Sauveteurs en mer: «Les partis chrétiens marchent sur les cadavres»
Membre de l’équipage du navire de secours pour les réfugiés Sea Watch 4 affrété par les Eglises allemandes, Jakob Frühmann dénonce l’hypocrisie des gouvernements occidentaux face au drame des migrants. Il salue la prise de position du pape François en faveur des réfugies dans son encyclique Fratelli tutti.
De retour en Autriche après une rotation d’équipage, Jakob Frühmann, qui avait quitté sa profession d’enseignant de religion pour partir en mer, a livré, le 6 octobre 2020, à kath.ch des nouvelles du Sea-Watch 4.
«Le navire est amarré dans le port de Palerme depuis deux semaines et les autorités l’empêchent de repartir. Ce faisant, les autorités européennes contribuent sciemment à la multiplication des noyades», dénonce-t-il.
Selon les autorités italiennes sauver des vies humaines ne correspond pas à l’immatriculation du navire. Le Sea-Watch 4 aurait trop de gilets de sauvetage à bord, et le système d’évacuation des eaux usées n’est pas conçu pour le nombre de personnes secourues. «C’est du pur cynisme, s’emporte Jakob Frühmann. Le sauvetage de personnes en détresse est obligatoire pour tous les navires. Cette exigence est totalement ignorée. Le navire répond également à toutes les exigences de sécurité de l’État du pavillon allemand. Ce que les autorités allemandes ont confirmé en juillet.» Pour le marin, ces contrôles sont motivés par des raisons politiques dans le seul but de démoraliser et d’empêcher le sauvetage civil en mer.
Les réfugiés sauvés par le Sea-Watch 4 ont d’abord été placés en quarantaine sur un autre bateau. Ils ont ensuite rejoint la terre ferme. Pour eux «la prochaine odyssée commence maintenant, à savoir le système d’asile européen.»
Optimiste malgré tout
Malgré le blocage des autorités, Jakob Frühmann reste optimiste. Il relève un fort soutien de très nombreux côtés. Ces voix montrent que la politique européenne en matière de migration est un échec scandaleux.
«Les partis chrétiens invoquent les valeurs chrétiennes – et en même temps, ils se moquent des gens de manière raciste. Ils marcheront sur des cadavres afin de recueillir des bénéfices politiques. Cela me met en colère.»
Tous dans le même bateau
Jakob Frühmann se félicite aussi du soutien du pape François pour la cause des migrants exprimé dans son encyclique Fratelli tutti . «Bien sûr, le pape a raison quand il dit: ‘Nous, les humains, sommes en contact étroit les uns avec les autres et avec la nature. Nous sommes dépendants d’un mode de vie solidaire.’ Cependant, la Méditerranée montre que nous ne sommes malheureusement pas dans le même bateau.
En tant qu’Européen blanc, j’ai plus de privilèges que les gens qui fuient. Lorsque je me trouve en détresse sur un yacht, les chaînes de sauvetage sont mobilisées en quelques heures. On m’offre un refuge sûr. Cela ne s’applique pas aux personnes qui utilisent des canots pneumatiques. Cela révèle un racisme grossier.» (cath.ch/kath.ch/mp)