Romainmôtier: un labyrinthe contesté
Un labyrinthe végétal aménagé par un couple de particuliers dans un jardin proche de l’abbaye de Romainmôtier (VD) est contesté par l’administration cantonale vaudoise. Raison: le terrain ne peut accueillir ce type d’aménagements.
C’est une curieuse histoire que rapporte le quotidien vaudois 24 Heures des 11-12 juin. Un couple étasunien a aménagé dans le jardin de sa propriété, entre Croy et Romainmôtier, un labyrinthe circulaire de 17 mètres de diamètre. «Ce labyrinthe est une endroit que j’utilise pour méditer, explique la maîtresse des lieux. Je parcours ces 250 mètres en 15 à 30 minutes. C’est un symbole de vie et de nature. Il y a plusieurs chakras et énergies qui s’y retrouvent».
Tonte particulière
Mais le Service du développement territorial du canton de Vaud ne voit pas d’un bon œil cet aménagement réalisé sur un terrain affecté en zone agricole. Fin 2015, il a donc demandé aux propriétaires de faire disparaître le labyrinthe. Refus du couple, des anciens de la compagnie Exxon. En effet, argumente-t-il, le centre du labyrinthe est situé sur un point tellurique important, dans l’axe du Nozon, le petit cours d’eau qui serpente dans la vallée, et de la célèbre abbaye de Romainmôtier. De plus leur création végétale a déjà été utilisée pour des rites saisonniers ou des mariages celtiques.
L’administration cantonale estime, pour sa part, que la tonte particulière de la prairie n’est pas conforme à l’affectation agricole de la parcelle. Et elle campe sur ses positions. Une procédure judiciaire est en cours: la Cour de droit administratif et public du Tribunal cantonal doit venir inspecter les lieux.
Le labyrinthe, du paganisme au christianisme
Depuis l’Antiquité, le cercle est le symbole de l’éternité, de l’infini. Venu des espaces sacrés païens, le labyrinthe a été intégré à nombre d’espaces chrétiens. Au 4e siècle, il fait son apparition à El Asnam (Algérie), dans la basilique San Reparatus. Au 6e siècle, les labyrinthes d’églises sont créés en Europe. Le plus ancien se trouve à la basilique San Vitale de Ravenne (Italie). De grandes cathédrales l’adoptent ensuite: Chartres, Amiens, Reims ou Toulouse.
La structure «officielle» du labyrinthe d’église est une forme circulaire à onze anneaux concentriques. En Suisse, ces labyrinthes existent également, par exemple à la Fille-Dieu à Romont, à Notre-Dame de la Route à Villars-sur-Glâne (FR) ou à la Chartreuse d’Ittingen (TG).