Rome: L’Eglise catholique est «mère» et non «soeur», souligne le cardinal Ratzinger

L’expression «Eglise sœur» ne s’applique pas à l’Eglise réformée

Rome, 5 septembre 2000 (APIC) Dans un document diffusé mardi par une agence romaine, le cardinal Ratzinger met en garde contre l’expression «soeurs» pour qualifier les Eglises qui ne sont pas catholiques. Cette dénomination ignore que l’Eglise guidée par Rome est en réalité l’unique «Eglise mère».

L’expression ’»Eglise soeur», attestée par la tradition commune de l’Orient et de l’Occident, ne peut être utilisée que pour les communautés ecclésiales qui ont préservé un Episcopat et une Eucharistie valides, affirme le cardinal Ratzinger.

Ces thèses sont contenues dans un document signé par le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Le texte, intitulé «Note sur l’expression ’Eglises soeurs’», est daté du 30 juin 2000 et n’a pas été publié par le Vatican auparavant. Il est diffusé aujourd’hui en Italie par l’agence romaine Adista qui a eu également le texte anglais du document et une lettre dans laquelle le cardinal explique aux présidents des Conférences épiscopales du monde le sens de ce document.

Eviter des malentendus

Le cardinal Joseph Ratzinger, 73 ans, choisi il y a 19 ans par Jean Paul II pour présider la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, affirme dans sa lettre d’accompagnement que l’expression «Eglise soeur» entrée dans le vocabulaire théologique et oecuménique courant, peut entraîner des malentendus sur la signification que ces paroles ont pour le Magistère catholique.

Pour cette raison, la Congrégation a préparé la note approuvée par le pape le 9 juin. «Les indications contenues dans cette Note doivent donc être considérées comme faisant autorité et étant obligatoires, même si la Note ne sera pas publiée de façon officielle dans Acta Apostolicae Sedis (ndr: actes officiels du Saint-Siège) étant donné son but limité, qui est de spécifier la terminologie théologique correcte sur ce thème», affirme le cardinal Ratzinger.

Terme utilisé dès le 15e siècle

La Note rappelle que l’expression «Eglises sœurs» a d’abord été utilisée en Orient lorsque, à partir du quinzième siècle, l’idée de la Pentarchie – selon laquelle il y a cinq patriarches à la tête de l’Eglise, celle de Rome occupant la première place parmi les Eglises sœurs patriarcales – a commencé à gagner du terrain. «A cet égard, toutefois, il faut noter qu’aucun pontife romain n’a jamais reconnu ce nivellement des sièges ni accepté que seule une primauté d’honneur soit accordée à l’Eglise de Rome», rappelle la Congrégation dans la Note.

En des temps plus récents, poursuit le texte, le patriarche oecuménique de Constantinople, Athénagoras Ier (patriarche de 1948 a` 1972), a été le premier à utiliser de nouveau l’expression «Eglises sœurs». Il a souvent exprimé dans ses lettres l’espoir de voir l’unité entre les Eglises soeurs rétablie dans un proche avenir. Paul VI et Jean-Paul II ont utilisé l’expression «Eglises soeurs» pour évoquer les relations entre l’Eglise catholique romaine et l’orthodoxie, affirme le document.

«Mais, ajoute le cardinal Ratzinger, il doit toujours être clair, lorsque l’expression ’Eglises soeurs’ est utilisée dans ce sens propre, que l’Eglise universelle, une, sainte, catholique et apostolique n’est pas ’soeur’ mais ’mère’ de toutes les Eglises particulières.» (eni/apic/bb)

Moluques: Chrétiens et musulmans à Djakarta pour tenter de mettre un terme à la guerre

«Nous poursuivrons la guerre jusqu’au contrôle total d’Amboine»

Amboine/Djakarta, 5 septembre (APIC) Une délégation de responsables chrétiens et musulmans des Moluques ainsi que le gouverneur et les chefs de l’armée et de la police de l’île se sont envolés pour Djakarta, la capitale indonésienne. Ils y ont rencontré le président indonésien Abdurrahman Wahid pour tenter de trouver une solution au conflit qui ensanglante depuis des mois l’ex-colonie néerlandaise. Des milliers de combattants du «Djihad islamique» venus d’autres parties de l’Indonésie tentent d’établir une république islamique dans l’ancienne «île des épices».

Leur message est on ne peut plus clair: «La guerre ne finira pas tant que nous n’aurons pas le contrôle total de la ville d’Ambon», a lancé le leader islamique Ustad Jaffar Umar Tahlib en haranguant la communauté musulmane réunie en la Mosquée Al-Fatah d’Amboine, le chef-lieu des Moluques. Le conflit a déjà coûté la vie à près de 10’000 de personnes et provoqué la fuite de plus de 350’000 personnes ainsi que la destruction de plus de la moitié des lieux de culte chrétiens et de quelque 200 mosquées.

Les véritables agitateurs seraient les chrétiens

Selon des sources émanant du Centre de crise du diocèse catholique d’Amboine, le leader musulman a incité ses fidèles à poursuivre le combat «tant que les chrétiens ne cesseront pas de calomnier et de tourmenter les musulmans». Il s’est dit certain que le conflit était le seul moyen de résoudre la situation et de «construire un avenir lumineux pour nos enfants et petits-enfants».

Le militant islamique a affirmé que les véritables agitateurs étaient les chrétiens, qui veulent dominer l’archipel et obtenir la séparation des Moluques de l’Etat indonésien avec l’aide des Nations Unies. Ustad Jaffar Umar Tahlib a attaqué le président Abdurrahman Wahid, parce que selon lui, il ne défend pas les droits des fidèles de l’Islam.

Le leader musulman a en outre affirmé que le calme actuel n’était qu’un «intervalle», comparable à la mi-temps d’un match, étant donné que les chrétiens n’avaient pas démontré une disponibilité sincère à faire la paix.

Retrait des militants du «Djihad» exigé

De son côté, la communauté chrétienne a fait savoir qu’elle ne traiterait pas avec les musulmans tant que les combattants de la «Djihad» (la guerre sainte) ne quittaient pas la région.

La délégation catholique qui s’est rendue à Djakarta est dirigée par l’évêque d’Amboine Mgr Pierre Canisius Mandagi. Elle comprend également d’autres chrétiens. Illustration du profond fossé qui sépare les fidèles des deux religions, trois avions ont été utilisés pour acheminer les délégations: dans le premier, le gouverneur des Moluques, Saleh Latuconsina, et le commandant en chef des forces armées locales, Made Yasa; dans le deuxième, une délégation de 12 chrétiens; dans le dernier, une délégation de 12 musulmans.

Cimetières profanés

Au diocèse d’Amboine, les religieux se demandent pourquoi les passagers n’ont pas tous emprunté le même appareil. Ils dénoncent également les profanations de tombes du cimetière de la zone de Poka-Rumahtiga – une localité d’Amboine complètement détruite par les guérilleros menant la «djihad», perpétrées par les musulmans qui ont pris possession du territoire. Un autre cimetière est également objet de pillages et de profanation, celui de Batumerah-Galunggung, dans la périphérie nord de la ville. (apic/misna/be)

5 septembre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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