Au patriarche oecuménique de Constantinople Bartholomé Ier
Rome: Jean Paul II rend les reliques de deux saints
Rome, 23 novembre 2004 (Apic) Jean Paul II rendra, le 27 novembre 2004, les reliques des évêques de Constantinople saint Jean Chrysostome et saint Grégoire de Nazianze à Bartholomé Ier. A cette occasion, une cérémonie oecuménique présidée par le pape et le patriarche oecuménique de Constantinople aura lieu dans la basilique saint-Pierre, samedi 27 novembre.
Mgr Brian Farrell, secrétaire du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens a expliqué à l’agence Apic à Rome: «Quand le patriarche Bartholomé est venu à Rome le 29 juin dernier pour la fête des saints Pierre et Paul, il a demandé au pape les reliques des saints Jean Chrysostome et Grégoire de Nazianze». Ces saints qui ont «une place très importante dans le calendrier orthodoxe», étaient des patriarches de Constantinople au IVe siècle, et donc les prédécesseurs de Bartholomé Ier, a souligné Mgr Brian Farrell.
Jean Chrysostome (349-407) d’Antioche, et Grégoire de Nazianze (330-390) de Cappadoce, sont tous deux docteurs de l’Eglise. Le premier, appelé ’bouche d’or’ (en grec chrysostome), est célèbre pour sa prédication. Son exceptionnelle éloquence servait en effet sa solide exégèse, dont il a laissé une oeuvre immense, parmi laquelle Traités ascétiques, Homélies et Catéchèses baptismales. Il est patron des prédicateurs chrétiens. Le second a surtout été reconnu pour sa lutte contre l’arianisme, définissant le dogme trinitaire contre cette hérésie, qui nie la consubstantialité du Fils (le Christ) avec le Père (Dieu). Il est l’auteur de deux discours Contre Julien dit ’l’Apostat’, alors empereur de Constantinople, et qui défendait l’arianisme.
La venue du patriarche, signe de «rapprochement grandissant»
«Jean Paul II a donné son accord et maintenant le patriarche vient recevoir les reliques. C’est un acte qu’il voulait faire personnellement», a encore précisé le prélat irlandais. «Les reliques étaient dans la basilique saint- Pierre depuis des centaines d’années», a-t-il ajouté.
Les reliques de saint Grégoire, conservées depuis le VIIIe siècle dans un monastère de bénédictines à Rome, avaient en effet été déplacées dans la basilique Saint-Pierre en 1580, à l’initiative de Grégoire XIII. Quant aux restes du corps de saint Jean Chrysostome, transférés à Rome au XIIIe siècle lors du sac de Constantinople, ils se trouvent dans la chapelle du saint Sacrement de la basilique vaticane depuis le XVIIe siècle.
«Cette venue du patriarche est un signe de rapprochement grandissant», a encore commenté Mgr Farrell. Si en juin dernier, Bartholomé Ier a proposé au pape de venir à Istanbul, le Vatican a décliné par lettre l’invitation, officiellement en raison de la fragile santé du souverain pontife. «Même si toutes les questions doctrinales et surtout d’ecclésiologie» des Eglises catholique et orthodoxe ne sont pas résolues, «il y a une croissance continue dans les relations personnelles» des membres de leur hiérarchie, a- t-il souligné. Les Eglises orthodoxe et catholique sont séparées depuis le Grand Schisme de 1054.
Interrogé sur le parallèle avec l’icône de Kazan qui a été rendue par Jean Paul II à l’Eglise orthodoxe de Moscou, le prélat a répondu que «les deux Eglises orthodoxes sont assez indépendantes», mais ces gestes du pape «sont des signes de la communion profonde qui existe déjà entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe».
La seconde visite du patriarche orthodoxe dans l’année
La visite imminente à Rome du patriarche orthodoxe de Constantinople sera la seconde pour l’année 2004. Bartholomé Ier s’était en effet rendu au Vatican du 28 juin au 2 juillet dernier, à l’occasion du 40e anniversaire de la rencontre historique entre le patriarche Athénagoras et le pape Paul VI.
Le recevant dans la matinée du 29 juin, Jean Paul II avait souligné l’importance et l’urgence de la reprise du dialogue théologique, suspendu depuis la dernière session de la Commission mixte internationale de dialogue qui s’était réunie en l’an 2000 à Baltimore. Le patriarche oriental pour sa part, avait exprimé son souhait d’»une unité» qui puisse se réaliser «dans l’avenir», soulignant que même si cet «avenir pouvait être lointain», il ne fallait pas s’en inquiéter ni se laisser emprisonner par «des limites temporelles».
La célébration du 27 novembre «constitue un signe du désir de l’Eglise d’Occident et d’Orient de marcher ensemble vers le don de l’unité visible «, peut-on lire dans un communiqué du Saint-Siège. La cérémonie se déroulera selon une Liturgie de la parole, commençant pas les rites d’introduction et la vénération des reliques, suivis d’une lecture biblique et patristique puis d’un moment de prière, et finalement de la remise des reliques et des rites de conclusion.
C’est en 1995 que Bartholomé Ier, élu en 1991, et «primus inter pares» au sein de l’Eglise orthodoxe, avait rendu sa première visite à Jean Paul II, au Vatican. Le patriarche, actuellement âgé de 64 ans, était revenu à Rome en janvier 2002, afin de participer à la journée de prière interreligieuse pour la paix, organisée à Assise par le pape. VB
Un ’oecuménisme des saints’
C’est Paul VI qui a ouvert la voie à cet ’oecuménisme des saints’ – l´Eglise latine remet à l´Eglise d´Orient des reliques lui ayant autrefois appartenu – en restituant la main de saint André, patron de l’Eglise de Constantinople, à l´Eglise orthodoxe. En outre, l´histoire récente de l´Eglise romaine a donné quelques exemples de gestes comparables, comme la remise au patriarche de Moscou Alexis II des reliques de saint Nicolas, par une délégation du diocèse de Bari, en 2001, ou de celles de saint Grégoire l´Illuminateur, conservées dans un monastère de Naples, à Karékine II, Catholicos de tous les Arméniens, par Jean Paul II, en novembre 2000. (apic/imedia/ar/vb)