Rome: Le cardinal Sodano vole au secours de Pinochet
Son «odyssée» doit prendre fin
Rome, 18 février 2000 (APIC) L’»odyssée» du général Pinochet doit prendre fin, a déclaré le 17 février le cardinal Angelo Sodano, Secrétaire d’Etat du Vatican. Ce dernier répondait aux journalistes, avant de déjeuner avec le président chilien sortant Eduardo Frei, qui venait d’effectuer une visite privée au Vatican.
Les déclarations du numéro 2 du Vatican risquent fort de soulever un tollé au Chili et dans le monde, du moins de la part de ceux qui veulent voir l’ex-dictateur responsable de milliers de morts répondre de ses crimes devant un tribunal.
C’est la première fois que le cardinal Sodano, ex-nonce apostolique au Chili, intervient publiquement et si clairement sur le cas de Pinochet depuis qu’il a été arrêté, il y a 16 mois à Londres. Différents pays et associations de droit de l’homme veulent son extradition vers l’Espagne, alors que la justice s’interroge si Pinochet, qui n’a jamais manifesté le moindre repentir pour ses crimes, est mentalement et physiquement apte ou non à être jugé.
L’intervention de Mgr Sodano n’est pas passée inaperçue à Rome, où les observateurs du Vatican estiment que l’ex-nonce au Chili aurait été mieux inspiré en s’abstenant de toute déclaration sur ce sujet sensible s’il en est.
Selon un conseiller de l’ambassade du Chili en Italie, «70 % des chiliens pensent que Pinochet devrait passer devant les juges. 3’197 personnes sont mortes ou ont disparu – chiffres officiels, on parle en effet du double sinon plus – pendant les 17 ans de dictature chilienne sous Pinochet, qui devrait répondre à 57 cas judiciaires actuellement ouverts au Chili contre lui. Sans parler des cas ouverts contre lui en Europe, dans différents pays.
Lors d’une conférence de presse à Rome, le président sortant Frei a assuré qu’il n’a pas abordé le cas Pinochet avec le pape lors de son entretien privé d’une quinzaine de minutes au Vatican. Les deux hommes se sont entretenus sur l’Eglise au Chili et Jean Paul II a longuement rappelé son voyage dans ce pays d’Amérique Latine en avril 1987.
Accompagné de sa femme et de ses deux filles pour sa dernière visite à l’étranger avant de passer le pouvoir à son successeur, le président Frei n’a cependant pas commenté ses entretiens avec le cardinal Sodano qui connaît bien le Chili, pour y avoir vécu pendant plus de dix ans, de janvier 1978 à mai 1988.
Avec l’Argentine, le Chili constitue une autre épine pour l’Eglise catholique pendant les années noires des dictatures dans ces deux pays. L’attitude de l’ex-nonce en Argentine, Mgr Pio Laghi, à l’époque de la répression qui a fait des dizaines de milliers de morts et de «disparus» a souvent fait l’objet de vifs débats. On lui reproche notamment d’avoir fermé les yeux dans les pires moments de l’histoire moderne de l’Argentine. (apic/imed/pr)