Une tête d’Ethiopien, un ours et une coquille Saint-Jacques
Rome: Benoît XVI a choisi ses armoiries
Rome, 26 avril 2005 (Apic) Le pape Benoît XVI a choisi ses armoiries: une tête d’éthiopien, un ours et une coquille Saint-Jacques.
Le pape a ainsi réutilisé les éléments et les symboles bavarois qui existaient déjà dans ses armoiries d’évêque et de cardinal. Pour la première fois, les armoiries d’un pape ne seront pas surmontées d’une tiare mais d’une mitre et porteront le pallium en sautoir, en plus des clefs de saint Pierre.
Les couleurs de ce «logo» n’ont pas encore été définitivement fixées. Cependant, il a d’ores et déjà été imprimé en noir et blanc sur les photos de Benoît XVI distribuées aux fidèles lors de la première visite du pape hors du Vatican, à Saint-Paul hors-les-murs, le 25 avril au soir.
Dans ce blason de trois compartiments se trouve, en haut à gauche, une tête d’éthiopien couronnée, représentée de profil. Il s’agit du «maure de Freising». Cette figure héraldique (caput aethiopum) rappelle que Benoît XVI a été archevêque de Munich et Freising (1977-1981). Les princes-évêques de Freising utilisent ce symbole dans leurs armoiries depuis 1316. L’actuel archevêque de Munich et Freising (archevêché érigé en 1817), Mgr Friedrich Wetter, porte aussi cette tête dans son blason.
A droite de cette tête se trouve l’élément le plus caractéristique de ce blason: «l’ours de Corbiniano». Cet ours se réfère à la légende de l’évêque de Corbiniano, évêque du VIIIe siècle, qui a évangélisé la Bavière. Il est aujourd’hui vénéré dans l’archidiocèse de Munich.
Au cours d’un voyage vers Rome, un ours dévora la monture de l’évêque. Corbiniano demanda alors à la bête de porter ses bagages jusqu’à Rome. Arrivé dans la Cité éternelle, l’évêque laissa l’ours libre et il retourna dans sa forêt. Au-delà de la légende, le symbole est clair. Le christianisme domestique et dompte le paganisme pour installer en Bavière les fondements de la religion chrétienne. L’ours symbolise aussi le poids du ministère ordonné.
Coquille Saint-Jacques
Au centre, le troisième élément de ces armoiries est la coquille Saint-Jacques. Elle a plusieurs sens symboliques. Elle se réfère à une légende qui concerne saint Augustin (354-430). Durant l’une de ses longues promenades le long du rivage pendant lesquelles il méditait sur la Trinité, le futur docteur de l’Eglise rencontra un enfant qui, à l’aide d’une coquille, versait de l’eau de mer dans un petit trou creusé dans le sable. Interrogé par le saint sur son activité, l’enfant lui répondit qu’il versait «la mer dans ce trou». Ainsi, la coquille est-elle devenue le symbole de l’immersion dans l’océan de la divinité. Il faut aussi rappeler qu’en 1953, le futur Benoît XVI a décroché son doctorat en théologie avec une thèse sur «le peuple et la maison de Dieu dans l’enseignement de saint Augustin sur l’Eglise», dirigée par le professeur Gottlieb Soehngen à l’Université de Munich.
Ce coquillage des pèlerins se réfère aussi symboliquement à l’un des concepts centraux du concile Vatican II: le «peuple de Dieu en marche». Le cardinal Ratzinger possédait déjà ce coquillage dans son blason. Il se réfère aussi aux armoiries du couvent des écossais à Ratisbonne, siège du séminaire diocésain, qui portent une coquille Saint-Jacques. Le pape y a été professeur de théologie, de dogmatique et d’histoire du dogme de 1969 à 1977. Le cardinal Ratzinger avait pour devise «Cooperatores veritatis», collaborateurs de la vérité. On ne sait pas encore si cette devise accompagnera son blason de pape. (apic/imedia/hy/pr)