Sénégal: l'engagement politique des chrétiens «est trop faible» selon le MAC 20

Le Mouvement autonome chrétien pour le développement durable (MAC 20), une organisation de la société civile au Sénégal, a estimé le 10 juin 2017, que l’engagement politique des chrétiens du pays était encore faible et timide.

Créé  en février dernier pour accompagner les chrétiens dans l’engagement politique, le mouvement tenait un forum sur le thème: «Engagement politique chrétien et le leadership», à Mbour, au sud de Dakar, sous la présidence du ministre des Forces armées, Augustin Tine. La rencontre était organisée dans la perspective des élections législatives du 30 juillet prochain.

Pas de leadership chrétien en politique

Par la voix de son président, Emile Daly Diouf, le MAC 20 a appelé les catholiques à s’impliquer davantage, en vue d’assumer un plus grand leadership au sein des partis politiques. »Même si nous sommes chrétiens minoritaires, nous voulons que cet engagement soit beaucoup plus massif que ce qu’il est à présent», a souligné  Daly Diouf, au nom de son organisation. Cité par l’agence de presse sénégalaise APS, il a ajouté que des chrétiens étaient engagés dans les partis politiques, mais qu’il n’y avait pas de leadership chrétien.

Selon lui, les chrétiens doivent se donner les moyens «d’un plus grand leadership et arriver à se trouver où les grandes décisions se prennent». «Nous voulons qu’ils puissent prendre la parole politique pour réfléchir à un niveau politique. Nous voulons  aussi accompagner les autorités religieuses», a souligné Emile Daly Diouf, relevant que le MAC 20 n’écarte pas la possibilité de soutenir un candidat à l’élection présidentielle de 2019.

«Nous ne pensons pas proposer des candidats, mais nous pensons soutenir des candidats. Et c’est là la différence.  Nous demandons aux chrétiens d’aller se battre là où ils sont et nous les soutiendrons pour leur promotion et leur leadership», a-t-il plaidé.

Trois chrétiens pour 150 députés

Interrogée par cath.ch, Hélène Tine, parlementaire chrétienne, a reconnu la faible représentation des chrétiens dans la vie politique au Sénégal. «Nous sommes des citoyens à part entière et ne saurions rester en dehors de la vie politique et de la gestion des affaires de la cité. L’Eglise nous y encourage», a-t-elle indiqué.

Elle a rappelé qu’elle s’est engagée en politique, pour répondre à l’appel des évêques. «Il est nécessaire pour les chrétiens, qu’ils s’impliquent davantage dans la politique. Autant ils sont organisés et très dynamiques, autant ils sont un peu en retrait de la politique».

Selon elle, sur 150 députés que compte le parlement actuel, il n’y a que trois chrétiens dont une femme: elle-même. Elle est la seule chrétienne parmi les 64 femmes députées. «L’implication des chrétiens dans la vie politique est encore timide. Sur les listes nationales, ils sont relégués à des positions qui ne permettent pas leur élection», a-t-elle poursuivi.

«Il y a des efforts à faire aussi bien par la communauté chrétienne que par les partis politiques pour promouvoir la diversité, qui a toujours été un facteur important au Sénégal, qu’il faut continuer de cultiver», a-t-elle conclu. (cath.ch/ibc/bh)