Le souvenir des massacres de Serbes par des Croates encore vif
Rome: La visite-éclair de Jean Paul II en Bosnie-Herzégovine suscite des remous
Rome, 20 juin 2003 (Apic) D’après les journalistes présents à Banja Luka, en Bosnie-Herzégovine, la tension monte jour après jour dans cette ville à majorité serbe où Jean Paul II doit se rendre le 22 juin. Le souvenir des massacres de Serbes par les oustachis croates durant la Seconde guerre mondiale reste encore vif.
A quelques heures de l’arrivée du pape sur le territoire serbe de Bosnie- Herzégovine, les affiches annonçant l’événement ont été bariolées en signe de protestation. Des inscriptions font allusion à l’époque des oustachis, parti croate proche des nazis, durant la Seconde guerre mondiale.
De 1941 à 1945, plusieurs centaines de milliers de Serbes à majorité orthodoxe ont été tués dans des camps de concentration par les oustachis croates – à majorité catholiques -, avec le soutien de l’Autriche-Hongrie et de certains franciscains. Même si ces derniers avaient été excommuniés pour la plupart par le Vatican, l’histoire serbe a gardé en mémoire les images de ces moines défroqués travaillant pour la conversion forcée des orthodoxes vers le catholicisme, faisant l’amalgame entre ces tortionnaires et l’Eglise catholique.
Béatification dans la ville de «frère satan»
Les polémiques concernent principalement le choix du lieu des cérémonies du pape. Le monastère où Jean Paul II célèbrera la messe de béatification d’Ivan Merz, laïc croate mort en 1928, Petricevac, a en effet abrité le chef de file de ces franciscains oustachis, Vjekoslav Filipovic. Surnommé «frère satan», ce dernier était responsable d’un des principaux camps de concentration, celui de Jasenovac, où périrent 40’000 hommes, femmes et enfants.
Sur les portraits de Jean Paul II affichés sur les murs de Banja Luka, on peut notamment voir le slogan des nationalistes serbes, «Seule l’unité peut sauver les Serbes», ou encore la lettre ’U’ pour ’oustachi’. Il y a quelques jours, la police de Banja Luka a arrêté les organisateurs d’une manifestation de protestation qui aurait dû se dérouler durant la visite du pape.
Pour assurer la sécurité du pape et des quelque 50 à 100’000 personnes attendues pour la journée du 22 juin, 4’000 policiers seront déployés sur les trajets qu’empruntera Jean Paul II. La Force de stabilisation de l’OTAN, la SFOR, a par ailleurs promis l’aide de renforts.
Interrogé par l’Apic, l’ambassadeur de Bosnie-Herzégovine auprès du Saint- Siège, Ivan Misic, a minimalisé les risques de désordre en affirmant que les auteurs de ces protestations «sont peu nombreux». «Même si nous nous attendons à quelques troubles ici ou là, a-t-il affirmé, nous avons tout fait pour qu’ils ne perturbent pas l’enthousiasme de la majorité des habitants de Banja Luka». Selon lui, «tout est prêt pour accueillir Jean Paul II». (apic/imedia/bb)