"BlessU-2" est un robot capable de bénir en cinq langues (capture d'écran Youtube)
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Un robot-prêtre: la solution au manque de vocations?

Bénir: une prérogative humaine? Un robot-prêtre présenté l’exposition universelle de la Réforme suscite le débat.

500 ans après Luther et l’essor de l’imprimerie, l’interaction de la technique et de la religion continue d’impacter la mission des Eglises chrétiennes. «BlessU-2», de son petit nom, est un robot capable de bénir en cinq langues. Il lève les bras, parle, ouvre ses mains, jette des rayons lumineux et prononce sa bénédiction sur celui ou celle qui souhaite la recevoir.

«Nous voulons que les gens réfléchissent au rôle de l’humain dans le fait de bénir», explique au quotidien britannique le Guardian Stephan Krebs, à l’initiative de ce projet présenté lors de l’exposition universelle de la Réforme de Wittemberg (DE). «L’idée provoque le débat. Les gens sont curieux, amusés, voire intéressés. Ils interagissent avec le robot de manière positive. Mais des voix s’élèvent, dans l’Eglise, pour affirmer que le rôle de l’humain est indispensable, reconnaît-il. Les conservateurs sont encore plus critiques».

L’indispensable médiation humaine

Parmi les sceptiques, le Père Alexander Lucie-Smith, docteur en théologie morale. Dans les colonnes du journal catholique anglais Catholic Herald, il reconnaît que le ministère sacerdotal peut parfois s’assimiler à une sorte de travail à la chaîne. «Dans certains pays du monde, notamment en Amérique latine, ce n’est pas rare qu’un prêtre célèbre sept messes dominicales durant le week-end, suivies parfois d’une cinquantaine de baptêmes. A la fin de ce genre de week-end, on peut se sentir comme une sorte de machine à sacrements».

«Mais nous ne sommes pas des machines, précise-t-il. Nous sommes des personnes. Or, dans l’Eglise catholique, les sacrements dépendent de médiations humaines. C’est la voie par laquelle la grâce de Dieu atteint les hommes. (…) Quant à celui qui va à la rencontre d’un prêtre, il va à la rencontre d’un humain. Certes, imparfait. Mais l’humanité faillible reste préférable à la froide et mécanique nature d’un robot».

Stephan Krebs et ses collègues souhaitent interpeller les Eglises quant à l’impact de l’intelligence artificielle sur leur mission respective. BlessU-2 leur en donne l’occasion, bien qu’il ne soit pas le premier robot à intégrer la sphère religieuse. L’an dernier, un temple bouddhiste de Pékin a développé un robot qui chante des mantras et transmets une série d’informations basiques sur la religion. (cath.ch/guardian/cc/pp)

«BlessU-2» est un robot capable de bénir en cinq langues (capture d'écran Youtube)
8 juin 2017 | 15:37
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture : env. 2  min.
Robot (7), sacerdoce (35)
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