire du Valais.
Le vicaire général y voit la chance, d’une part, d’assurer la bonne conservation d’un tel patrimoine religieux et, d’autre part, de pouvoir le mettre à disposition du grand public, qui ne l’aurait jamais vu autrement, le musée de l’évêché étant fermé depuis longtemps. Les pièces ont été transférées au Musée d’histoire du Valais en décembre 2016.
Citant Jean Paul II dans sa lettre aux artistes, Pierre-Yves Maillard rappelle que l’Eglise a besoin de l’art pour «transmettre le message que le Christ lui a confié et rendre perceptible et même autant que possible, fascinant le monde de l’esprit, de l’invisible, de Dieu». Le vicaire général estime que les artistes et les croyants sont invités à collaborer étroitement dans un esprit «d’enrichissement spirituel réciproque».
Un trésor à la croisée du monde et de Dieu
Peut-on parler d’évangélisation? Le vicaire général acquiesce. «Le beauté de ce trésor, à la croisée entre le monde et Dieu doit être préservée et doit se donner au public», insiste-t-il. Une Eglise en sortie pour, dit-il, «que ces œuvres d’art réjouissent le cœur des visiteurs, et témoignent du destin indissolublement lié de la culture et de la foi dans ce canton». Il souhaite que ces œuvres incitent aussi à la prière et à la louange les croyants et les pèlerins. A la sortie de l’exposition, une phrase questionnera les visiteurs sur la manière dont ils auront vu ces objets. Objets sacrés, objets de musée ou artefacts ? A chacun d’y apporter sa réponse.
Pascal Ruedin, directeur des Musées cantonaux valaisans se réjouit en constatant que ce trésor témoigne de la continuité historique qui unit les musées cantonaux et l’Eglise depuis 130 ans. L’Eglise aura prêté, soit ponctuellement soit à long terme, environ 400 pièces aux musées cantonaux depuis 1883.
«Trésors de cathédrale»
Une exposition du Musée d’histoire du Valais. Du 25 mars au 10 septembre 2017. Le Pénitencier, centre d’expositions des Musées cantonaux. Rue du Château 24, Sion. Du mardi au dimanche, de 11h00 à 17h00 (18h00 de juin à septembre). Adultes: 8.– chf; Réduit: 4.– chf; Familles 16.– chf. (cath.ch/bh)