Bilan de l’Année jubilaire du pape

Rome: 22ème anniversaire du pontificat de Jean Paul II.

Rome, 15 octobre 2000 Le pape Jean Paul II fêtera ses 22 ans de pontificat le 16 octobre 2000, alors que les trois quarts de l’année jubilaire sont désormais écoulés.

Pour le cardinal Paul Poupard, président du Conseil pontifical de la culture, l’événement essentiel de cette 22ème année du pontificat de Jean Paul II restera son pèlerinage en Terre Sainte, du 20 au 26 mars 2000. «Malheureusement, il a semblé que nous sommes trop impatients en ce qui concerne la paix en Terre Sainte, déplore-t-il. Au moment du voyage du pape pourtant, nous nous sommes émerveillés de voir qu’il a semblé toucher les coeurs tant d’Israël que d’Ismaël, et unir pendant quelques jours toute la postérité d’Abraham».

«Il faudra beaucoup de temps pour dissoudre cette incompréhension, cette haine au Moyen-Orient, continue le cardinal Poupard. Mais dans ce processus, la venue de Jean Paul II là-bas reste un moment de grâce et d’espérance auquel on peut se référer».

Avec ce pèlerinage en Terre Sainte – comprenant la Jordanie, Israël et les Territoires palestiniens -, Jean Paul II aura effectué en tout quatre voyages au cours de la 22ème année de son pontificat, si l’on considère celui qui l’a conduit en Inde et en Géorgie au mois de novembre 1999, son pèlerinage en Egypte à la fin du mois de février 2000, et son voyage au Portugal les 12 et 13 mai, lorsqu’il a fait annoncer la publication du troisième secret de Fatima.

Jean Paul II a donc effectué jusqu’à présent 92 voyages à l’étranger depuis son élection pontificale. Mais il n’aura pas pu accomplir un pèlerinage qui lui tenait pourtant à coeur: celui qui aurait dû le conduire en Irak sur les pas d’Abraham, à l’occasion de l’Année sainte. Le 10 décembre 1999 en effet, le projet était annulé à la demande des autorités irakiennes. Ce voyage reste cependant d’actualité.

Chiffres records

Le programme des cérémonies présidées par le pape à Rome a atteint des chiffres records au cours de cette année. Jean Paul II a en effet célébré une messe solennelle sur la Place Saint-Pierre presque tous les dimanches. Après l’ouverture de la porte sainte de la basilique Saint-Pierre le soir de Noël, puis celles de Sainte-Marie Majeure et de Saint-Jean de Latran, il a présidé la célébration du jubilé des enfants le 2 janvier, puis l’ouverture de la porte sainte de la basilique de Saint-Paul-hors-les-murs le 18 janvier lors d’une cérémonie oecuménique.

Le pape a ensuite reçu les participants des jubilés de la vie consacrée, puis les malades, les artistes, les diacres et les membres de la Curie, au cours des mois de février et mars. Le 12 mars, il a d’autre part célébré une solennelle «célébration du pardon», préparée par la publication, quelques jours auparavant, d’un document de la Commission théologique pontificale intitulé «Mémoire et réconciliation: l’Eglise et les fautes du passé».

Au mois d’avril, Jean Paul II a présidé lui-même toutes les cérémonies de la Semaine sainte. Il s’est ainsi rendu au Colisée le soir du Vendredi saint pour le traditionnel Chemin de croix, dont il avait lui-même rédigé les méditations. Deux jours plus tard, le 23 avril, il a célébré la fête de Pâques en présence d’une foule de plus de 100’000 personnes, qui s’étendait au-delà de la place Saint-Pierre jusqu’au Tibre.

Le 1er mai, le pape s’est rendu cette fois sur le site de Tor Vergata, dans la périphérie de Rome, pour accueillir les quelque 500’000 participants du jubilé des travailleurs. Quelques jours plus tard, le 18 mai, il a célébré une messe pour le jubilé des prêtres le jour de ses 80 ans, avant de recevoir les scientifiques, puis les migrants et les journalistes au début du mois de juin, tandis qu’il prenait un repas avec 200 pauvres le 15 juin au Vatican.

Trois jours plus tard, Jean-Paul II ouvrait cette fois les célébrations du Congrès eucharistique auquel 300’000 personnes ont participé du 18 au 25 juin, tandis que lui-même a pris part à la procession de la Fête-Dieu dans les rues de Rome le 22 juin avec près de 70’000 personnes. Au mois de juin, un premier bilan publié par le maire de Rome évaluait à plus de 10 millions le nombre de pèlerins venus dans la capitale depuis l’ouverture de l’Année sainte.

Le succès des JMJ

Le 9 juillet, Jean-Paul II s’est rendu cette fois dans la prison de «Regina Coeli» non loin du Vatican à l’occasion du «jubilé dans les prisons», avant de partir le lendemain pour une douzaine de jours de repos au nord de l’Italie dans le Val d’Aoste.

Basé à Castelgandolfo pendant le mois d’août, le pape est revenu à Rome pour accueillir les deux millions de jeunes venus participer aux Journées mondiales de la jeunesse du 15 au 20 août. Il a ensuite quitté Castelgandolfo plus tôt que les années précédentes, dès le 1er septembre, afin d’être de nouveau à Rome pour accueillir cette fois les participants des jubilés des universitaires, des nonces et des personnes âgées, puis au mois d’octobre celui des évêques et celui des familles les 14 et 15 octobre, l’un des plus spectaculaires de l’année en terme de nombre de participants, puisqu’il devait rassembler plus de 200’000 personnes.

Par ailleurs, à ces grands rendez-vous jubilaires, il faut ajouter les jubilés qui ont été célébrés par le pape pour des groupes plus restreints, comme celui des policiers italiens, ceux d’Eglises particulières: les Eglises chaldéennes et syro-alabares, les Arméniens, les pèlerins maronites du Liban, les Roumains gréco-catholiques…, ou encore ceux de pèlerinages nationaux: de Bosnie, de Hongrie, de Pologne…

Au cours de la 22ème année de son pontificat enfin, Jean Paul II a présidé quatre cérémonies de canonisation et quatre cérémonies de béatification, dont une au Portugal. Il a donc proclamé en tout, depuis son élection, 994 bienheureux, au cours de 123 cérémonies, et 447 saints, au cours de 41 cérémonies.

Il reste encore une dizaine de jubilés à célébrer, parmi lesquels ceux des missionnaires le 22 octobre, des sportifs le 29 octobre, des gouvernants et des parlementaires le 5 novembre, et du monde du spectacle le 17 décembre.

Le 8 décembre, une cérémonie propre aux Eglises byzantines rassemblera autour du pape de nombreux pèlerins des Eglises orientales dans la basilique de Sainte Marie Majeure, pour un «hymne acathiste» en l’honneur de la Vierge. Parmi eux seront présents notamment un grand nombre d’évêques ukrainiens, qui continuent à espérer que Jean Paul II se rendra en Ukraine au cours de l’année 2001.

Pour l’instant, aucun projet n’est toutefois précisément fixé, en ce qui concerne les prochains voyages du pape. Son projet de pèlerinage en Syrie reste toutefois envisagé pour le printemps prochain, tandis qu’il est sérieusement question également de son voyage en Arménie.

Deux documents et beaucoup d’encre

Jean Paul II devrait par ailleurs se rendre dans les îles du Pacifique pour y conclure le Synode de l’Océanie. Si Noumèa et l’île de Guam sont fréquemment citées pour ce projet, la fatigue de Jean Paul II après l’année jubilaire reste toutefois un élément déterminant pour l’organisation – ou pas – d’un tel déplacement. De la même façon, les évêques brésiliens ont invité le pape à participer à leur congrès eucharistique national qui aura lieu au mois de juillet prochain près de Campinas, au nord-ouest de Sao Paulo. Mais la distance là encore fait désormais hésiter Jean Paul II à entreprendre un tel voyage.

Pour l’année prochaine, donc, deux événements seulement semblent à peu près assurés: la convocation par le pape d’un consistoire pour la nomination de cardinaux, probablement au mois de février, et celle d’un synode sur le ministère de l’évêque au mois d’octobre 2001.

Cette 22e année de pontificat a été encore été marquée par la parution, notamment, de deux documents romains, l’un sur les divorcés-remariés, et l’autre, plus récent, «Dominus Iesus». Si le premier a fait couler beaucoup d’encre, le second continue d’en faire couler. Les réactions dans le monde pleuvent encore et toujours. (apic/imed/pr)

15 octobre 2000 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
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