Rome maintient le refus des bénédictions de couples homosexuels
« Le chemin synodal prend des décisions qui ne correspondent pas exactement à ce qu’est la doctrine actuelle de l’Église », a déclaré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, à propos de la volonté d’autoriser des bénédictions pour les couples homosexuels par le Chemin synodal allemand.
Interrogé par un groupe de journalistes en marge d’un événement organisé à Rome par La Civiltà Cattolica, le 13 mars 2023, le ›bras droit’ du pape a assuré qu’il allait y avoir un temps de « dialogue » et de « confrontation » entre Rome et les évêques allemands.
Le 10 mars, le Chemin synodal allemand, rassemblé à Francfort pour sa cinquième et dernière session, a adopté à une très large majorité (93 %) le texte ›Célébrations de bénédiction pour les couples qui s’aiment’, qui autorise les bénédictions des couples homosexuels mais aussi des divorcés-remariés.
Le Saint-Siège s’est pourtant opposé « de manière très claire » à toute bénédiction des couples homosexuels, a rappelé le cardinal Parolin, évoquant la note publiée par le dicastère de la Doctrine de la foi le 15 mars 2021. « C’est la position de Rome », a-t-il affirmé. Cette note, qui interdisait toute forme de bénédiction pour les couples homosexuels, avait été à l’époque très critiquée en Allemagne.
Le cardinal Parolin a aussi affirmé qu’« une Église locale, particulière, ne peut pas prendre une telle décision, qui implique la discipline de l’Église universelle ». Il a ensuite confirmé qu’une « confrontation » devait prochainement avoir lieu avec les évêques allemands pour savoir si cette réforme « se déroule dans le cadre du droit canonique ».
Le secrétaire d’État a considéré que les décisions du chemin synodal ne constituaient pas une « rébellion », préférant parler de « tensions ». Selon nos informations, le cardinal aurait convoqué un représentant de l’épiscopat allemand en amont de la session, s’inquiétant du manque de communication entre Rome et les évêques outre-Rhin.
Le texte approuvé par les Allemands prévoit une période probatoire de trois ans et les bénédictions pourront commencer dès lors qu’une prière de bénédiction sera reconnue par la conférence des évêques d’Allemagne. Lors des discussions précédant le vote du texte, plusieurs membres du chemin synodal ont souligné qu’une partie du clergé en Allemagne proposait déjà ces bénédictions dans les faits.
Le précédent belge
Pour adopter ce texte autorisant les bénédictions homosexuelles, les Allemands se sont appuyés les signes selon eux favorables envoyés par le Saint-Siège lors de la visite ad limina des évêques belges en novembre dernier. Les évêques belges avaient alors présenté leur texte à Rome, se montrant moins vindicatifs que les Allemands.
Les Belges avaient insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas à proprement parler de ›bénédiction’. Cependant, l’évêque d’Anvers, Mgr Johan Bonny, présent en observateur à Francfort, a déclaré publiquement et en présence du nonce apostolique en Allemagne, Mgr Nikola Eterovic, que l’appellation « prière de bénédiction » avait été choisie par les Flamands pour « aider un peu le Vatican ». (cath.ch/imedia/cd/mp)