Sénégal: Le dialogue interreligieux au menu du cardinal Parolin
Le dialogue des cultures et des religions, et la crise migratoire ont été au centre des entretiens, le 8 décembre 2023, à Dakar, au Sénégal, entre le ministre sénégalais de l’Intérieur, en charge des cultes, Sidiki Kaba, et le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Vatican.
Le responsable du saint-Siège était en voyage officiel de quatre jours (7-10 décembre) au Sénégal où il a présidé notamment la consécration, samedi 9 décembre, de la première phase du sanctuaire marial de Popenguine, à la suite de sa réhabilitation par l’Etat du Sénégal pour un investissement initial de 3 milliards de francs CFA (4,3 millions de CHF). Cette cérémonie a vu la participation de dignitaires musulmans aux côtés de membres du gouvernement et du corps diplomatique.
Dépasser les divisions
« Notre foi en Dieu (…) doit nous permettre de dépasser toutes les adversités et toutes les divisions qui peuvent nous menacer », a notamment déclaré le représentant du pape, lors de la rencontre, rappelant que « Dieu appelle à les surmonter (les divisions), en recherchant la fraternité universelle ». Il a magnifié le modèle sénégalais de cohabition interreligieuse.
Pays de 18 millions d’habitants musulman à plus de 90%, le Sénégal se caractérise par des relations interconfessionnelles sans heurts. Les couples ou mariages mixtes (entre chrétiens et musulmans) sont nombreux. Les fêtes religieuses chrétiennes et musulmanes sont célébrées ensemble. Dans certaines localités, les mosquées et églises se côtoient. A Ziguinchor, au sud, musulmans et chrétiens partagent un cimetière mixte.
De l’indépendance du pays, en 1960 à décembre 1980, le Sénégal était dirigé par un catholique, Léopold Sédar Senghor. En janvier 2022, un catholique pratiquant, Barthélémy Diaz a largement était élu maire de la ville Dakar, par les électeurs musulmans et chrétiens, pour un mandat de cinq ans. Il est considéré comme quasiment le troisième personnage politique du Sénégal, après le président de la république, le président de l’assemblée nationale.
« Nous avons une diversité culturelle où les dialogues de culture des religions a déjà pu montrer son importance au sein de la société. On peut aussi dire qu’il y a un commun vouloir de vivre ensemble », a dit pour sa part, Sidiki Kaba, ministre sénégalais de l’Intérieur, en charge des cultes.
S’agissant de la migration, le cardinal Parolin s’est dit « préoccupé » par les départs de milliers de jeunes qui tentent d’entrer en Europe par tous les moyens, dont certains viennent du Sénégal. « C’est une grande inquiétude et une profonde préoccupation », s’est-il ému. Selon les organisations humanitaires, entre janvier et décembre en cours, plus 5’000 jeunes ont péri en mer, en voulant rejoindre l’Europe par des embarcations de fortunes, à partir des côtes sénégalaises. L’Eglise catholique du Sénégal a lancé plusieurs fois des appels aux jeunes à renoncer à l’émigration irrégulière et à travailler pour « bâtir ensemble le Sénégal ». (cath.ch/ibc/mp)