Trois morts au Vatican

Rome: Consternation après l’assassinat du Commandant de la Garde Suisse Pontificale

Rome, 5 mai 1998 (APIC) «Je suis effondré, pour le moment je ne peux pas trouver mes mots, c’est incroyable, inimaginable», a déclaré mardi matin à l’APIC Roland Buchs, ancien commandant de la Garde Suisse Pontificale, réagissant à chaud à l’assassinat de son successeur à la tête de la garde du pape, le colonel lucernois Alois Estermann, 43 ans, et de son épouse. Le jeune garde d’origine valaisane, trouvé mort sur les lieux, aurait eu un accès de folie. Bouleversé par cette brutale nouvelle, Mgr Amédée Grab, président de la Conférence des évêques suisses, s’est immédiatement rendu à Rome.

Avant son départ, il a confié à la Radio Suisse Romande sa profonde tristesse. «C’est pour nous un immense malheur, nous perdons un très grand chrétien, un homme d’une fidélité, d’une loyauté, d’une honnêteté admirables». Au Vatican même, où la figure sympathique du nouveau commandant était très connue et où sa personnalité était très appréciée, l’atmosphère est au deuil et aux interrogations sur les motifs de ce crime. La célébration de la prestation de serment de 40 nouvelles recrues de la Garde Suisse – programmée ce mercredi – a été annulée. C’est en effet, tous les 6 mai, le grand rendez-vous romain de la Garde Pontificale en commémoration de la mort héroïque de 147 gardes suisses lors du «Sac de Rome» en 1527. Les nouvelles recrues prêtent alors un serment de fidélité au pape devant une foule d’invités, d’amis, de membres des familles, du corps diplomatique et de personnalités ecclésiastiques.

Un acte de folie ?

Le corps sans vie du commandant du Corps de la Garde Suisse, nommé lundi matin par Jean Paul II, a été retrouvé lundi soir vers 21 h dans ses appartements du Vatican en compagnie de son épouse d’origine vénézuélienne Gladys Meza Romero, et d’un jeune vice-caporal d’origine valaisanne âgé de 23 ans, Cédric Tornay. Ce sont les autorités du Vatican qui se chargeront elles-mêmes de l’enquête. Le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro Valls, a avancé l’hypothèse d’un accès de folie du jeune homme.

Une autopsie a été effectuée sur les victimes dès qu’elles ont été découvertes. Toutes trois sont mortes par balles. L’arme d’ordonnance du caporal a été trouvée sous son corps. L’enquête sera dirigée par le juge unique de l’Etat de la Cité du Vatican, Gian Luigi Marrone, qui a ordonné l’autopsie immédiate des dépouilles mortelles, pratiquée par les professeurs Piero Fucci et Giovanni Arcudi, consultants médico-légaux de la direction des Services Sanitaires de l’Etat du Vatican.

Le pape secoué par la tragédie

Le pape Jean Paul II, secoué personnellement par la tragédie qui s’est passée quasiment sous ses fenêtres – Alois Estermann, alors capitaine, avait fait rempart de son corps lors de l’attentat du 13 mai 1981 visant à l’assassiner – s’est retiré dans sa chapelle privée pour prier dès qu’il a appris la nouvelle du bain de sang. Jean Paul II venait de le nommer le jour même 31ème commandant de la Garde Suisse Pontificale, «sa» garde, comme il se plaisait à l’appeler. Alois Estermann devait présider ce mercredi en tant que nouveau commandant la cérémonie de prestation de serment de 40 nouveaux gardes suisses dans la cour Saint-Damase du Vatican. Avant sa nomination, il était le numéro 2 de ce corps d’une centaine d’hommes qui protège le pape depuis 1506.

Le Fribourgeois Roland Buchs, commandant de la Garde Suisse jusqu’en novembre dernier, relève que le jeune Cédric Tornay n’avait pas spécialement attiré son attention. «Il avait du tempérament, comme l’ont tous les jeunes hommes», a-t-il déclaré à l’APIC.

Mgr Grab a souligné qu’Alois Estermann était l’homme de la fidélité au pape, comme il l’avait montré lors de l’attentat du 13 mai 1981. «Il l’a toujours montré, accompagnant le pape dans au moins une cinquantaine de voyages, toujours prêt à le protéger… J’ai été très heureux d’apprendre sa nomination tout récemment et je suis sûr qu’il aurait très bien fait ce travail».

Le Conseil fédéral a également exprimé mardi sa consternation à la nouvelle de la mort du commandant de la Garde Suisse. Un communiqué de la chancellerie fédérale relève que face à cette tragédie, le Conseil fédéral adresse ses condoléances les plus sincères aux familles des victimes ainsi qu’aux membres de la Garde Pontificale. Le président de la Confédération Flavio Cotti a envoyé une lettre personnelle au pape Jean Paul II pour exprimer les condoléances du gouvernement suisse après ce drame. (apic/job/be)

3 mai 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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