Retraite pour les membres du Synode
«Où ce synode conduira-t-il l’Église? Si nous le savions à l’avance, il ne servirait à rien de le tenir ! Laissons-nous surprendre !«, a lancé le dominicain britannique Timothy Radcliffe au deuxième jour d’une retraite qui réunit les participants à Sacrofano au nord de Rome.
Actuellement en retraite de trois jours à Sacrofano au nord de Rome, comme l’a voulu le pape avant d’entrer dans le vif des débats, les membres du Synode sur l’avenir de l’Église ont entendu le 2 octobre 2023 des appels à lier amitié entre eux. Les prédicateurs se sont fait les détracteurs de toute forme d’idéologie, alors que le même jour, ont été publiés des échanges entre des cardinaux conservateurs et le pape François sur les points brûlants de ce Synode.
Créer des amitiés
Comme une mise en garde, le prédicateur s’est référé à l’inquiétude d’un évêque allemand sur «le ton mordant» des discussions synodales qui ont agité l’Église de son pays ces dernières années. Le processus d’outre-Rhin, qui a abordé des thématiques délicates comme la gouvernance partagée entre laïcs et prêtres, l’accès des femmes au sacerdoce ou l’accueil des personnes homosexuelles, a été très médiatisé et scruté par nombre d’Églises du monde, certains le voyant comme un modèle pour l’Église universelle, d’autres alertant sur un possible schisme.
Invitant à «aller plus loin» que les «échanges rhétoriques de coups verbaux» afin de «dépasser nos différences», le Père Radcliffe a alors prêché pour «l’amitié» entre les participants – qui sont 464 du monde entier dont 365 membres avec droit de vote. «Le fondement de tout ce que nous ferons au cours de ce Synode devrait être les amitiés que nous créerons», a-t-il affirmé. Et de glisser : «Cela ne fera pas les gros titres des médias», voire sera considéré comme du «gâchis».
«Au sein du Synode, nous avons la tâche (…) de nouer des amitiés improbables, en particulier avec des personnes avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord», a poursuivi le dominicain. Une mission qui, selon lui, demande implication et créativité car «nous ›tombons’ amoureux mais nous nous ›faisons’ des amis».
Abandonner l’arrogance
Lors de la prière matinale avec les participants à la retraite, la religieuse bénédictine italienne Maria Ignazia Angelini s’est élevée sans mâcher ses mots contre «la raison calculatrice et instrumentalisante, qui poursuit son profit infâme», de celui qui «se targue de détenir la vérité avec arrogance», et qui «veut dominer à tout prix, y compris sous des prétextes sacrés».
Mgr Anthony Randazzo, évêque australien de Broken Bay, qui s’est vu confier l’homélie de la messe, a critiqué quant à lui le «croyant trop sûr de lui, administratif, super sophistiqué, qui n’est pas ouvert à une conversion continue au Christ». Et de fustiger «les idéologies, les philosophies (…qui) ne sont que des structures administratives et politiques dépourvues de l’Esprit de l’Évangile», ou encore les «stratégies utilisées pour contraindre l’ensemble du peuple de Dieu à se remodeler sous couvert de réforme». Le croyant, a-t-il insisté, doit pouvoir «se détacher de ses propres idées quand il voit qu’elles ne sont pas formées par la vérité de l’Évangile». (cath.ch/imedia/ak/mp)