«S'il y avait une ouverture de la Chine, le pape s'y rendrait direct»
S’il existait une «ouverture de la part de la Chine», le pape François s’y rendrait «immédiatement», a affirmé le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin aux journalistes, en marge d’une conférence à Rome, le 20 juin 2024. Le numéro 2 du Vatican a assuré que le Saint-Siège travaillait à l’amélioration de l’accord – sous le feu des critiques – concernant la nomination des évêques en Chine continentale.
«Nous dialoguons depuis un certain temps», a confié le ›premier ministre’ du Saint-Siège, interpelé par la presse sur l’état des relations entre la Chine et le Saint-Siège. Et d’expliquer : «Nous cherchons à trouver de meilleures procédures pour l’application de l’accord qui a été signé […] et qui sera renouvelé à la fin de cette année».
Accord toujours controversé
La signature de cet accord sur la nomination des évêques en Chine en 2018 a marqué un rapprochement significatif entre Rome et Pékin. Mais cet accord, dont les termes sont restés secrets, reste à ce jour controversé, certains observateurs n’hésitant pas à juger qu’il n’avait pas servi les intérêts des chrétiens chinois.
Le pape François «a vraiment une très grande appréciation – et ne rate pas une occasion de l’exprimer – à l’égard du peuple chinois, de la nation chinoise», a aussi assuré le cardinal Parolin, expliquant l’intérêt du pontife argentin par son héritage jésuite – congrégation qui a évangélisé la Chine.
Depuis le début de son pontificat, le pape assume un rapprochement de l’Église catholique avec la Chine de Xi Jinping, malgré des relations complexes et parfois tendues. A la dernière audience générale, il a rendu publiquement hommage au peuple chinois «noble et si courageux, qui a une si belle culture».
«Tous ces pas aident à se comprendre toujours plus et à se rapprocher toujours plus», a souligné le secrétaire d’État, formulant le souhait «que ce chemin puisse conduire à une conclusion positive».
Un voyage en Chine prématuré
Quant à un éventuel voyage du 266e pape en Chine, le cardinal Parolin a estimé que la perspective était prématurée même si François «est disponible […] et désire aller en Chine». «S’il y avait une disponibilité et une ouverture de la part de la Chine, le pape irait tout de suite», a-t-il ajouté.
Le cardinal Parolin présentait à l’université Urbaniana de Rome un ouvrage sur le cardinal Celso Costantini (Il Cardinale Celso Costantini e la Cina – Costruttore di un ponte tra Oriente e Occidente, de Mgr Bruno Fabio Pighin, éditions Marcianum Press). Le cardinal italien fut l’un des artisans du Concilium Sinense, premier et unique synode de l’Église catholique en Chine, aussi connu comme le ’Synode de Shanghaï’, dont l’Église fête le centenaire cette année (1924).
Le but de cet événement souhaité par le pape Benoît XV dans sa lettre apostolique Maximum Illud (1919), et advenu au printemps 1924, était d’accélérer l’autonomie et la pénétration dans la société chinoise d’une Église alors entièrement dirigée par des missionnaires étrangers, et de la soustraire à l’influence des puissances étrangères.
Le Saint-Siège a organisé le 21 mai dernier un séminaire auquel a participé notamment Mgr Joseph Shen Bin, président de la conférence épiscopale chinoise (pour l’heure non reconnue par le Vatican) et évêque de Shanghaï. Dans un message vidéo envoyé aux participants à ce séminaire, le pape François avait insisté sur l’importance pour les Chinois d’être «en communion avec l’évêque de Rome» afin de pouvoir véritablement contribuer au bien non seulement de la société chinoise, mais plus largement, à une «coexistence sociale des peuples». (cath.ch/imedia/ak/gr)