La conservation du corps de Jean XXIII ne tient pas du miracle

Rome: Rencontre avec Gennaro Goglia qui a embaumé le corps du pape Jean en 1963

Rome, 4 juin 2001 (APIC) Dans la nuit du 3 au 4 juin 1963, le docteur Gennaro Goglia, alors expert dans le traitement des cadavres, a été convoqué au Vatican pour embaumer le corps de Jean XXIII, mort quelques heures auparavant. 38 ans plus tard, le 3 juin, il a assisté à la cérémonie durant laquelle le corps conservé du «bon pape Jean» a été exposé. Il a livré ses impressions à quelques journalistes, après avoir raconté les faits dans le numéro de juin du mensuel italien «Famiglia cristiana».

Durant 38 ans, ce professeur de médecine âgé de 78 ans, profondément chrétien, a gardé le secret de son travail d’embaumement. Peu avant la cérémonie, il a choisi de répondre aux questions du mensuel «Famiglia cristiana», qui a intitulé son article: «Le ’miracle’ du pape Jean». Gennaro Goglia y a avoué son absence d’étonnement lorsque la nouvelle selon laquelle le corps de Jean XXIII était encore intact est sortie. Jean XXIII lui-même avait demandé à son médecin personnel, le professeur Mazzoni ­ dans un document écrit et signé de sa main ­ de veiller à toutes les interventions relatives à la conservation de sa dépouille mortelle. Ce médecin à alors demandé au docteur Gennaro Goglia, auteur de nombreux livres de médecine et spécialiste dans ce domaine, d’effectuer le travail.

Le secret absolu sur l’affaire

Le jour de la mort de Jean XXIII, Gennaro Goglia était à l’université et un chauffeur est venu le prendre pour le conduire auprès du corps du défunt. Devant conserver un secret absolu dans cette affaire, il a prévenu sa famille qu’il resterait toute la nuit dans son laboratoire. Il est effectivement resté jusqu’à 5h du matin, mais dans la chambre du pape, pour effectuer son travail, injectant plus de 10 litres d’un produit de sa composition dans le corps de Jean XXIII. «J’ai eu peur, a-t-il expliqué, de provoquer une rupture de la peau et de faire couler le sang de celui qui était déjà considéré comme un saint, mais tout s’est bien passé». Il est revenu plusieurs fois dans les jours qui ont suivi pour vérifier le bon déroulement du processus de conservation, puis a repris son activité normale, sans jamais parler de cette nuit qu’il n’oubliera jamais, ainsi qu’il l’a lui-même affirmé.

Au cours d’une conférence de presse présentant le déroulement de la cérémonie de vénération, le 31 mai, l’archiprêtre de la basilique Saint-Pierre, le cardinal Virgilio Noé, a tenu à remercier le professeur Goglia pour son travail et le mensuel «Famiglia cristiana», pour l’avoir mis en valeur.

Gennaro Goglia a avoué, avec discrétion et simplicité, son émotion à la fin de la cérémonie. «Cela a été pour moi une grande émotion de le voir ainsi, ce pape que j’ai tant aimé, 38 ans après sa mort», a-t-il affirmé. «Une émotion, avoue-t-il, un peu limitée par le fait qu’ils aient recouvert son visage de cire. A mon avis, ce n’était pas utile et cela lui donnait un peu une allure de statue du musée Grévin». Pour lui, «les fidèles ont été saisis de voir le visage qui a été familier pour tant de personnes, et si aimé». «C’est un homme saint, a-t-il poursuivi, et pas en raison de la conservation de son corps, c’est autre chose, mais par sa richesse spirituelle et chrétienne, par sa grande humanité». (apic/imed/bb)

4 juin 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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