Sainte-Sophie, symbole de la discrimination des chrétiens
L’œuvre d’entraide catholique Aide à l’Eglise en détresse (ACN/AED), très active dans tout le Proche-Orient considère avec beaucoup d’inquiétude la reconversion de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople en mosquée. Une fois de plus, une question religieuse est instrumentalisée par le pouvoir afin de soutenir sa politique intérieure, dénonce le président exécutif de l’AED international, Thomas Heine-Gelder.
Par cette mesure critiquée dans le monde entier, le président turc Erdogan tente apparemment d’améliorer sa cote de popularité et de détourner l’attention des problèmes de son pays, déplore l’AED dans un communiqué du 22 juillet 2020.
Les chrétiens, citoyens de seconde zone
L’AED comprend l’indignation des chrétiens vivant en Turquie et au Proche-Orient face à cette reconversion. Elle renforce la discrimination et l’affaiblissement permanents des chrétiens et des autres minorités religieuses de la région. Malgré les affirmations contraires et les dispositions constitutionnelles, ces groupes de la population sont souvent traités comme des citoyens de seconde zone et sentent que leurs racines et leur identité s’effacent de plus en plus.
Des réactions hypocrites
L’AED se dit également sceptique quant à l’ampleur des réactions négatives de nombreux États et politiciens. Alors que l’émotion concernant cette reconversion d’un bâtiment religieux est grande, les actes de violence et de discrimination fréquents, parfois même à l’initiative d’un État, à l’encontre des chrétiens et d’autres minorités religieuses, ne reçoivent que peu, voire pas d’attention du tout, relève AED.
Montée de l’ultra-nationalisme
La conversion de Sainte-Sophie est aussi un signe de la montée de l’ultranationalisme dans de nombreux pays, souvent en lien avec des motivations religieuses. De ce fait, les membres des minorités religieuses sont souvent considérés comme des étrangers et des ennemis, même si leurs ancêtres vivaient déjà dans ces territoires bien avant que les musulmans puis les Turcs ne les envahissent.
L’AED conclut en invitant les pays occidentaux à tirer les leçons de l’histoire du Proche-Orient au XXème siècle et à cesser de se taire lorsqu’il est question de la destruction des droits fondamentaux à la survie des minorités, que ce soit en Turquie, en Irak, en Inde, en Chine, au Pakistan ou ailleurs.
Des théologiens musulmans contestent la décision
Par ailleurs, trois intellectuels turcs, qui se qualifient de théologiens ‘kémalistes’, ont publié un appel dans lequel ils qualifient d’erreur grave et irréparable la décision du gouvernement d’ouvrir Sainte-Sophie au culte musulman. Pour eux, cette mesure «offense les non-musulmans et redonnera de l’élan à l’islamophobie, à la haine contre l’islam». Ce choix annihile »les messages de réconciliation et de justice de l’islam», rapporte l’agence vaticane Fides le 22 juillet 2020.
Au cours des prières musulmanes, les mosaïques chrétiennes présentes à l’intérieur de la basilique seront masquées avec une tenture à fonctionnement électrique. Les techniciens préparent actuellement un dossier visant à prouver que ce système ne provoquera pas de dommages aux mosaïques.
Entre temps, des représentants de l’extrémisme islamique continuent de se plaindre du maintien de des images sacrées byzantines présentes sur les murs de la basilique. (cath.ch/com/fides/mp)