Rome: «Dies Domini» : Lettre apostolique du pape Jean Paul II sur le dimanche

Le jour du Seigneur et le jour de l’homme

Rome, 7 juillet 1998 (APIC) Le dimanche appartient à l’identité chrétienne. Il ne doit être ni banalisé ni trahi, souligne Jean Paul II dans sa nouvelle lettre apostolique «Dies Domini» publiée le 7 juillet. Loin de constituer une évasion, le dimanche chrétien implique que le fidèle s’engage à la solidarité, faisant du dimanche une grande école de charité, de justice et de paix. Pour Jean-Paul II, la célébration du dimanche est non seulement une obligation ou un devoir, mais un «droit de l’homme» qui doit être protégé par des législations adéquates.

Face à une désaffection de la célébration dominicale dans certains pays de tradition chrétienne et face à la banalisation du dimanche en simple «fin de semaine» consacrée à la détente, le pape rééaffirme que la célébration du dimanche chrétien est, avant même d’être un précepte, un besoin intérieur ressenti spontanément dès les temps apostoliques par les communautés chrétiennes.

Le dimanche irradie des énergies de vie et des motifs d’espérance, parce qu’il manifeste, explique la Lettre, que le temps est habité par le Christ ressuscité et n’est donc pas le tombeau de nos illusions mais le berceau d’un avenir nouveau.

Le pape cite l’exemple extrême des martyrs d’Abithina (Afrique du Nord), mis à mort au temps de la persécution de l’empereur romain Dioclétien pour avoir été fidèles à cette célébration du mystère du Christ ressuscité. Dans des situations d’indifférence, de danger, de manque de liberté religieuse, la fidélité de certains chrétiens au dimanche s’est avérée héroïque.

Ce besoin spontané et cette obligation de conscience ont été ensuite sanctionnés, souligne le pape, par des décisions canoniques. Cette loi est devenue universelle avec le code de droit canon de 1917, et le code de 1983 en fat une obligation grave, vu son importance dans la vie chrétienne. Cette obligation n’est pas un simple précepte cultuel, insiste le document: il s’agit du troisième commandement, sanctifier le jour du Seigneur. Par conséquent, ce qui est en jeu, explique-t-il, c’est la réponse de l’homme à l’alliance d’amour que Dieu lui propose, dans le Christ ressuscité, par l’Esprit. Le dimanche, dit le pape, est une Pâque hebdomadaire, il est aussi la Pentecôte de la semaine.

Le dimanche appartient à la dignité de l’homme

C’est pourquoi, il revient aux fidèles de prendre conscience de leur responsabilité dans la célébration du dimanche, aux pasteurs d’offrir à tous la possibilité de satisfaire au précepte, et aux autorités civiles de garantir cette liberté. Jean-Paul II se réfère à l’encyclique sociale Rerum Novarum publiée en 1891 par le pape Léon XIII: il y affirme le droit du travailleur à faire garantir par l’Etat la liberté de pouvoir se réunir avec d’autres chrétiens pour célébrer le dimanche. Il appartient à la dignité de l’homme, dit-il, de pouvoir jouir d’un temps de repos, de liberté et de détente, en satisfaisant les exigences religieuses, familiales, sociales, culturelles et interpersonnelles.

C’est pourquoi le pape affirme le besoin d’une réglementation du travail et dénonce l’injustice et l’exploitation auxquels sont encore soumis de nombreux travailleurs. Il affirme le droit au repos, face à la servitude que représentent certaines conditions déplorables de travail et certains horaires, en particulier dans certains pays pauvres. Il faut à la fois alléger le poids du travail et pouvoir sanctifier le Jour du Seigneur : c’est, dit le pape, le sens de l’intervention de l’Eglise au cours des siècles, à propos du travail des serfs et des ouvriers.

Le dimanche, qui affirme le primat de Dieu, affirme en même temps le primat de la personne sur les exigences de la vie sociale et économique. Le devoir de solidarité attaché à la célébration du dimanche en découle. Ainsi, continue la Lettre, loin d’être une évasion, l’eucharistie dominicale et le dimanche peuvent devenir une grande école de charité, de justice et de paix : le croyant devient à son tour artisan de paix.

Le dimanche issu du sabbat biblique

Le document est fortement marqué par la volonté d’expliquer le rapport existant entre le Sabbat biblique et le dimanche chrétien, qui ne se substitue pas au premier. Le premier garde sa valeur et sa spécificité, affirme le document. La spécificité du dimanche vient de l’événement de la Résurrection du Christ, le premier jour de la semaine, du don de l’Esprit Saint à ses Apôtres et de la Pentecôte. Il manifeste la foi des chrétiens dans la présence du Christ dans la vie de l’Eglise et la célébration.

Au coeur de ce dimanche, la Lettre place la célébration eucharistique: L’objectif doit demeurer la célébration du sacrifice de la messe en se refusant à des propositions minimalistes médiocres. Le texte invite à préparer soigneusement la liturgie du dimanche, en particulier la lecture de la Parole. Pour ce qui est de la partie eucharistique de la messe, il s’agit d’une représentation vivante du sacrifice de la croix, et l’assemblée des fidèles manifeste son adhésion en proclamant Amen à la fin du canon. La lettre recommande aux fidèles de communier lorsqu’ils participent à l’Eucharistie, pourvu qu’ils soient dans les dispositions

Quant à la fraternité chrétienne, elle se marque tout d’abord par le fait de se réunir, en particulier en paroisse. L’assemblé dominicale est un lieu privilégié d’unité, affirme le texte qui rappelle que pour cette raison les messes pour des petits groupes ne sont pas à encourager. La célébration implique également un engagement à l’amour mutuel et cela suppose en particulier l’accueil des touristes ou des pèlerins. (apic/imed/mp)

20 April 2001 | 00:00
by webmaster@kath.ch
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