Sauvetage de migrants en mer par des ONG: les vues du Sénat italien et du pape
Le Sénat italien a approuvé le 5 décembre 2024 un nouveau «décret sur les flux» pour restreindre un peu plus les activités de sauvetage de migrants en mer Méditerranée par des navires d’ONG. Le pape François, pour sa part, a reçu une délégation de l’ONG italienne Resq le 11 décembre et lui a rendu hommage.
Le Sénat italien a adopté un nouveau décret-loi qui risque de vider la Méditerranée de ses navires de recherche et de sauvetage, s’insurge l’ONG suisse SOS Méditerranée. Son véritable objectif «n’est pas de mieux gérer les opérations de sauvetage en mer, mais plutôt de limiter la présence des humanitaires et d’entraver leurs actions en les criminalisant».
L’approche punitive du Sénat italien
Les nouvelles règles approuvées par le Sénat italien prévoient davantage de sanctions, qu’il s’agisse de détentions administratives ou d’amendes pouvant aller jusqu’à dix mille euros, ainsi que la possibilité de confisquer les navires de sauvetage. L’action des avions des ONG chargés de la surveillance est également visée, alors qu’ils contribuent au sauvetage des embarcations en détresse et qu’ils ont documenté des violations graves et systématiques des droits humains.
SOS Méditerranée et plusieurs autres organisations engagées dans des opérations de recherche et de sauvetage en mer dénoncent, dans une lettre commune, ce nouveau durcissement de la législation italienne à l’égard des secouristes humanitaires. Elles disent leur inquiétude, leur colère mais aussi leur détermination. «Ce décret n’arrêtera pas la solidarité de celles et ceux qui, comme nous, agissent au quotidien pour tenter d’atténuer la souffrance des autres.»
Le pape félicite la délégation de Resq
Parmi les signataires de la lettre figure Resq, une ONG italienne qui organise depuis 2021 des opérations de sauvetage en Méditerranée avec des équipes d’une vingtaine de volontaires sur son navire ResQ People.
Une délégation de cette ONG italienne a été reçue le 11 décembre 2024 par le pape. François a rendu hommage en leur présence à ceux qui ne se contentent pas «de critiquer de loin, mais qui se mettent en jeu», rapporte l’agence IMEDIA. «Face au drame des migrants forcés, qui malheureusement devient parfois une tragédie, vous n’êtes pas restés indifférents, mais vous vous êtes demandé: […] que pouvons-nous faire? Vous ne détournez pas la tête de l’autre côté», les a félicités François.
Le pape rappelle les autorités civiles à leurs «responsabilités»
Alors que «de nombreuses vies sont exploitées, rejetées, abusées, réduites en esclavage» sur les routes des migrations, les autorités civiles «ne parviennent pas toujours à y faire face pleinement, selon leurs responsabilités», a encore déploré le pape. Et de saluer l’action «de ceux qui ne se contentent pas d’observer les événements, de critiquer de loin, mais qui se mettent en jeu, offrant un peu de leur temps, de leur ingéniosité et de leurs ressources pour soulager les souffrances des migrants». (cath.ch/imedia/com/lb)