Il dénonce la manière humiliante et inhumaine de les traiter

Rome: Mgr Robert Sarah s’inquiète du sort des migrants venant d’Afrique sub-saharienne

Rome, 18 mai 2006 (Apic) Le secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples à Rome s’inquiète du sort des migrants venant d’Afrique sub-saharienne. Mgr Robert Sarah, évoquant la «tragédie vécue par ces migrants», a déploré la «manière humiliante et inhumaine» dont ils sont traités à leur arrivée sur le sol européen.

Le secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, qui s’exprimait mercredi à l’occasion de la 17e assemblée plénière du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des itinérants, a également demandé aux fidèles plus de clarté et de détermination dans leurs responsabilités au sein de l’Eglise et de la société, notamment à l’égard des immigrés et des réfugiés.

«Pour peu qu’elles aient survécu au désert du Sahara ou à la mer», ces immigrés clandestins sont traitées «de manière humiliante et inhumaine à leur arrivée», a-t-il expliqué. Mgr Sarah est intervenu lors d’une conférence intitulée «Comment améliorer la situation – perspectives d’un point de vue africain». Le prélat, archevêque émérite de Conakry, en Guinée, a estimé que cette vague d’immigrants venus Afrique est une «véritable aventure existentielle, qui finit souvent par une mort avant l’arrivée».

Un effet de la mondialisation

Après avoir dressé un portrait de ces migrants, le secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples a expliqué que les raisons de leur exode étaient liées «à leur histoire, à la situation sociopolitique et économique de leurs pays, à l’insécurité et à la guerre». Mgr Sarah a également mis en cause des phénomènes culturels tels que ceux propagés par la mondialisation, qui offrent aux jeunes Africains l’image du succès, du bonheur et du développement liée à l’Occident, et spécialement à l’Europe.

Le responsable de la «Propaganda fide» a alors appelé les fidèles à se rapprocher de tous les exclus. «Les chrétiens doivent assumer avec plus de clarté et de détermination leurs responsabilités au sein de l’Eglise et de la société», a ajouté le haut prélat, citant le pape Jean Paul II. Mgr Sarah a ensuite invité les Conférences épiscopales des pays d’origine et d’arrivée des immigrés à informer, venir en aide et accompagner ceux qui veulent immigrer dans la légalité.

Les évêques français face à Sarkozy

Cette position a déjà été reprise en France par la Conférence épiscopale. En effet, les évêques français ont été particulièrement actifs en s’opposant au projet de loi sur l’immigration et sur l’intégration du ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, présenté le 2 mai 2006 à l’Assemblée nationale. Ce texte, également décrié par la gauche et par plusieurs associations de défense des droits de l’homme, a été adopté mercredi par l’Assemblée nationale française. Le texte, qui doit encore être examiné au Sénat, vise à encourager l’arrivée de migrants qualifiés mais rend plus difficiles les mariages mixtes et le regroupement familial. Il abroge la régularisation de plein droit des clandestins de plus de 10 ans.

La Conférence épiscopale française se préoccupait notamment de la question du co-développement, de la réalité incontournable des sans-papiers, de la précarisation des familles et des enfants et du resserrement des conditions d’accueil des réfugiés. Le numéro 2 du gouvernement avait alors envoyé une lettre au cardinal Jean-Pierre Ricard, président de la Conférence, promettant d’assouplir son texte, qui a finalement été adopté par les député s français le 17 mai. (apic/imedia/cp/be)

18 mai 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Partagez!