Rome: Le mouvement international «Nous sommes l’Eglise» lance un appel au Synode

La remise en cause de plusieurs demandées

Rome, 4 octobre 2005 (Apic) Le mouvement international catholique contestataire «Nous sommes l’Eglise» (’We Are Church’) a lancé un appel au Synode des évêques, depuis Rome, le 4 octobre 2005. Il demande en autre la remise en cause du dogme de la transsubstantiation, du monopole de la hiérarchie ecclésiastique sur les sacrements et l’exercice de l’hospitalité eucharistique.

Martha Heizer, représentante du mouvement en Autriche, Gigi De Paoli, son alter ego en Italie, et le professeur Norbert Scholl, ancien professeur de théologie à Heildelberg en Allemagne, ont présenté cet appel.

Débutant par une critique des documents préparatoires au synode – l’Instrumentum laboris laissant «filtrer des remarques, des embarras et des troubles» mais orientant vers «ce qui a déjà été défini» – le mouvement espère que ce rassemblement d’évêques ne sera pas «une occasion manquée». Les évêques ne doivent pas «regarder ce synode simplement comme une confirmation solennelle, voire emphatique, de conclusions déjà acquises».

Ainsi, «nous sommes l’Eglise» demande l’abandon de l’idée de l’Eucharistie comme sacrifice, affirmant que «la célébration eucharistique devrait être présentée comme mémoire de la vie toute entière de Jésus». Et de défendre «une pleine liberté d’interprétation philosophique et théologique de ce mystère».

Persister dans le dogme de la transsubstantiation (changement de toute la substance du pain et du vin en toute la substance du corps et du sang du Christ, les protestants n’acceptent pas le dogme de la transsubstantiation, ndlr) pour expliquer la présence du corps du Christ dans l’Eucharistie, «induit ou renforce une vision quasi-magique et inversement, une mentalité matérialiste et légaliste», peut-on encore lire dans cet appel. Ainsi, le mouvement se dit «dérouté» par «toutes les formes de dévotion habituelles dans le culte eucharistique – adorations et processions – qui sacralisent l’Eucharistie, jusqu’à en faire une idole».

Exclusion des femmes: motifs insoutenables

Constatant ensuite le manque de prêtres dans l’Eglise catholique, le mouvement demande de recourir à l’autorisation du mariage des prêtres, à l’ordination des hommes mariés ainsi que des femmes. «L’exclusion des femmes repose sur des motifs insoutenables à tout point de vue, biblique, théologique, historique et oecuménique» peut-on lire dans ce document de trois pages.

Le texte se penche ensuite sur d’autres exclusions «appliquées par la hiérarchie» et «de moins en moins comprises» par l’assemblée eucharistique. Il aborde en particulier le cas des divorcés-remariés.

D’autre part, le mouvement ’Nous sommes l’Eglise remet en cause «le monopole du prêtre» sur la méditation de la parole de Dieu et invite les communautés à se l’approprier. «Ceci est déjà largement entré dans la pratique malgré les interdits, mais devrait devenir la pratique normale qui, bien conduite, mettrait en valeur à la fois la méditation du prêtre et celle de la communauté».

«Bref, chaque célébration eucharistique devrait se ’baigner’ dans le temps et l’espace et ne devrait pas être codifiée jusque dans le plus petit détail». Ainsi, «les autorités diocésaines, les prêtres et les communautés devraient rester libres».

Enfin, le mouvement ’Nous sommes l’Eglisé estime que «la marche oecuménique ouverte par le Concile Vatican II est maintenant arrêtée». L’un des obstacles est «l’impossibilité de l’intercommunion». Face à cette situation, l’appel lancé au Synode des évêques est de pouvoir «exercer au moins l’hospitalité eucharistique».

La seconde manif depuis 2001

Lors de la dernière assemblée générale ordinaire du Synode des évêques – instance consultative et non délibérative – en octobre 2001, le mouvement ’Nous sommes l’Eglise’, en collaboration avec le ’Réseau européen Eglise de liberté’, avait organisé à Rome un contre-synode de 4 jours, avec une trentaine de participants. Ce «synode parallèle du peuple de Dieu», avait demandé «une plus grande proximité des évêques et des cardinaux avec le peuple», l’instauration d’une «démocratie au sein de l’Eglise catholique», avec élections populaires des évêques choisis parmi les prêtres ou laïcs, hommes et femmes.

Au moment du conclave, en avril dernier, le mouvement avait présenté un projet à Rome pour une «vision d’une nouvelle Eglise» afin de tenter d’influencer le vote des cardinaux.

Le mouvement ’Nous sommes l’Eglise’ est né il y a dix ans. Il est apparu en Autriche en 1995, à la suite d’un ’référendum’, en Allemagne et dans la région italienne du Tyrol pour un renouveau de l’Eglise catholique. Les organisateurs de ce ’référendum’ avaient recueilli 2,5 millions de signatures. Le mouvement international ’Nous sommes l’Eglise a ensuite été officiellement fondé à Rome l’année suivante pour «la réforme de l’Eglise catholique sur la base du Concile Vatican II». Il est présent dans plus d’une vingtaine de pays. (apic/imedia/hy/pr)

4 octobre 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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