Le nombre de cardinaux électeurs passe de 108 à 120
Rome: La configuration géographique du nouveau collège cardinalice
Rome, 22 février 2006 (Apic) Benoît XVI a annoncé, le 22 février 2006, jour de la fête de la Chaire de saint Pierre, qu’il créerait 15 nouveaux cardinaux le 24 mars prochain, veille de la fête de l’Annonciation. Parmi eux, 8 sont Européens, 3 sont Asiatiques, deux sont Américains, un est Africain et un est Latino-américain.
En tout, à partir du 24 mars 2006, il devrait y avoir 100 cardinaux européens, 32 venant d’Amérique latine, 20 cardinaux américains, 20 asiatiques, 17 africains et 4 océaniens.
Benoît XVI créera, le 24 mars, 15 cardinaux, ce qui portera le collège cardinalice à un total de 193 cardinaux, contre 178 actuellement. Parmi les nouveaux cardinaux, 12 ont moins de 80 ans. Ainsi, le nombre d’électeurs passera de 108 à 120. Actuellement, le collège des électeurs compte 110 membres, mais le 2 mars, le cardinal Bernard Agré, archevêque d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, fêtera ses 80 ans, suivi du cardinal irlandais Desmond Connell, archevêque émérite de Dublin, qui atteindra cet âge le 24 mars.
Un nombre fixé par le pape Paul VI
«Avec la création des nouveaux cardinaux, je souhaite compléter le nombre des 120 membres du collège cardinalice, fixé par le pape Paul VI» en 1973, a précisé Benoît XVI, en annonçant le consistoire. Jean Paul II avait dépassé ce plafond à plusieurs reprises, faisant monter le collège des électeurs à 135, en 2001 et en 2003.
Jusqu’ici, parmi les 178 cardinaux, l’Europe en comptait 92 (51,7%), dont 55 électeurs, l’Amérique latine 31 (17,4%), dont 19 électeurs, l’Amérique du Nord 18 (10,11%), dont 14 électeurs, l’Asie 17 (9,55%), dont 10 électeurs, l’Afrique 16 (8,98%), dont 10 électeurs et l’Océanie 4 (2,2%), dont 2 électeurs. Benoît XVI a décidé de donner de l’importance à l’Europe, à l’Asie et à l’Amérique du Nord, en faisant cardinaux 8 Européens, dont 6 de moins de 80 ans, 3 Asiatiques, tous électeurs, et 2 Américains de moins de 80 ans.
Ainsi, sur l’ensemble des cardinaux, 51,81% seront européens le 24 mars, 10,36% asiatiques et 10,36% américains. En revanche, l’Amérique latine perd légèrement en importance (elle ne gagne qu’un cardinal de moins de 80 ans et ne représentera plus que 16,6% du collège cardinalice) tout comme l’Afrique qui ne gagne qu’un cardinal de plus de 80 ans (elle ne représentera plus que 8,8% du collège cardinalice). Quant à l’Océanie, qui ne compte pas de nouveaux cardinaux, elle sera aussi moins bien représentée dans le collège cardinalice, à hauteur 2%.
L’Europe, avec 60 cardinaux électeurs, représente la moitié du collège des électeurs
Le 24 mars 2006, l’Europe comptera 60 cardinaux électeurs et représentera, comme aujourd’hui, la moitié du collège des électeurs et l’Amérique latine en comptera 20 et représentera alors 16,7% du collège électoral (contre 17,3% actuellement). L’Amérique du Nord en comptera 16 et représentera 13,3% du collège électoral (contre 12,7% actuellement).
13 cardinaux électeurs seront asiatiques, si bien que le continent sera représenté à 10,8% dans le collège électoral (contre 9% actuellement). L’Afrique n’aura plus que 9 cardinaux électeurs et sa représentation dans ce collège tombera à 7,5% contre 9% actuellement. Enfin, l’Océanie comptera comme aujourd’hui 2 cardinaux électeurs et ne représentera plus que 1,7% du collège électoral contre 1,8% actuellement.
Avec ces nouvelles nominations, Benoît XVI renforce donc l’importance de l’Amérique du Nord et de l’Asie de l’Est ainsi que la présence des Etats-Unis, de la France et de l’Italie. En effet, deux nouveaux cardinaux sont américains, deux français et trois italiens. Les 8 autres pays représentés parmi les nouveaux cardinaux, Slovénie, Venezuela, Philippines, Espagne, Corée du Sud, Pologne, Hong Kong (Chine) et Ghana, ne comptent qu’un nouveau cardinal.
«Dans la liste des nouveaux cardinaux, l’universalité de l’Eglise est bien reflétée», a considéré Benoît XVI, après avoir énuméré les noms des élus à la pourpre cardinalice. «Ils proviennent en effet de différentes parties du monde et revêtent des fonctions différentes dans le service au peuple de Dieu». AR/JB
Encadré
Un nouveau cardinal chinois: Mgr Joseph Zen Ze-kiun
Parmi les quinze nouveaux cardinaux dont les noms ont été annoncés le 22 février se trouve Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque du diocèse de Hongkong. Agé de 74 ans, le prélat recevra les insignes cardinalices le 24 mars prochain, lors du premier consistoire convoqué par Benoît XVI. Il deviendra le sixième cardinal chinois de l’histoire de l’Eglise et le seul cardinal chinois aujourd’hui âgé de moins de 80 ans, faisant ainsi partie du collège des cardinaux-électeurs.
Mgr Joseph Zen dirige le diocèse de Hongkong depuis la mort, le 23 septembre 2002, du cardinal John Baptist Wu Cheng-chung, son prédécesseur, nommé évêque de Hongkong en 1975. Sa nomination comme évêque remonte au 9 décembre 1996, lorsque le pape Jean Paul II l’a fait coadjuteur de Hongkong, en même temps que Mgr John Tong Hon, nommé évêque auxiliaire de ce diocèse.
Né dans une famille catholique de Shanghai le 13 janvier 1932, Joseph Zen est entré chez les salésiens à l’âgé de 12 ans, en 1994. Quatre ans plus tard, il était à Hongkong où il entrait au petit séminaire des salésiens. Envoyé en Italie parfaire ses études, il a été ordonné prêtre à Turin en 1961, avant d’obtenir un doctorat en philosophie à l’université salésienne de Rome en 1964. Revenu à Hongkong pour enseigner à la maison d’études des salésiens, il a ensuite été professeur, à partir de 1971, au séminaire diocésain, le Séminaire du Saint-Esprit.
Elu supérieur de la province chinoise des salésiens en 1978, il retourna au séminaire diocésain en 1984 où il assuma la direction du premier cycle d’études jusqu’en 1991. En 1989, il a été le premier prêtre du diocèse de Hongkong autorisé par la Chine populaire à se rendre sur le continent pour enseigner dans les séminaires «officiels». De cette date jusqu’à son ordination épiscopale, en 1996, il a passé près de six mois par an sur le continent, dans différents séminaires de Chine populaire.
En tant qu’évêque coadjuteur puis ordinaire du diocèse de Hongkong, Mgr Joseph Zen n’a jamais hésité à prendre position dans le débat public sur des sujets touchant à la vie politique et religieuse de Hongkong. Peu après la rétrocession, il a défendu avec ténacité le droit au regroupement familial pour les Chinois du continent installés à Hongkong. En septembre 2000, tandis que Pékin protestait bruyamment contre la canonisation à Rome le 1er octobre de 120 martyrs de l’Eglise en Chine, il fit paraître un article dans la presse locale pour expliquer et défendre la position du Saint-Siège.
Plus tard, il a été l’un des plus virulents opposants à la législation dite anti-subversion, la dénonçant comme potentiellement liberticide et encourageant les catholiques hongkongais à défendre la démocratie. En juillet 2003, le succès de la manifestation (500’000 personnes dans les rues de Hongkong) contre cette législation lui a été en partie crédité. Plus tard, son engagement sur la scène publique n’a pas faibli. Le franc-parler de Mgr Zen Ze-kiun n’a pas été du goût de tous, jusque dans les rangs des catholiques de Hongkong où certains se sont dits inquiets par l’image que l’évêque donnait de l’Eglise et durant des années, Mgr Zen était de facto persona non grata sur le continent.
A Rome, Mgr Zen semble jouir d’un soutien constant. Jean Paul II l’avait ainsi nommé membre du conseil post-synodal réuni à la suite du Synode des évêques pour l’Asie du printemps 1998. Benoît XVI l’a aussi nommé membre du conseil post-synodal du Synode pour l’Eucharistie, tenu à Rome en octobre 2005. Enfin, Mgr Zen a été nommé l’an dernier membre de la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. (apic/eda/imedia/ar/be)