Mgr Anders Arborelius, évêque de Stockholm, explique la démarche de la Conférence des évêques nordiques | Capture-écran
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Sexualité: «Beaucoup pensent que l'Église ne parle que d'interdiction»

Récemment, la Conférence des évêques nordiques – Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède – a publié un texte remarqué concernant l’enseignement traditionnel de l’Église sur la sexualité et pour défendre l’altérité homme-femme. Reconnaissant que «beaucoup sont perplexes» devant le discours de l’Église, ces évêques appellent à redécouvrir «la nature sacramentelle de la sexualité dans le plan de Dieu, la beauté de la chasteté chrétienne, et la joie de l’amitié».

Condamnant «toute forme de discrimination injuste, aussi celle fondée sur le genre ou l’orientation sexuelle», les évêques nordiques expriment toutefois leur désaccord quand le mouvement politique et culturel actuel «met en avant une vision de la nature humaine qui fait abstraction de l’intégrité corporelle de la personne, comme si le genre physique était un pur accident». Ils protestent par ailleurs «quand cette vision est imposée aux enfants».

Cette lettre pastorale, d’abord lue dans les paroisses du Nord de l’Europe, a connu un large écho dans l’Église universelle. L’agence I.MEDIA a demandé au cardinal Anders Arborelius, évêque de Stockholm (Suède) et vice-président de la Conférence, ce qui a motivé la rédaction de ce message.

Pourquoi avez-vous décidé avec les évêques du Nord de publier cette lettre pastorale sur la sexualité?
Mgr Anders Arborelius: Il y a beaucoup de confusion autour de cette question et les gens se sentent inquiets face à toutes les nouvelles questions concernant l’anthropologie humaine et la sexualité. Nous avons donc essayé de donner aux fidèles un résumé d’une perspective plus biblique sur ces questions afin de montrer comment l’Église peut aider les gens à répondre à ces nouveaux défis.

Cette lettre a été lue dans les paroisses. Comment les fidèles l’ont-ils reçue?
De nombreux fidèles de nos pays ont été reconnaissants de l’aide offerte par l’Église. Quelques-uns ont formulé des remarques critiques. Nous avons été surpris de constater que beaucoup de personnes d’autres pays ont réagi de manière très positive à notre lettre.

«Nous avons donc essayé de donner aux fidèles un résumé d’une perspective plus biblique sur ces questions.»

Comment l’Église peut-elle aujourd’hui créer des espaces où les personnes «perplexes» vis-à-vis de l’enseignement traditionnel pourraient approfondir leur réflexion sur ce discours?
Nous avons constaté que de tels espaces pouvaient apparaître spontanément au cours du processus synodal dans notre diocèse. Lorsque les gens se réunissent pour parler de la foi catholique, du message de la Bible, ces questions sont soulevées de manière tout à fait naturelle. Mais si nous disions: «maintenant, nous allons parler explicitement de la sexualité», la discussion serait plus difficile. Ces questions doivent faire partie d’un mouvement plus global.

La lettre des évêques entend donner une vision pastorale sur un sujet sensible, souvent propice aux polémiques. En quoi l’Église est-elle légitime pour parler de ce sujet?
L’Église peut aider les gens à comprendre que la sexualité humaine est liée à notre création à l’image de Dieu. Il ne s’agit pas seulement d’un besoin physique, d’une envie corporelle. Notre vocation est de grandir dans l’amour à tous les niveaux: dans notre relation avec Dieu et avec les autres êtres humains. La sexualité est un élément, et un élément très important, mais elle n’est qu’une partie de notre réalité humaine. Dieu et l’Église peuvent nous aider à avoir une vision plus large de la question de la sexualité.

«La sexualité est un élément, et un élément très important, mais elle n’est qu’une partie de notre réalité humaine.»

En quoi la vision de l’Église de la sexualité est toujours valable et actuelle?
Le message de l’Évangile est quelque chose d’éternel. Il en va de même pour le message catholique sur la sexualité. Si nous pouvons aider les personnes à réaliser que nous ne sommes pas seulement les enfants de notre époque et de notre culture, cela peut être très utile. Il y a des valeurs et des messages qui sont au-dessus du temps et de l’espace.
Le message de l’Église sur les questions sexuelles fait partie intégrante de la proclamation de la Bonne Nouvelle. Il est très important de proclamer ce message comme quelque chose de positif et de vivifiant. Beaucoup de gens pensent que l’Église ne parle que d’interdiction, il serait donc très important de montrer qu’il existe aussi une sorte de «mystique sexuelle», qui nous aide à nous rapprocher de Dieu à travers notre nature sexuelle.

Pensez-vous que l’Église devrait convoquer un synode sur la sexualité ou sur l’altérité entre l’homme et la femme?
C’est une bonne idée. Cependant, je l’envisagerais dans une perspective plus large. Comment présenter la vision de l’Église sur l’anthropologie humaine aujourd’hui? Cela inclut, bien sûr, la sexualité, mais aussi des questions comme l’intelligence artificielle, etc. (cath.ch/imedia/ic/bh)

Mgr Anders Arborelius, évêque de Stockholm, explique la démarche de la Conférence des évêques nordiques | Capture-écran
17 avril 2023 | 14:20
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
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