Rome répond aux accusations du grand imam d’Al-Azhar
Rome: La condamnation par Benoît XVI de l’attentat en Egypte ne constitue pas une «ingérence», estime le Vatican
Rome, 3 janvier 2011 (Apic) La condamnation par Benoît XVI de l’attentat contre les fidèles coptes en Egypte ne constitue pas une «ingérence», estime le Vatican. Dimanche 2 janvier, Ahmed Mohamed Ahmed al-Tayeb, le grand imam d’Al-Azhar, au Caire, a critiqué l’appel du pape Benoît XVI aux dirigeants du monde à protéger les chrétiens. Le chef de la plus importante institution de l’islam sunnite, qui passe pour un libéral et un modéré, estimait qu’il s’agissait là d’une «ingérence inacceptable» dans les affaires égyptiennes, selon l’agence de presse officielle égyptienne MENA.
Le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège a jugé, le 3 janvier 2011, que la condamnation par Benoît XVI de l’attentat meurtrier commis contre une église copte d’Alexandrie dans la nuit du 31 décembre 2010 au 1er janvier 2011 ne constituait pas une «ingérence».
Dans une interview diffusée par la radio italienne Rai, le Père Federico Lombardi a ainsi rejeté une accusation d’»ingérence inacceptable» formulée le 2 janvier par un dirigeant sunnite égyptien, le grand imam d’Al-Azhar, qui avait vivement réagi aux propos tenus peu auparavant par le pape lors de la prière de l’angélus Place Saint-Pierre à Rome.
Rome minimise: «malentendus dans la communication».
Benoît XVI avait alors condamné la «stratégie de violences» menée envers les chrétiens, en référence à l’attentat à la voiture piégée qui avait frappé l’église copte d’Al-Kidissine à Alexandrie, faisant 21 morts et des dizaines de blessés.
Le Père Lombardi a souligné que le pape avait parlé «naturellement de la solidarité envers la communauté copte très durement frappée», mais avait ensuite aussi manifesté de l’inquiétude et de l’intérêt pour les conséquences des violences sur toute la population, tant chrétienne que musulmane. Sur les ondes de la Rai, le porte-parole du Vatican a préféré parler de «malentendus dans la communication».
Création par le responsable sunnite d’un comité conjoint avec l’Eglise copte
La veille, le Père jésuite avait déjà indiqué, sur Radio Vatican, que le pape avait été «profondément touché et attristé» par l’attentat en Egypte. «Je ne suis pas d’accord avec le point de vue du pape, et je demande pourquoi le pape n’a pas appelé à la protection des musulmans quand ils se faisaient tuer en Irak?», s’est exclamé dimanche l’imam d’Al-Azhar, responsable de la grande institution de l’islam sunnite basée au Caire. Ahmed Mohamed Ahmed al-Tayeb a cependant condamné sans équivoque contre l’église copte orthodoxe d’Alexandrie. Samedi, il avait parlé d’un «acte atroce interdit par l’islam».
Le responsable sunnite a aussi annoncé la création d’un comité conjoint avec l’Eglise copte pour comprendre les raisons des tensions entre les deux communautés et tenter de les résoudre. Ce comité devrait tenir sa première réunion dans deux semaines. Le grand imam a rendu visite au patriarche copte orthodoxe Chenouda III à la cathédrale Saint Marc du Caire, mais il s’est heurté à cette occasion à l’hostilité de dizaines de manifestants coptes. La minorité chrétienne en Egypte, qui représente entre 6 et 10 des quelque 80 millions d’Egyptiens, estime qu’elle n’est pas suffisamment protégée face aux agressions des milieux islamistes. (apic/imedia/com/cp/be)