L’ancien archevêque de Kabgayi victime de calomnies
Rwanda : Les Pères Blancs veulent rétablir la vérité sur Mgr Perraudin
Fribourg,
(APIC) A l’heure où le procès du bourgmestre de Mushubati, accusé de génocide au Rwanda se poursuit à Lausanne, les Pères Blancs de Suisse entendent rétablir la vérité face aux «énormes calomnies» dont le Valaisan Mgr André Perraudin, ancien archevêque de Kabgayi a été la cible ces dernières semaines.
Cette prise de parole s’inscrit aussi dans le cadre des vives réactions suscités par l’arrestation le 14 avril de Mgr Misago, évêque de Gikongoro, accusé de complicité de génocide. Le Vatican et le pape lui-même ont condamné l’attitude du gouvernement rwandais. Pour plusieurs observateurs on assiste à une campagne orchestrée contre l’Eglise catholique.
Le dimanche de Pâques, Mgr Perraudin qui célébrait au Châbles, en Valais, ses 60 ans de sacerdoce, a été interpellé par un petit groupe de manifestants tutsis lui reprochant son attitude face au génocide rwandais. Cette manifestation ayant eu de larges échos dans la presse en Suisse et à l’étranger, les Pères Blancs, auquel le missionnaire valaisan appartient, ont jugé nécessaire de répondre point par point aux accusations lancées par les manifestants. Dans un mémoire de trois pages, le Père Josef Buholzer, provincial de Suisse, revient en détail sur cinq reproches lancés contre l’archevêque.
En choisissant la date de Pâques pour la célébration de son jubilé sacerdotal, pratiquement cinq ans jour pour jour après le déclenchement du génocide, Mgr Perraudin n’avait aucune intention de faire allusion à cette effroyable catastrophe, souligne le Père Buholzer. L’archevêque et le curé de Bagnes ont choisi cette fête pour son importance liturgique uniquement.
«L’Objectif fribourgeois» dans le collimateur
Les Pères Blancs reprochent surtout à certains médias comme «L’Objectif fribourgeois» d’avoir fait leurs choux gras de titres racoleurs comme «Du sacerdoce au génocide» ou «Les Rwandais de Suisse décernent le prix du sang à Mgr Perraudin». Que des «fanatiques excités se permettent de tels propos c’est déjà fort grave, mais comment admettre que des mass-médias d’un pays qui se veut respectueux des personnes propagent dans la population de telles calomnies ?», s’interroge J. Buholzer. Une enquête même sommaire aurait permit de mieux connaître la vérité pour dire au moins, par exemple, qu’au moment du génocide Mgr Perraudin avait démissionné depuis cinq ans et qu’il se trouvait en Suisse.
Quant à la fameuse lettre pastorale de Mgr Perraudin de février 1959 qui aurait mis le feu aux poudres, il suffit de la relire pour constater que le texte ne contient rien d’autre que la doctrine traditionnelle de l’Eglise insistant sur la justice, le respect mutuel, la recherche du bien commun et l’ouverture à la démocratie. Aux yeux des observateurs, ce texte correspondait bien aux aspirations des peuples afro-asiatiques après la Conférence de Bandung d’avril 1955. En écrivant «dans notre Rwanda, les différences et les inégalités sociales sont, pour une grande part, liés aux différences de race,» l’évêque missionnaire valaisan constate un fait. A l’époque, les 42 grands chefs du pays étaient tous tutsis et sur 500 sous-chefs seuls une dizaine étaient hutus, relève la réponse des Pères Blancs. «Les termes hutu et tutsi n’ont pas été inventés par Mgr Perraudin. Ils étaient employés par les instances officielles.» Par ailleurs à l’époque, les Tutsis ne craignaient pas de revendiquer vigoureusement leurs privilèges.
Mensonges et calomnies
A propos des appels à la haine, les Pères Blancs mettent au défi quiconque d’en citer un seul. Pour eux, affirmer que Mgr Perraudin aurait eu des positions ethnistes et partisanes est un mensonge de plus. N’écrivait-il pas, toujours dans sa fameuse lettre pastorale de 1959,: «Toutes les races sont également respectables et aimables […] Il est injuste de faire grief à quelqu’un d’appartenir à telle ou telle race et surtout de le mépriser.»
Le dernier reproche massif adressé à Mgr Perraudin est sa collusion avec l’ancien gouvernement hutu. Les deux président successifs Kayibanda et Habyarimana auraient été manipulés par Mgr Perraudin. Les Pères Blancs rappellent que Grégoire Kayibanda a été élu président de la République avec plus de 80% des voix, lors d’élections sous le contrôle de l’ONU. Quant à Juvénal Habyarimana, il a pris le pouvoir lors d’un coup d’Etat en 1973. En 1976, en outre Mgr Perraudin a démissionné de son poste d’archevêque métropolitain du pays pour laisser la place à un prélat rwandais, Mgr Vincent Nsengiyumva, et se retirer dans son diocèse de Kabgayi jusqu’à sa retraite en 1992.
Pour répondre plus complètement, il faudrait considérer l’ensemble de la vie de l’intéressé et voir tout le travail accompli dans le pays, concluent les Pères Blancs. (apic/com/mp)
