Santé du pape: un changement dans la communication du Saint-Siège?

Sens du timing, communiqués détaillés et réguliers, conférence de presse avec le chirurgien du pape… Le Saint-Siège semble avoir viré de bord dans sa communication sur la santé du pape François, opéré le 7 juin 2023 à la polyclinique Gemelli de Rome. Certains vaticanistes saluent rien de moins qu’une «révolution», par rapport à la dernière hospitalisation du chef de l’Église catholique en mars dernier. 

Après l’audience générale qu’il a présidée mercredi de façon normale place Saint-Pierre, le pontife de 86 ans a rejoint l’hôpital Gemelli au nord-ouest de Rome, où il a subi une intervention chirurgicale pour une hernie intestinale avec risques d’occlusions. Et en ces heures d’hospitalisation, le Bureau de presse du Saint-Siège, dirigé par Matteo Bruni, a communiqué «de façon transparente» et «quasiment en temps réel», constatent nombre de vaticanistes, ces journalistes spécialisés dans l’actualité du Vatican.

Des «examens programmés» qui ne l’étaient pas

Un blog proche du Saint-Siège a souligné le contraste avec la couverture de la dernière hospitalisation du pontife argentin. Le 29 mars dernier en effet, le pape avait été transporté en urgence au Gemelli pour une grave pneumonie. Or la première communication du Saint-Siège avait donné une fausse information en parlant «d’examens programmés», s’attirant les critiques des médias pour cette «manipulation». 

À présent, le dicastère pour la Communication a adopté une nouvelle ligne de conduite, jusqu’à organiser une conférence de presse post-opératoire avec le chirurgien Sergio Alfieri, retransmise en direct depuis la salle de presse du Gemelli. Le professeur a donné des détails sur l’état de santé de l’évêque de Rome, «conscient et alerte» après son opération. Et répondant aux questions des journalistes, il a écarté les fausses rumeurs circulant sur une tumeur. 

Des circonstances différentes

Du côté du Vatican, on reconnaît un pas en avant. «Il fallait que parle le médecin, qui a une vraie crédibilité scientifique», glisse ainsi une source vaticane, qui se dit soulagée de cette «bonne communication, comme cela doit se faire». Mais, tempère une autre source, il ne s’agit pas à proprement parler d’une «révolution communicative.»

Dans ce cas précis de «crise», analyse-t-elle, les circonstances étaient différentes. Le dicastère pour la Communication a pu fonctionner de façon plus autonome alors que d’ordinaire, la majeure partie des annonces impliquent une machine bureaucratique plus lourde, incluant la secrétairerie d’État, la préfecture de la Maison pontificale, ou répondent même à des demandes personnelles du pape, qui sont indiscutables.

En outre, ajoute cette source, la communication vaticane a eu «le temps d’organiser une couverture», entre le passage du pontife au Gemelli pour des examens le 6 juin, et son opération le 7 juin. Ces conditions «différentes» permettent une meilleure information, estime-t-elle. 

Quoiqu’il en soit, une vaticaniste aguerrie, qui suit le petit État depuis plus de trente ans, relève «une vraie volonté de transparence». «Il n’y a pas eu de trou noir, nous avons eu toutes les informations nécessaires, quasiment en temps réel», s’étonne-t-elle, y voyant des relents de l’époque de Joaquín Navarro-Valls, porte-parole de Jean-Paul II et médecin de formation, qui avait fait le choix de communiquer avec précision. Avant lui, plaisante-t-elle, «c’était la devise ›un pape va toujours bien jusqu’au jour où il meurt’, comme on disait à Rome». (cath.ch/imedia/ak/bh)