Strasbourg: «Pour marcher vers l’avenir, l’Europe a besoin de profondes racines», lance le pape François au Conseil de l’Europe

Sans racines, un tronc se meure

Strasbourg, 25 novembre 2014 (Apic) Devant le Conseil de l’Europe, le 25 novembre 2014 à Strasbourg, le pape François a insisté sur l’importance des racines du vieux continent qui lui permettent de marcher vers l’avenir. Il a souligné l’apport du christianisme au développement culturel et social européen. Le pape a également regretté les trop nombreux morts sur le continent, à cause de conflits persistants. Il a mentionné le rôle des 47 Etats membres du Conseil face au terrorisme religieux et international. Il a enfin invité à une réflexion éthique sur la protection de la vie humaine.

Dans l’hémicycle du Conseil de l’Europe, le pape François a tout d’abord regretté que la paix, en Europe, où des tensions ne cessent pas, soit encore trop souvent blessée. «Que de douleur et combien de morts encore sur ce continent, qui aspire à la paix, a regretté le pontife, mais pourtant retombe facilement dans les tensions d’autrefois». Face à ces conflits persistants, le pape a jugé importante et encourageante la mission du Conseil de l’Europe dans la recherche d’une solution politique aux crises en cours. Une allusion, notamment, au conflit encore en cours en Ukraine.

Poursuivant son allocution, le pape François a longuement insisté sur les racines de l’Europe, filant la métaphore d’un «peuplier, avec ses branches élevées vers le ciel (…), son tronc solide et ferme, ainsi que ses racines profondes», image empruntée au poète italien du XXe siècle Clemente Rebora. «En un certain sens, a-t-il déclaré, nous pouvons penser à l’Europe à la lumière de cette image».

Un héritage de musée ?

L’évêque de Rome a poursuivi en assurant que l’élévation de la pensée, de la culture, des découvertes scientifiques en Europe «est possible seulement à cause de la solidité du tronc et de la profondeur des racines qui l’alimentent». En revanche, a-t-il mis en garde, «si les racines se perdent, lentement le tronc se vide et se meurt». «Pour marcher vers l’avenir, il faut le passé, de profondes racines sont nécessaires», a-t-il insisté. «Un tronc sans racines peut continuer d’avoir une apparence de vie, mais à l’intérieur il se vide et se meurt».

Le chef de l’Eglise catholique a alors exhorté l’Europe à «réfléchir pour savoir si son immense patrimoine humain, artistique, technique, social, politique, économique et religieux est un simple héritage de musée du passé, ou bien si elle est encore capable d’inspirer la culture et d’ouvrir ses trésors à l’humanité entière».

Une allusion explicite aux racines chrétiennes du continent européen. Le pape François a d’ailleurs mis l’accent sur «l’apport que le christianisme peut fournir aujourd’hui au développement culturel et social européen dans le cadre d’une relation correcte entre religion et société». Il a également assuré que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), dont les juges étaient présents, constituait en quelque sorte la ›conscience’ de l’Europe pour le respect des droits humains. Il a souhaité, alors, «que cette conscience mûrisse toujours plus, non par un simple consensus entre les parties, mais comme fruit de la tension vers ces racines profondes, qui constituent les fondements sur lesquels les Pères fondateurs de l’Europe contemporaine ont choisi de construire».

Dans sa longue intervention en italien, le pape a aussi positivement salué la volonté du Conseil de l’Europe d’investir dans le dialogue interculturel, souhaitant que celui-ci ait lieu également dans sa dimension religieuse.

Réflexion éthique sur les droits humains

Le souverain pontife s’est dit convaincu que l’Eglise catholique et le Conseil de l’Europe puissent s’apporter un enrichissement mutuel sur des thèmes d’actualité. Le Conseil des Conférences épiscopales d’Europe (CCEE), notamment, peut collaborer avec le Conseil de l’Europe, a souhaité le pape, avant tout autour d’une réflexion éthique sur les droits humains.

«Je pense particulièrement aux thèmes liés à la protection de la vie humaine, a souligné le pape, questions délicates qui ont besoin d’être soumises à un examen attentif, qui tienne compte de la vérité de tout l’être humain, sans se limiter à des domaines spécifiques médicaux, scientifiques ou juridiques». Quelques instants plus tôt, le pape François avait déjà dénoncé les pratiques de l’euthanasie et de l’avortement devant les députés du Parlement européen, réunis en séance solennelle.

Enfin, le chef de l’Eglise catholique a réitéré son appel à un engagement commun dans l’accueil des migrants, mais aussi pour faire face aux niveaux élevés de chômage chez les jeunes et assurer une vraie dignité du travail. Le pape François a alors souhaité une nouvelle collaboration sociale et économique, affranchie de conditionnements idéologiques face aux défis d’un monde globalisé, excluant les nombreux pauvres qui vivent en Europe. (apic/imedia/bl/ami/mp)

25 novembre 2014 | 14:28
par webmaster@kath.ch
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