Sion le 27 janvier 2016. Foyer du collège des Creusets.
Anne et Marco Mayoraz, responsables de la pastorale de la famille du diocèse de Sion. (Photo: B. Hallet)
Suisse

Sion: Le Festival des familles, de génération en génération

Avec cette édition 2016, le Festival des familles de Sion souffle 20 bougies. Anne et Marco Mayoraz, à l’origine de l’événement diocésain, racontent à Cath.ch l’histoire de ce festival, né en 1997, fruit «de rencontres et d’une réflexion». Retour sur un événement intergénérationnel qui a su évoluer et s’adapter au fil du temps.

A un Genevois goguenard qui lui demandait si «ce n’était pas toujours les mêmes qui venaient au festival», Marco Mayoraz répondit du tac au tac qu’il voyait toujours autant de poussettes d’une année à l’autre. «J’ai vu une maman avec ses deux enfants l’année dernière. Elle avait huit ans lors de la première édition, en 1997. En voyant arriver la deuxième génération, je me suis dit que le pari était gagné», se réjouit Anne Mayoraz. «Il n’est pas exceptionnel de croiser les trois générations d’une même famille», témoigne Marco. Le collège des Creusets devient, l’espace d’une journée, «Le» lieu du diocèse où les familles se retrouvent.

Un concept

Le concept de ›Festival’ s’est imposé tout de suite. «Cela résumait bien l’idée à laquelle nous avions pensé: Une fête ouverte, des stands, des rencontres en toute convivialité en présence de l’Eglise sans que ce soit une obligation», relève le couple. Ils se lancent dans le projet, mettent en place les structures pour le premier «festival des familles» en 1997. «Nous n’avions aucune idée de la fréquentation de cette première, ni s’il y aurait une suite. Nous espérions au moins aller jusqu’en l’an 2000. Et comme la fin du monde n’a pas eu lieu, nous avons continué», sourit Marco Mayoraz.

 

Sion, collèges des Creusets. Mgr Norbert Brunner salue les enfants à l'issue de la messe des familles. (Photo: DR) Sion, collèges des Creusets. Mgr Norbert Brunner salue les enfants à l’issue de la messe des familles. (Photo: DR)

 

«Vingt ans, c’est quand même un bail!», s’exclame Anne Mayoraz. Avec son mari Marco ils n’ont pas eu d’illumination un matin au déjeuner pour créer l’événement. «Cela s’est fait petit à petit. Ce festival est le fruit de rencontres et d’une réflexion», explique Marco Mayoraz. Le festival trouve, en fait, ses racines en 1992, lors de la création de la pastorale de la famille, au terme d’un triennat de réflexion initié par Mgr Henri Schwery, alors évêque de Sion.

Le couple est appelé à prendre les rênes de ce nouveau service diocésain à l’issue de la grande fête qui célèbre au Centre d’exposition et de réunions de Martigny (CERM). «Il s’agissait de coordonner les différents mouvements pour la famille et le couple et de les faire connaître. Nous avions également pour mission de faire l’état des lieux de la promotion pour la famille dans le diocèse», détaille Anne Mayoraz. Trois ateliers de réflexion s’attellent à la tâche dès 1992. La préparation au mariage, l’accompagnement des familles et des couples et des couples divorcés constituent les trois axes de réflexion. En parallèle, les prêtres et agents pastoraux sont impliqués dans la réflexion. «L’évêque était très présent et très impliqué tout au long du processus. Dans le fond, cette pastorale de la famille est née dans le cœur de Mgr Schwery», résume Anne Mayoraz.

 

Saint-Maurice, 2000. Les festival des famille s'est délocalisé. L'expérience ne sera pas renouvelée pour des raisons logistiques. Mgr Norbert Brunner et Mgr Joseph Roduit (arrière plan). (Photo: DR) Saint-Maurice, 2000. Les festival des famille s’est délocalisé. L’expérience ne sera pas renouvelée pour des raisons logistiques. Mgr Norbert Brunner et Mgr Joseph Roduit (arrière plan). (Photo: DR)

 

Comment rassembler les familles?

Le couple réfléchit à la création d’un événement fédérateur. «Nous cherchions un moyen de rassembler les familles en Eglise, à travers un événement convivial, libre, de façon à ce que chacun puisse y trouver sa place», se souvient Anne. «D’autant que nous avions recueilli des témoignages enthousiastes de parents revenant de la montée vers Pâques organisée au Simplon», ajoute son mari. Les familles avaient témoigné en effet de la joie de se retrouver, de nouer des contacts et surtout de réaliser qu’elles n’étaient pas seules «sur leur chemin d’Eglise». C’est la clé de la réflexion.

«En voyant arriver la deuxième génération, je me suis dit que le pari était gagné»

Un lieu, enfin

En 1995 Mgr Norbert Brunner est nommé évêque. Il installe les Mayoraz au Foyer des étudiants Les Creusets à Sion. Tout devient clair pour le couple. Le collège et ses infrastructures présentent en effet tous les avantages pour y organiser l’événement auquel ils pensent depuis quelques temps. Un espace ouvert loin de la circulation, l’aula du collège pour les conférences, le hall pour accueillir les stands. Il y a la cuisine qui permettra de restaurer les convives et la salle de gymnastique, «la cathédrale des familles» comme la surnomme Mgr Brunner, pour y célébrer la messe. «Le lieu a rejoint notre intuition. Tout était là, autour de nous, pour accueillir cette fête». Ils montent leur projet et vont le soumettre à l’évêque qui part «au quart de tour». «Il a été enthousiaste!» s’exclame Anne Mayoraz.

«En même temps que d’accueillir les familles, l’idée était de mettre en avant les différents mouvements et associations au service du couple et de la famille en les associant au festival. Nous voulions les fédérer autour du projet sans pour autant concurrencer leurs événements», analyse Anne Mayoraz. «Nous avons tablé sur la complémentarité», ajoute Marco.

Une «Eglise en sortie» avant l’heure

Le 19 mars 1997, environ 600 personnes viennent au collège des Creusets à la rencontre des mouvements, pour assister à une conférence et pour la messe de clôture. La décision est prise le soir même, de renouveler l’expérience l’année suivante. «Ce n’est pas tant la fréquentation mais les témoignages reçus le jour même et par la suite, qui nous ont motivés à rééditer l’événement», explique Marco. L’intuition à l’origine du projet était la bonne. Les participants se sont rendus compte que l’Eglise, à travers la présence des mouvements et des services pastoraux, avait quelque chose de concret à leur offrir. Les témoignages sont enthousiastes sur ce ‘festival’ qui a permis aux uns et aux autres de se retrouver en toute convivialité en Eglise. Était-ce, dès 1997, cette «Eglise en sortie», du pape François? «Oui, sans vraiment le savoir, c’est ce que nous avons fait», convient Anne Mayoraz.

«Ce festival est le fruit de rencontres et d’une réflexion»

Des innovations

Dès la deuxième édition, 800 personnes se retrouvent au festival. La fréquentation ira croissant d’année en année. La moyenne se situe actuellement entre 1’500 et 2’000 visiteurs. L’événement diocésain fête ses 10 ans en 2006 en présence du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon. Le comité pense alors à faire évoluer la formule, dans le souci «de ne pas faire du sur place». Bernard Broccard, le vicaire général, a l’idée de mettre en place la «ronde» des secteurs. Une nouveauté consistant à mettre en avant un secteur chaque année, qui sera l’invité d’honneur. Il en sera de même pour un des mouvements présents sur le festival.

Le temps a passé et les «petits» des premières éditions sont devenus des adolescents qui rechignent à suivre leurs parents dans un événement qui n’est plus adapté pour eux. Suite aux témoignages de parents, le comité crée, en 2011, le « Festiv’ado ». Un temps et un lieu réservé aux adolescents au cœur du festival avec des rencontres et des activités qui leurs sont dédiées.

 

Sion, 2006. Collège des Creusets. Mgr Philippe Barbarin, archevêque de Lyon est invité pour les 10 ans du festival. "C'est génial ce que vous faites", a-t-il lancé aux Mayoraz. Le Festival des familles de Lyon naît deux ans plus tard. (Photo: DR) Sion, 2006. Collège des Creusets. Mgr Philippe Barbarin, archevêque de Lyon est invité pour les 10 ans du festival. «C’est génial ce que vous faites», lance-t-il à Anne et Marco Mayoraz. Le Festival des familles de Lyon naît deux ans plus tard. (Photo: DR)

Un festival qui a essaimé

«C’est génial ce que vous faites!», lance aux Mayoraz le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, lorsqu’ils lui présentent le festival, en vue de l’inviter à la 10ème édition. De fait, le Primat des Gaules viendra avec le couple responsable de la pastorale de la famille du diocèse de Lyon «pour voir ce que vous faites». Mgr Barbarin lancera le festival des familles à Lyon deux ans plus tard.

Plus proches, Bertrand George, diacre dans le diocèse LGF, et sa femme souhaitaient lancer un festival des familles sur le canton de Fribourg. Ils ont à leur actif 20 ans de participation active à l’organisation d’un tel événement au sein de la communauté du Verbe de Vie, en France. Ce festival des familles, destiné à toutes les communautés, durait cinq jours.

«Nous étions porteurs d’un projet qui lierait un ressourcement spirituel en famille et une messe à travers un temps festif», explique Bertrand Georges. «Il nous fallait l’adapter à la dimension diocésaine et le ramener sur une journée, poursuit-il. Nous nous sommes donc tournés vers Anne et Marco Mayoraz». De cette rencontre naît le premier festival des familles, en 2014, à Romont. Suivra l’édition 2015, à la paroisse Saint-Paul, à Fribourg. «L’expérience de Sion a encouragé à développer le festival des familles du diocèse LGF», conclut le diacre.

 

Sion, collège des Creusets lors de l'édition 2012. L'événement attire entre 1'500 et 2'000 personnes chaque année. (Photo: DR) Sion, collège des Creusets lors de l’édition 2012. L’événement attire entre 1’500 et 2’000 personnes chaque année. (Photo: DR)

 


Une journée dense

Mgr Jean-Marie Lovey présidera la messe des familles. Une 20e édition riche attend les visiteurs. «Cette année, tous les secteurs sont invités!», lance Marco Mayoraz. Une table ronde a été organisée sur le thème de l’après synode. Les jeunes retrouveront leur «Festiv’ados». Quantités d’activités, entre autres, trampoline, tours à dos d’âne, châteaux gonflables, attendent les plus petits.  (cath.ch-apic/bh).

Sion le 27 janvier 2016. Foyer du collège des Creusets. Anne et Marco Mayoraz, responsables de la pastorale de la famille du diocèse de Sion.
6 mars 2016 | 10:54
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 6  min.
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