Sénégal: Inauguration du centre de promotion de la santé «Cardinal Thiandoum»

Quand imams et clergé collaborent dans la lutte contre le SIDA

Dakar, 7 janvier 2001 (APIC) L’Eglise catholique dote le Sénégal de l’un des centres de promotion de la santé les plus modernes d’Afrique. L’occasion pour le président Wade de faire l’éloge du modèle sénégalais de cohabitation pacifique entre musulmans et chrétiens.

L’Eglise du Sénégal, qui comptait en 1997 quelque 70 postes de santé sur le territoire national, vient de renforcer son réseau, avec l’inauguration, le 3 janvier à Dakar, par le président Abdoulaye Wade, d’un nouveau centre catholique de promotion de la santé et de prévention du sida. Ce complexe sanitaire qui porte le nom de Mgr Yacinthe Thiandoum, ancien archevêque de Dakar, a coûté 162 millions de francs CFA (405’000 frs). Il est équipé d’un laboratoire d’analyses médicale qui permet de dépister gratuitement et dans une discrétion totale, le virus HIV responsable du sida.

Le centre Cardinal Thiandoum sera aussi un lieu d’écoute, de soutien moral, social, médical et religieux, destiné aux victimes de la pandémie, sans distinction de race et de religion, a déclaré son directeur, Paul Sagna. Il servira d’instrument d’information, d’éducation et de communication (IEC) pour les maladies sexuellement transmissibles et le sida.

Faible taux d’infection grâce à la collaboration inter religieuse

Le Sénégal connaît l’un des plus bas taux d’infection par le sida (1,7%) d’Afrique, grâce à la collaboration des religieux musulmans et chrétiens dans la lutte contre la pandémie. Ensemble, ils ont créé des ONG qui informent sur le sida et sur la manière de l’éviter. Les organisations «Jamra» (musulmane) et «Sida-Services» (chrétienne) sont particulièrement actives et soutenues par le Programme Nationale de Lutte contre le sida (PNL).

Inaugurant le nouveau centre, le président Wade a salué la «communion dans l’effort, du clergé et des imams de l’islam», insistant sur l’importance du centre Yacinthe Thiandoum qui permettra de mieux connaître la réalité de l’épidémie au Sénégal et de sauver des vies humaines. Le chef de l’Etat sénégalais a aussi relevé la cohabitation harmonieuse entre musulmans et chrétiens dans son pays, «trésor inestimable, voire unique dans le monde, dont le Sénégal doit en être jaloux et œuvrer de toutes ses forces vives pour sa préservation», a-t-il affirmé, en présence de l’archevêque de Dakar, Mgr Théodore Adrien Sarr, et de responsables musulmans. Mgr Sarr a précisé que le centre était une réponse de l’Eglise catholique sénégalaise à l’invitation du pape de réagir et de lutter contre le virus fatal.

Postes de santé catholiques

Si les frais de gestion sont pris en charge par «Catholic relief services», organisme de solidarité de l’Eglise catholique américaine, la construction du centre a été financée par la coopération française et par de nombreux donateurs, dont l’organisation non gouvernementale néerlandaise «Billance-Mélisa» et l’association des postes de santé du Sénégal (APSPCS). Créée en juin 1967, cette association a été officiellement reconnue d’utilité publique en octobre 1989. Ses dispensaires, hôpitaux ou centres de santé implantés dans les 10 régions de l’APSPCS, sont fréquentés par les chrétiens et les musulmans, qui représentent 96% des 9,5 millions habitants du Sénégal.

Le paludisme fait plus de morts que le sida

Selon la coordinatrice de l’association, Sœur Marie Luc de Van d’Orge (de la congrégation française, Saint-Thomas de Villeneuve), l’APSCS représente un dixième des postes de santé au Sénégal et seconde l’état dans son plan de santé prioritaire. Elle compte plus de 490 agents de santé (médecins, infirmiers diplômés, agents techniques) en milieux urbain et rural.. Au même titre que ceux du service publique, les employés de l’association des postes de santé catholiques prennent part aux campagne de vaccination des enfants, au traitement et à la lutte contre le paludisme, la maladie la plus mortelle au Sénégal, à la santé maternelle et infantile. Priorité est donnée à l’aide aux plus pauvres.

Entre 1997 et l’an 2000, les structures sanitaires catholiques du Sénégal ont distribué plus de 16’000 sachets de médicaments, effectués près de 25’000 consultations prénatales, prodigués des soins à quelque 20’000 enfants, vaccinés plus de 7’000 autres dont 3’000 enfants âgés de 0 à 2 ans. Dans le même temps, ils ont «récupéréé* 2’000 enfants malnutris, en ont hospitalisés quelque 500 autres. (apic/ibc/misna/mjp)

7 janvier 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 3 min.
Partagez!