Après la théologie de la libération, voici le temps du relativisme

Rome: Le cardinal Ratzinger dénonce le danger du relativisme religieux

Rome, 21 octobre 1997 (CIP) «Le relativisme est devenu, de nos jours, le problème fondamental pour la foi». C’est du moins ce qu’écrit le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, dans la préface d’une «Encyclopédie du Christianisme» récemment publiée en Italie par l’éditeur De Agostini.

Après avoir constaté que la théologie de la libération a constitué dans les années 80 la principale «provocation» à la foi de l’Eglise, le cardinal Ratzinger explique: «Si le péché pesait sur les structures, on pouvait le vaincre en luttant contre ces structures de l’injustice. Cette lutte devait être politique. La Rédemption devenait un processus politique, auquel la philosophie marxiste donnait les orientations de fond. De «théorie», la foi se transformait en pratique, dans une action concrète de libération. Cette analyse, poursuit le cardinal, a perdu de sa vigueur avec «les événements de 1989». Ceux-ci ont provoqué une énorme désillusion qui ne s’est pas encore apaisée. Le déclin de l’unique système qui proposait une solution à base scientifique aux problèmes humains ne pouvait laisser la place qu’au nihilisme, voire à un relativisme total.

Pour le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le relativisme est effectivement devenu aujourd’hui le problème fondamental pour la foi. «Il se présente, dit-il, comme la base philosophique de la démocratie, laquelle se fonderait sur le fait que personne ne peut prétendre connaître la voie juste. Ainsi une société libérale devrait être une société relativiste, condition de sa nature libérale et de son ouverture».

Oui au relativisme politique, non au relativisme religieux

A la limite, relève le cardinal Ratzinger, la prééminence du relativisme peut se comprendre dans le cadre de la société politique. Mais il commence à poser de sérieux problèmes quand il touche la question religieuse: «On ne peut nier une certaine légitimité au relativisme dans le domaine politico-social, écrit-il, mais le problème vient du fait que le relativisme est également adopté pour les questions religieuses et éthiques. C’est ainsi que la théologie pluraliste des religions, qui s’était déjà affirmée dans les années 50, a pris aujourd’hui une importance fondamentale pour la conscience chrétienne. Elle a pris la place occupée par la théologie de la libération dans la dernière décennie».

Influence de l’Occident et de l’Inde

Le contenu de cette théologie est un produit typique du monde occidental et des ses conceptions philosophiques, mais il est aussi le fruit des influences philosophiques et religieuses de l’Asie, en particulier indiennes. Dans cette optique, «affirmer qu’une vérité existe, qu’elle s’impose validement dans l’histoire par la figure du Christ dans la foi de l’Eglise, est perçu comme fondamentaliste et constitue un véritable attentat contre le monde moderne».

Au total, poursuit le cardinal Ratzinger, «le relativisme areligieux et pragmatique de l’Europe et de l’Amérique peut ainsi recevoir de l’Inde une consécration religieuse». De plus, le fait que le relativisme se présente comme une rencontre avec toutes les cultures, et comme la vraie philosophie de l’humanité, lui donne une grande force de persuasion. Le cardinal Ratzinger relève une seconde conséquence de cette évolution pour l’Eglise: La tentative d’étendre le principe de la majorité à la foi et à ses coutumes pour vraiment «démocratiser» l’Eglise. N’est acceptable que ce qui a été accepté par la majorité. Mais, se demande le cardinal, de quelle majorité s’agit-il? Sera-t-elle la même aujourd’hui et demain ? Une foi que nous serions en mesure de construire n’est plus une foi. Une minorité ne peut pas se laisser imposer une foi par une majorité. «La foi et sa pratique viennent du Seigneur à travers son Eglise et l’exercice des sacrements. Autrement, elles n’existent pas». (apic/cip/imed/ba)

10 April 2001 | 00:00
by webmaster@kath.ch
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