Abolir la méfiance entre la science et la foi

Rome: le pape Jean Paul II réhabilite Galilée (011192)

Rome, 1ernovembre(APIC) «L’affaire Galilée», symbole d’un malentendu entre la science et la foi, appartient désormais au passé. Samedi, le mathématicien, physicien et astronome né à Pise en 1564 a été définitivement réhabilité par l’Eglise, 359 ans après avoir été déclaré hérétique. L’évènement est d’importance, c’est le pape lui-même qui a réhabilité l’homme de

science dans un discours prononcé en français devant l’Académie pontificale

des sciences, et devant les caméras de la télévision.

L’astronome Galileo Galilei, fut condamné le 22 juin 1633 par le

tribunal de l’Inquisition universelle, pour avoir soutenu les idées de

Corpernic sur la rotation de la terre autour du soleil. Idée jugée

«contraire aux Ecritures» qui enseignaient que la terre était le centre de

l’univers.

En 1979, le pape a institué une commission spéciale chargée de réexaminer le cas Galilée. Le discours de samedi à mis officiellement fin aux travaux de cette commission présidée par le cardinal français Paul Poupard,

président du Conseil pontifical pour la culture. Jean Paul II a situé dans

son message la véritable portée de cette réhabilitation: «Ce cas n’est-il

pas classé depuis longtemps et les erreurs n’ont-elles pas été reconnues?

(…) Certes cela est vrai. Cependant les problèmes sous-jacents à ce cas

touchent à la nature de la science, comme à celle du message de la foi.

(…) Il n’est donc pas à exclure que l’on se trouve un jour dans une situation analogue, qui demandera aux uns et aux autres une conscience avertie du champ et des limites de ses propres compétences.»

Le malentendu

Le pape a observé qu’»à partir du siècle des Lumières et jusqu’à nos

jours, le cas Galilée a constitué une sorte de mythe, dans lequel l’image

qu’on s’était forgée des événements était passablement éloignée de la réalité. (…) Dans cette perspective, le cas Galilée était le symbole du prétendu refus par l’Eglise du progrès scientifique, ou bien de l’obscurantisme «dogmatique» opposé à la libre recherche de la vérité.»

«Ce mythe a joué un rôle culturel considérable, a poursuivi Jean Paul

II. Il a contribué à ancrer de nombreux scientifiques de bonne foi dans

l’idée qu’il y avait incompatibilité entre, d’un côté, l’esprit de la

science et son éthique de recherche et, de l’autre, la foi chrétienne.»

«Une tragique incompréhension réciproque a été interprétée comme le reflet

d’une opposition constitutive entre science et foi. Les élucidations apportées par les récentes recherches historiques nous permettent d’affirmer que

ce douloureux malentendu appartient désormais au passé.»

Une leçon pour les théologiens

A propos de Galilé lui-même, Jean Paul II a observé qu’il ne fait pas de

distinction entre ce qui est l’approche scientifique des phénomèmes naturels et la réflexion sur la nature, d’ordre philosophique. Quant aux théologiens de l’Inquisition, leur problème était la compatibilité de l’héliocentrisme et de l’Ecriture. La science nouvelle les obligeait à s’interroger sur leurs propres critères d’interprétation de l’Ecriture. «La plupart

n’ont pas su le faire. La majorité des théologiens n’ont pas perçu la distinction formelle entre l’Ecriture Sainte et son interprétation», a expliqué

le pape. «C’est donc un devoir pour les théologiens» de se tenir régulièrement informés des progrès de la science pour les prendre en compte et opérer d’éventuelles révisions dans leur enseignement, a-t-il ajouté.

Un procès de bonne foi

Dans un discours précédant celui du pape, le cardinal Paul Poupard, président de la commission d’étude a exposé le contexte dans lequel les juges

ont été amenés à prononcer leur condamnation. «C’est dans une conjoncture

hsitorico-culturelle bien éloignée de notre temps, que les juges de Galilée, incapables de distinguer la foi d’une cosmologie millénaire, crurent,

bien à tort, que l’adoption de la révolution copernicienne, par ailleurs

pas encore définitivement prouvée, était de nature à ébranler la tradition

catholique, et qu’il était de leur devoir d’en prohiber l’enseignement.»

«Cette erreur subjective les conduisit à une mesure disciplinaire dont Galilée eut beaucoup à souffrir. Il faut loyalement reconnaître ses torts».

«La relecture des documents d’archives, a précisé le cardinal, le montre

encore une fois: tous les acteurs du procès, sans exception, ont droit au

bénéfice de la bonne foi, en l’absence de document extra-processuels contraires.»

Nomination du Père Georges Cottier à l’Académie des sciences

Dans le contexte de cette réhabilitation, la nomination comme membre honoraire de l’Académie pontificale des sciences, du Père Goerges Cottier,

dominicain suisse, théologien de la Maison pontificale et secrétaire de la

Commission théologique internationale acquiert une haute importance symbolique. (apic/cip/jt/mp)

1 novembre 1992 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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