Chaque élément du film a été créé dans le respect absolu de l’original, réalisé entre 1495 et 1497 | DR
International

Rome: «La Cène» devient un tableau vivant

C’est un pont surprenant qui a été jeté entre peinture et cinéma lors de la présentation de «La Cène – le tableau vivant», une mise en scène cinématographique de la célèbre fresque de Léonard de Vinci présentée le 5 avril 2022 à l’ambassade de Belgique près le Saint-Siège, à Rome.

Cette réalisation spectaculaire de réalisme, a expliqué l’ambassadeur Patrick Renault, a été effectuée pour tenter de comprendre comment Léonard de Vinci a voulu saisir le mystère du dernier repas du Christ. Pour y répondre, trois lauréats des Oscars ont été mis à contribution par le réalisateur américain Armondo Linus Acosta.

Ce dernier, présent lors de cette soirée, a expliqué avoir cherché à partager cette expérience esthétique et spirituelle «de la manière la plus passionnée et la plus divinement inspirée possible». Plutôt que de parler de film – même s’il s’agit bien d’une production cinématographique – le réalisateur préfère d’ailleurs parler de «tableau vivant».

L’œuvre d’art, en neuf minutes, permet de donner vie au chef d’œuvre de l’artiste italien. Chaque élément du film a été créé dans le respect absolu de l’original, réalisé entre 1495 et 1497. On y retrouve notamment les paramètres révolutionnaires de sa perspective qui ont transformé à jamais l’histoire de l’art.

Retrouver le coup de pinceau

Armondo Acosta explique avoir «délibérément enregistré le tableau vivant au ralenti extrême» pour se rapprocher de l’expérience de la peinture. De cette façon, le mouvement lent de la caméra doit permettre d’épouser la méditation mystique qui apparaît sous les coups de pinceau du «Divino«.

La scène s’ouvre sur un paysage intemporel, accompagné par la mélodie profonde et prémonitoire du Stabat Mater de Gioachino Rossini. La pièce et la table – le premier autel de l’Eucharistie – apparaissent lentement, créant une tension narrative autour des apôtres qui attendent Jésus.

Ces derniers ruminent entre eux et se demandent pourquoi le Seigneur les a rassemblés. Mais Jésus entre enfin et prend le devant de la scène. Après qu’il a béni les disciples et le repas arrive le point culminant de la séquence: l’annonce de la trahison d’une des personnes présentes – Judas.

Trois Oscars et un prêtre

Pour s’approcher de la perfection du maître italien, Acosta a donc invité trois lauréats des Oscars à collaborer avec lui: Vittorio Storaro (cinématographie), Dante Ferretti et Francesca Lo Schiavo (conception du décor et décoration scénique). Mais la partie technique, réalisée avec une attention remarquable, n’est pas la seule à avoir été particulièrement soignée: une vraie réflexion spirituelle a été menée.

Le prêtre Peter Baekelmans, professeur à Louvain (Belgique) et directeur du SEDOS, s’est ainsi vu confier la tâche de conseiller théologique. Le prêtre belge, pendant la présentation à l’ambassade, a rappelé les paroles de Jésus lors de la Cène montrant comment Léonard de Vinci avait cherché à transmettre la profondeur de l’Évangile dans son œuvre.

Une version «ukrainienne»

À la fin de la présentation, le réalisateur a offert une surprise aux participants réunis par l’ambassadeur de Belgique: une nouvelle version du tableau vivant dans laquelle il avait monté des images choquantes de la douleur causée par la guerre en Ukraine.

Après la présentation à l’ambassade, le documentaire va être projeté dans d’autres villes : à Milan, dans le couvent-basilique de Santa Maria delle Grazie qui abrite l’œuvre originale de Léonard, à Matera dans les Pouilles, et à Palma de Mallorca en Espagne. (cath.ch/imedia/cd/bh)

Chaque élément du film a été créé dans le respect absolu de l’original, réalisé entre 1495 et 1497 | DR
6 avril 2022 | 17:50
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 2  min.
Ambassade (27), Belgique (218), repas (10), Tableaux (6)
Partagez!