«Sans Dieu, les droits de l’homme s’écroulent», affirme Benoît XVI
«Sans Dieu, les droits de l’homme s’écroulent», affirme Benoît XVI dans un recueil de textes en partie inédits présenté à Rome, le 11 mai 2018. Dans ce livre intitulé Liberare la libertà – Libérer la liberté – et publié aux éditions Cantagalli, le pape émérite défend l’adhésion de l’Eglise aux droits de l’homme, à condition que ceux-ci soient «ancrés» en Dieu.
L’un de ces inédits de Benoît XVI a été écrit en novembre 2014, soit un an et demi après sa renonciation. Il s’agit d’une réponse à un ouvrage de Marcello Pera, ancien président du Sénat italien. Selon ce dernier, très critique, l’Eglise se perd et perd le sens de Dieu, si elle se contente de soutenir les droits de l’homme, vus comme une loi morale détachée de Dieu. Benoît XVI vient donc nuancer cette thèse, dans ce texte qu’il a lui-même intitulé ›Sans Dieu, les droits de l’homme s’écroulent’.
Sans l’existence d’une volonté créatrice extérieure, explique le pape émérite, il ne peut y avoir de reconnaissance universellement admise de droits inhérents à la personne humaine. Ainsi «tout s’appuie sur Dieu» : «j’ai toujours affirmé la centralité de la question de Dieu», soutient le pape allemand. Les droits de l’homme doivent donc être «ancrés» dans la croyance en un Dieu créateur.
Liberté de conscience face à l’Etat
Le christianisme, estime le pape émérite, n’a donc pas attendu la Déclaration universelle de 1948 pour reconnaître ces droits. Ceux-ci incluent aussi la liberté de conscience, et c’est pourquoi l’obéissance à Dieu constitue une «limite à l’obéissance à l’Etat». Thèse reprise par le pape François dans sa préface à cet ouvrage, et que le pontife actuel applique à la défense de la famille.
Lorsqu’elle se sépare de Dieu, met cependant en garde Benoît XVI, l’idée de droits de l’homme entraîne une «multiplication de droits qui conduit in fine à la destruction de l’idée de droit». Alors apparaît le «droit nihiliste de l’homme à se nier lui-même», comme l’avortement et le suicide assisté.
Pour Jean Paul II, estime enfin le pontife émérite, le soutien aux droits de l’homme était «l’arme concrète capable de limiter» l’Etat marxiste polonais de l’après guerre. En tant que «force reconnue par la raison universelle», ces droits sont opposables là où la foi est bridée, comme aujourd’hui dans certains pays musulmans. (cath.ch/imedia/xln/mp)