Sans authentifier les apparitions, le pape François autorise les pèlerinages à Medjugorje
Sans pour autant authentifier les apparitions quotidiennes de la Vierge au sanctuaire marial de Medjugorje, en Bosnie-Herzégovine, sur lesquelles il a de forts doutes, le pape François a décidé d’autoriser les pèlerinages à Medjugorje. C’est ainsi une décision «exclusivement pastorale».
Ces pèlerinages peuvent maintenant être officiellement organisés par les diocèses et les paroisses, rapporte Vatican News le 12 mai 2019. Ils ne devront ainsi plus se dérouler uniquement de façon privée, comme c’était le cas jusqu’à présent.
C’est ce qu’ont fait savoir dimanche 12 mai 2019, durant la messe au sanctuaire de Medjugorje, devenu une destination pour des millions de pèlerins, le nonce apostolique en Bosnie-Herzégovine Luigi Pezzuto et l’archevêque Henryk Hoser, visiteur apostolique spécial mandaté par le Saint Siège.
Flux «considérable» de pèlerins du monde entier
Le pape François «a disposé qu’il soit possible d’organiser des pèlerinages à Medjugorje», a déclaré Alessandro Gisotti, directeur ad interim du Bureau de presse du Saint-Siège le 12 mai 2019.
La nouvelle a été annoncée dans la matinée du 12 mai par Mgr Henryk Hoser, visiteur apostolique sur place, et par la nonciature apostolique de Sarajevo. La réflexion a été menée au regard du flux «considérable» de pèlerins du monde entier qui se rendent à Medjugorje depuis les années 1980, et des «abondants fruits de grâce qui en découlent».
Apparitions pas reconnues
La décision du pape intervient alors que les apparitions n’ont pas été reconnues par les autorités ecclésiastiques locales et que le Saint-Siège ne s’est jamais exprimé officiellement. Ces apparitions «nécessitent encore un examen de la part de l’Eglise», a précisé à ce titre le directeur ad interim du Bureau de presse du Saint-Siège.
Cette reconnaissance est une manière d’éviter que les pèlerinages ne créent de la «confusion ou de l’ambiguïté sous l’aspect doctrinal». Ainsi, indique encore Alessandro Gisotti, le visiteur apostolique aura «plus de facilité» à établir des relations avec les prêtres chargés d’organiser des pèlerinages à Medjugorje. Cela concerne également les pasteurs de tous ordres et de tous degrés qui entendent se rendre à Medjugorje et y célébrer ou concélébrer de manière solennelle.
La foi s’incarne dans une culture
Cette décision intervient un an après la nomination de Mgr Henryk Hoser, archevêque émérite de Varsovie-Praga, en Pologne, le 31 mai 2018. Le prélat avait été nommé visiteur apostolique ad nutum Sanctae Sedis (selon la volonté du Saint-Siège) et pour une durée indéterminée. Sa mission était alors «exclusivement pastorale» afin de veiller au soin pastoral des pèlerins, mais aussi à un «accompagnement stable et continu» des habitants.
Par ailleurs, dans un éditorial du 12 mai 2019, Andrea Tornielli, directeur éditorial du Dicastère pour la communication du Vatican, revient lui aussi sur cette décision sur le portail Vatican News en italien. Pour la comprendre, indique-t-il, il faut relire certains passages d’Evangelii Gaudium (2013) où le pape François rappelle l’importance de la piété populaire, vecteur d’une foi «incarnée dans une culture». L’ancien vaticaniste voit également dans les longues files d’attentes aux confessionnaux et dans les adorations eucharistiques à Medjugorje une «expérience de foi significative».
«Les apparitions appartiennent à la sphère privée»
A propos des apparitions présumées de Medjugorje, le pape François a rappelé, dans l’avion qui le ramenait de Fatima le 13 mai 2017, que «toutes les apparitions appartiennent à la sphère privée» et qu’»elles ne font pas partie du magistère public ordinaire de la foi».
Il s’était alors félicité du «très bon travail» effectué par la commission nommée par Benoît XVI et présidée par le cardinal Camillo Ruini. Il avait souligné qu’il fallait faut distinguer trois choses «D’abord les premières apparitions des enfants, sur lesquelles l’enquête dit qu’il faut continuer à enquêter». «Sur les présumées apparitions actuelles, l’enquête émet des doutes», a poursuivi le pape François, affirmant qu’il serait lui-même «plus méchant: je préfère la Madone mère, plutôt que la Madone chef de bureau qui envoie des messages tous les jours. Cette femme n’est pas la mère de Jésus!»
En précisant qu’il s’agissait de son opinion personnelle, il estimait que ” ces apparitions présumées n’ont pas tant de valeurs que cela». Il reconnaissait cependant, en ce qui concerne «le fait spirituel et pastoral», qu’il «il y a des gens qui se rendent là, se convertissent, des gens qui rencontrent Dieu et changent de vie (…) On ne peut pas nier ce fait spirituel et pastoral». (cath.ch/imedia/pad/vaticannews/be)