La Congrégation pour la doctrine de la foi confirme

Rome: Mesure disciplinaire contre le jésuite espagnol Jon Sobrino

Rome, 14 mars 2007 (Apic) La Congrégation pour la doctrine de la foi a rendu publique, le 14 mars, une «notification» concernant deux ouvrages du jésuite espagnol Jon Sobrino, théologien de la libération. Approuvée le 13 octobre 2006 par Benoît XVI qui en a ordonné la publication, ce document à caractère disciplinaire a été signé le 26 novembre 2006 par le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal William Levada.

«Le but de cette notification est de rappeler à l’attention de tous les fidèles la fécondité d’une réflexion théologique qui ne craint pas de se développer dans le flux vital de la tradition ecclésiale», rappelle la congrégation romaine. Cette notification porte sur deux ouvrages du père Sobrino: Jesucristo liberador – Lectura histórico-teológica de Jesús de Nazaret, paru à Madrid en 1991 et La fe en Jesucristo – Ensayo desde las víctimas, paru en 1999 à San Salvador.

La Congrégation pour la doctrine de la foi souligne ainsi six points sur lesquels il lui a paru important de revenir: «Les présupposés méthodologiques énoncés par l’auteur sur lesquels sa réflexion méthodologique est fondée ; la divinité de Jésus-Christ ; l’incarnation du Fils de Dieu ; la relation entre Jésus-Christ et le fils de Dieu ; l’auto conscience de Jésus-Christ et la valeur salvifique de sa mort».

«C’est une mise en garde de la part de la Congrégation pour la doctrine de la foi, sur quelques points de son oeuvre», a déclaré le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, le père Federico Lombardi, également jésuite. «Mais il n’y aura pas de sanction ni de condamnation» de la part du Saint-Siège à l’égard du père Jon Sobrino, a-t-il ajouté, car «les sanctions sont du ressort des évêques locaux ou des institutions» dont dépend le religieux.

Des sanctions ont effectivement été déjà prises à l’encontre du père Sobrino par l’archevêque de San Salvador, Mgr Fernando Sanez Lacalle, par ailleurs membre de l’Opus Dei. Le religieux ne pourra plus «enseigner la théologie dans aucun centre catholique, jusqu’à ce qu’il revoie ses conclusions sur un point fondamental de notre foi: la divinité de Jésus-Christ qui est vraiment le fils de Dieu fait homme». Il sera aussi interdit de publication, a expliqué l’archevêque devant la presse locale le 12 mars 2007.

En octobre 2001, «à cause des imprécisions et des erreurs rencontrées» dans les deux ouvrages du père Jon Sobrino, la Congrégation pour la doctrine de la foi avait jugé bon de procéder à une «étude ultérieure et approfondie». En juillet 2004, la Congrégation romaine faisait parvenir à l’intéressé une Liste des propositions erronées et dangereuses, relevées dans les deux livres. En mars 2005, le père jésuite envoyait une Réponse au texte de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Mais, si «l’auteur avait partiellement modifié sa pensée sur quelques points, la réponse n’était pas satisfaisante», a souligné la Congrégation pour la doctrine de la foi. La décision a donc été prise de diffuser cette notification «afin d’offrir aux fidèles un critère de jugement sûr, fondé sur une doctrine ecclésiale authentique, sur quelques affirmations contenues dans les écrits de l’auteur».

Grande notoriété

Jon Sobrino est l’un des théologiens de la libération les plus célèbres d’Amérique latine et jouit encore d’une grande notoriété. Son histoire est liée aux violences qu’a connues le Salvador dans les années 80, en particulier à la mort de l’archevêque de San Salvador Mgr Oscar Arnulfo Romero, assassiné en 1980. Il a enseigné à l’Université d’Amérique centrale durant la guerre civile, dans les années 80, et a échappé, contrairement à six autres jésuites, aux escadrons de la mort, en 1989.

Depuis 1965, la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié des notifications contre les oeuvres de 11 théologiens non conformes au magistère de l’Eglise. Elle est ainsi intervenue contre Hans Küng en 1975 et en 1980, Jacques Pohier en 1979, Edward Schillebeeckx en 1980, 1984 et 1985, Leonardo Boff en 1985, Charles Curran en 1986, Tissa Balasuriya en 1997, le jésuite Anthony de Mello en 1998, Reinhard Messner en 2000, le jésuite Jacques Dupuis et Marciano Vidal en 2001, et finalement contre le jésuite Roger Haight en 2004. La notification concernant des ouvrages du père Jon Sobrino est la première publiée depuis le début du pontificat de Benoît XVI, l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. (apic/imedia/ms/pr)

14 mars 2007 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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