Roumanie: les catholiques uniates toujours «persécutés» (060290)

Le gouvernement veut-il préserver ses relations avec les orthodoxes ?

Bucarest/Koenigstein, 6février(APIC) L’Eglise grecque-catholique de Roumanie se sentira «persécutée tant que l’on refusera d’accéder à ses revendications», à savoir sa légalisation complète et la restitution de ses

églises, a déclaré Mgr Alexandru Todea, évêque de l’Eglise uniate roumaine,

à l’oeuvre «Aide à l’Eglise en détresse» (AED) de Koenigstein (RFA). Le

Conseil du Front de salut national (CFSN), qui a levé au début de l’année

l’interdiction qui pesait depuis 1948 sur l’Eglise catholique uniate (intégrée à l’Eglise orthodoxe), semble désormais hésiter sur la ligne à suivre

et retarde cette reconnaissance légale pourtant annoncée.

Selon l’AED, Mgr Todea exige de la part du nouveau ministre chargé des

affaires religieuses, Nicolae Stoiescu, le rétablissement de tous les

droits de son Eglise. L’évêque de l’Eglise uniate grecque-catholique roumaine refuse de fournir les chiffres actuels concernant les croyants uniates en Roumaine avant que la nomination des curés et la désignation des paroisses ne soient officielles.

D’abord élaborer des statuts

De son côté, N. Stoiescu affirme maintenant que la reconnaissance légale

ne peut être donnée que si l’Eglise uniate élabore ses statuts et les présente au ministère concerné. Les évêques grecs-catholiques ont rejeté le

point de vue gouvernemental, relevant que la levée de l’interdiction a pour

conséquence automatique la reconnaissance légale de leur Eglise avec les

statuts qu’elle possédait avant 1948.

Fin janvier ont eu lieu des entretiens entre des représentants des Eglises uniate et orthodoxe, et le vice-premier ministre Gelu Voican-Voiculescu. Le gouvernement avait alors annoncé que la restitution des biens ecclésiastiques attribués en 1948 à l’Eglise orthodoxe devait être résolue au

niveau paroissial par le biais d’un référendum. Le métropolite Todea a fermement rejeté une telle solution. Après plus de 40 ans d’interdiction,

l’Eglise uniate doit d’abord se réorganiser et dans le cas d’une votation,

elle n’aurait aujourd’hui aucune chance face à l’Eglise orthodoxe. Mgr Todea propose aux orthodoxes des négociations afin que la restitution des

églises confisquées aux uniates se fasse «de façon progressive et en bon

ordre».

Les uniates, un enjeu électoral ?

Tertullian Langa, qui dirige provisoirement comme vicaire, au nom de Mgr

Todea, le diocèse grec-catholique de Cluj, s’est montré sceptique face à la

disposition des orthodoxes à accepter la restitution des églises uniates.

Il signale que plusieurs prêtres orthodoxes se sont déjà opposés à ces restitutions, tentant de dissuader par la menace les fidèles de retourner à

l’Eglise uniate. Il pense que les hésitations du gouvernement provisoire

dans cette affaire sont liées aux prochaines élections : 80 % de la population roumaine est en effet orthodoxe et il faudrait la ménager, de peur de

perdre des voix.

L’AED signale en outre qu’à Cluj, en Transylvanie, une messe catholique

de rite byzantin a été célébrée dimanche 4 février devant l’église St Michel. Comme les fidèles de l’Eglise catholique de rite latin étaient venus

aussi, les prêtres des deux Eglises ont distribué ensemble la communion. Au

cours d’une manifestation finale, précise-t-elle, le Père Arpad Czirjak,

prêtre catholique de rite latin, a défendu en roumain les droits des chrétiens uniates. (apic/aed/kpr/pr/be)

6 février 1990 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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