Le pape Jules II, en 1506, premier souverain à ouvrir ses collections
Rome : Les Musées du Vatican fêtent leur demi-millénaire
Rome, 14 février 2006 (Apic) Les Musées du Vatican fêtent leur 500e anniversaire en 2006. En 500 ans d’histoire, les musées et les collections du Vatican n’ont cessé d’évoluer et de s’enrichir.
Lors d’une conférence de presse au Vatican, le cardinal Edmund Szoka, président du Gouvernorat de la Cité du Vatican, et Francesco Buranelli, ldirecteur des Musées, ont présenté les événements qui marqueront l’anniversaire de l’un des plus vieux musées du monde. En 500 ans d’histoire, les musées et les collections du Vatican n’ont cessé d’évoluer et de s’enrichir.
Tout a commencé en 1506, avec Jules II (1503-1513) et sa collection de sculptures antiques. Ce prince de la Renaissance italienne, surnommé à l’époque «Jules César II» par ses admirateurs, voulait restaurer le prestige et le pouvoir de la papauté. Cette année-là, il créa en tant que chef des armées pontificales, la Garde suisse pontificale. Il inaugura officiellement les travaux de la nouvelle basilique Saint-Pierre et, mécène protecteur de Michel-Ange, fit construire dans son palais du Belvédère, au fond des jardins du Vatican, une «cour des statues». Celle-ci fut le premier noyau du musée et Jules II fut l’un des premiers souverains à ouvrir ses collections au public.
Premier achat, un marbre antique lié à la Guerre de Troie
La date officielle de naissance des musées du Vatican est celle du 14 janvier 1506. En effet, ce jour-là, le groupe de marbre antique du Laocoon fut découvert à côté du Colisée. Sur les conseils de Michel-Ange, Jules II se porta immédiatement acquéreur, pour une somme exorbitante, de cette sculpture mythique. Cependant, le groupe trouvé à l’époque était incomplet. Ce n’est qu’en 1905 que Ludwig Pollak retrouva le bras droit du sujet principal, qui fut recollé à la statue lors d’une restauration en 1957-1960.
Ce groupe de marbre était déjà très célèbre dans l’Antiquité. Il évoque un passage de la légende du cheval de Troie. Laocoon, prêtre troyen de Poséidon, avait mis en garde ses concitoyens contre le cheval de bois offert par les Grecs. Deux monstrueux serpents le tuèrent, ainsi que ses fils. Les Troyens attribuèrent leur mort à un châtiment divin. Ils firent entrer le cheval géant dans leur ville. C’est alors que de ses flancs, les Grecs sortirent pour détruire la cité.
Au 18 e siècles les collections sont ouvertes en permanence au public
Il fallut cependant attendre le 18e siècle, avec Clément XIV (1769-1774) et Pie VI (1775-1799), pour que les collections d’art amassées par les papes soient accessibles en permanence au public. Ce fut alors la naissance effective des Musées et des Galeries pontificales. La section aménagée par ces deux papes porte encore aujourd’hui le nom de Musée Pio-Clementino.
Leur successeur, Pie VII (1800-1823), agrandit considérablement les collections d’antiquités classiques, grecques et romaines en créant deux nouvelles sections, le musée Chiaramonti (du nom de sa famille) et le Braccio Nuovo (l’aile neuve). Il enrichit aussi la collection épigraphique exposée dans la galerie lapidaire.
Grégoire XVI (1831-1846) fonda quant à lui le Musée Etrusque en 1837, le Musée égyptien deux ans plus tard et, avec des statues, des bas-reliefs et des mosaïques d’époque romaine qui ne trouvaient pas de place au Vatican, le Musée profane du Latran en 1844. A cette dernière section, Pie IX (1846-1878) ajouta en 1854 le Musée chrétien, comprenant la statuaire antique chrétienne, en particulier des sarcophages et des inscriptions.
Il fallut ensuite attendre le début du 20e siècle et le pontificat de Pie X (1903-1914), pour voir l’ouverture en 1910 d’un Musée lapidaire juif: une section contenant 137 inscriptions d’anciens cimetières juifs de Rome. Ces dernières collections (Musée grégorien profane, Musée chrétien et lapidaire juif) furent tous transportées du Latran au Vatican, sous Jean XXIII (1958-1963). Et en 1970, ces collections furent réouvertes au public.
Tapisseries des 16 et 17e siècle
Font également partie des Musées aujourd’hui : la Galerie des tapisseries, avec une collection de tapisseries des 16e et 17e siècles, la Galerie des cartes géographiques, les salles Sobieski et de l’Immaculée Conception, les Chambres et les Loges de Raphaël, décorées par Jules II et Léon X (1513-1503), la chapelle de Fra Angelico, peinte sous le pontificat de Nicolò Borgia (1447-1455), la Chapelle Sixtine, qui porte le nom de son fondateur Sixte IV (1471-1484), l’appartement Borgia, du pape Alexandre VI (1492-1503), la Pinacothèque du Vatican et le Musée Missionaire-Ethnologique fondé par Pie XI en 1926.
Les Musées comptent aussi leur collection d’art religieux moderne et contemporain. Voulue par Paul VI (1963-1978) en 1973, elle a été installée dans une partie de l’appartement Borgia. Enfin, le Musée historique, fondé lui aussi en 1973 et inauguré en 1987 dans l’appartement papal du palais du Latran, réunit une série de portraits des papes et des souvenirs des Corps militaires pontificaux, de la Chapelle et de la Famille pontificales, en particulier des charges de l’ancienne cour pontificale supprimées après le Concile Vatican II. Quant à la section des carrosses et voitures papales, elle est restée au Vatican. (apic/imedia/hy/vb)