La nuit, peinte ici Evelyn de Morgan (1878), est "promesse d'aube" (dr)
Suisse

Revue Choisir: les multiples visages de la nuit

Dans son premier numéro de l’année 2017, la revue culturelle jésuite Choisir décline la nuit sous différentes facettes, de la Bible à la poésie en passant par la science, le cinéma ou encore la psychanalyse. Aussi angoissante qu’elle puisse paraître à certains, «la nuit physique, symbolique et spirituelle» n’est pourtant qu’un «passage vers l’aube».

Dans le sillage du mystique espagnol saint Jean de la Croix, la nuit vient à l’homme pour le libérer de ses servitudes. Elle a «partie liée avec l’invisible», écrit le théologien et essayiste Yvan Mudry. «Aussi angoissante et paralysante soit-elle, l’obscurité ne met pas fin à l’aventure intérieure (…) puisqu’elle est promesse d’aube».

Mais la modernité veut s’y soustraire. «Avec ses luminaires, ses phares, ses vitrines illuminées, ses éclairages à laser, [elle] nous a délivrés de l’obscurité de ses tourments», selon Marie Romanens. Pour la psychanalyste, cependant, «le développement de l’âme passe par (…) un travail de transmutation qui s’effectue par la confrontation avec l’ombre et la dissolution de nos représentations». «La lumière est toujours née des ténèbres», écrivait Carl G. Jung.

Selfies mortels

C’est également l’hypertrophie du moi qu’aborde la revue trimestrielle. On y découvre ainsi l’histoire récente du selfie, «né en même temps que Facebook», ainsi que l’origine du mot. Il «est apparu en 2002 au détour d’un échange de mails entre deux Australiens, repris par le site de média ABC Online«.

Le selfie devient un phénomène inquiétant lorsqu’il s’exacerbe dans l’hypernarcissisme. Pour décrocher des millions de J’aime sur Facebook, des jeunes «se sont mis à se photographier dans des situations extrêmes et dangereuses, écrit la journaliste Annick Chevillot. De janvier à septembre 2015, douze personnes sont mortes alors qu’elles prenaient un selfie» – les selfies tueraient donc davantage que les requins.

Les réseaux sociaux n’ont pas le monopole de «l’hypertrophie de l’égoïsme» pour autant. Elle gagne aussi le monde des journalistes, selon Daniel Cornu, médiateur romand du groupe de presse Tamedia. «La présence physique et le discours personnel, avatars médiatiques des selfies si souvent, semblent désormais destinés à occuper le premier rang, même dans des situations où rien ne les justifie». (cath.ch/pp)


Revue Choisir N° 682, La traversée de nos nuits. Moi pour horizon, janvier-mars 2017

La nuit, peinte ici Evelyn de Morgan (1878), est «promesse d'aube» (dr)
29 décembre 2016 | 16:12
par Pierre Pistoletti
Temps de lecture : env. 2  min.
Choisir (41)
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