Saint-Maurice: Le 1er marché monastique attire et fascine
Saint-Maurice, 24 septembre 2012 (Apic) Les 21 et 22 septembre 2012, l’artisanat religieux s’expose à Saint-Maurice, en Valais. Visite de la 1ère édition du marché monastique, organisé sous l’égide de la Société de Développement et de Saint-Maurice Tourisme.
Le soleil de fin d’après-midi illumine les petits pavillons blancs, installés sur la place du Val de Marne et dans le jardin de la Tuilerie, à deux pas de la gare d’Agaune. De nombreux curieux y trouvent refuge. Certains attendent leur tour à l’extérieur. Au loin, l’orgue de barbarie de Fernand Cousin convie le visiteur à se déplacer. Situé au centre des deux lieux d’exposition, en face de l’Office du tourisme, sa musique rassemble les 22 communautés religieuses suisses et françaises qui ont fait le déplacement dans la petite cité des bords du Rhône.
«C’est un joli marché. Tout le monde fait de belles choses», lance une religieuse âgée à une consoeur. Entre les articles de bien-être, de librairie, les objets religieux ou de décorations, chaque curieux trouve son bonheur. Il y a même de quoi se rafraîchir et se restaurer ’monastic’: vin, bière trappiste de «Chimay», apéritifs, fromages, pâtisseries, confiseries, et cuisine vietnamienne. Pour les enfants, des animations ludiques sont proposées. Un spectacle de rue retient l’attention des passants, tout comme la lecture biblique.
Curiosité et solidarité
La vie monastique fascine et intrigue. «Je veux voir et imaginer la vie que les religieux et religieuses mènent retirés dans leur monastère», confie une dame, savourant un plat de nouilles vietnamiennes au poulet et au tofu. La plupart des passants viennent par curiosité. D’autres veulent soutenir financièrement les communautés et «mettre du beurre dans leurs épinards», explique une grand-mère, accompagnée de ses deux sœurs.
L’artisanat rencontre du succès. La recherche de la qualité des produits, assurée par le logo ’monastic’ pour certains (’monastic’ est une marque collective déposée, qui assure la promotion de 700 articles issus de 200 communautés religieuses européennes, ndlr), en est une des raisons. Dans le contexte économique actuel, les religieux l’ont compris et misent sur ce capital de confiance. «L’artisanat nous permet de vivre», précise Frère Julien, de l’abbaye Notre Dame de Tournay, en France. «Nous devons vivre de notre travail, même comme ordre mendiant, aux mêmes conditions que toute la société», ajoute Sœur Anne-Sophie, du monastère des Dominicaines d’Estavayer-le-Lac, dans le canton de Fribourg.
Donner un autre visage de l’Eglise
Parmi les visiteurs rencontrés à Saint-Maurice, peu fréquentent les communautés religieuses. Ils franchissent leur porte par hasard. «Une fois l’an chez les franciscains, pour les escargots», avoue cet homme qui a monté les chapiteaux. Rares sont ceux qui s’y rendent à titre privé, pour se reposer ou suivre une retraite. La majorité reconnaît n’avoir aucun contact, le reste de l’année.
Dans le paysage sécularisé, le marché monastique offre une opportunité. En plus de faire connaître les produits artisanaux, il présente un visage de l’Eglise plus varié, rapporte le Père Jean Python, de la Fraternité Eucharistein. Cette diversité spirituelle et vestimentaire interroge: «Pourquoi tellement d’ordres différents», se demande une retraitée suisse alémanique, dégustant une «Chimay» après avoir visité la Fondation Gianadda et le trésor de l’abbaye.
Convivialité
L’ambiance est familiale, festive et conviviale. Des morceaux jazzy du quartet «Macadam Jazz Band» contribuent à cette atmosphère détendue. Mgr Joseph Roduit, Abbé de Saint-Maurice, accompagné d’un évêque africain, visite les pavillons. Il salue connaissances et amis, distribuant au passage une tape amicale. Infatigables, des chanoines, prêtres, religieux et religieuses arpentent le marché, soucieux de la réussite de l’événement. Bises et poignées de mains sont échangées. Le bonheur est palpable.
En début de soirée, les visiteurs se groupent volontiers devant les stands de dégustations. Une «aura positive» se dégage du 1er marché monastique, témoigne une Espagnole. «Même si on ne croit pas, on se dit qu’il doit y avoir quand même quelque chose».
Encadré
Plus de 200 communautés de Suisse, France, Italie et Belgique ont reçu une invitation à participer à ce 1er marché monastique, indique Pierre-Yves Robatel, président de l’organisation et conseiller municipal à Saint-Maurice. Vingt-deux communautés de Suisse et de France exposent à Saint-Maurice. Trois d’entre elles ont dû renoncer au dernier moment, à cause des tracasseries douanières.
Un budget
La ville de Saint-Maurice, la Bourgeoisie et l’Office du tourisme engagent 80’000 francs pour la manifestation. La moitié de cette somme est allouée à la publicité, précise Pierre-Yves Robatel. «Nous espérons ainsi nous démarquer et faire parler de Saint-Maurice».
«Les communautés ne louent pas leur stand, précise le président d’organisation. Aucun pourcentage n’est pris sur les ventes par les organisateurs. Les religieux et religieuses sont nourris et hébergés gratuitement dans les communautés locales. Nous voulions qu’ils partagent une partie de leur vie communautaire».
Un esprit
Les organisateurs ont invité des communautés qui réalisent et vendent leur propre production sur place. Des exceptions ont été accordées à certaines communautés cloîtrées qui ont envoyés des délégués. (apic/ggc)
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